Quand on voit nos journalistes, politologues et autres analystes de la scène politique martiniquaise déverser des tonnes de salive sur les plateaux-télés au soir du premier tour des élections législatives, on a de quoi rester rêveur.
En effet, la seule chose importante à dire c'est qu'au soir du deuxième tour, les 4 députés martiniquais seront les plus mal élus de France et de Navarre. Alors bien sûr, ils plastronneront comme à leur habitude, annonceront urbi et orbi une ère nouvelle pour la Martinique et blablabla, histoire de faire oublier qu'ils auront été élus par à peine 20% du corps électoral. Mais la réalité est là et bien là : 85% des Martiniquais en âge de voter se sont abstenus au premier tour et 80% s'abstiendront au second.
Mais faut-il blâmer la seule classe politique toutes tendances confondues ? Evidemment non ! Les trois-quarts de siècle d'assimilation (depuis 1946) ont eu pour résultat de détruire presque complètement les liens de solidarité traditionnelle au profit d'un compère-lapinisme exacerbé, tout cela sur un fond consumérisme tout aussi exacerbé. En fait, l'assimilation a décérébré notre population au point de lui faire adopter des comportements complètement erratiques tels que le refus de la vaccination contre le covid ou les 73.000 voix pour le parti xénophobe et négrophobe de Marine Le Pen. Ou encore, chez certains, un noirisme qui fait passer la revendication raciale et culturelle avant la revendication politique et donc de souveraineté politique.
La Martinique est devenue un pays déboussolé et tant que le statut imposé en 1946 ne sera pas complètement changé, la situation ne fera qu'empirer.
"National" au sens "national Mquais". Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant...
Lire la suite...mè "dannsòl".
Lire la suiteSi on vous comprend bien, MoiGhislaine, le charbon de Lorraine devrait, pour reprendre votre expr Lire la suite
Je crains que vous n'ayez mal compris cet article. A moins que ce ne soit moi qui me trompe. Lire la suite
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
Commentaires
DECERVELAGE ET DECONSTRUCTION DE L’ELECTEUR MARTINIQUAIS
MONTHIEUX Yves-Léopold
12/06/2022 - 09:22
Décervelage, oui. Mais pas seulement par le colonisateur. Je dis DECONSTRUCTION. Déconstruction du citoyen martiniquais formé une fois pour toutes par ses élus à voter UTILE, pour celui qui est susceptible d’assouvir son intérêt immédiat. Intérêt collectif, connais pas !
ABSTENTION BENIE POUR LES CANDIDATS ET PARTIS EN PLACE. Plus l’abstention progresse, plus l’électorat se réduit aux employés de la mairie, leurs collatéraux et ceux qui "grattent". Conséquence bizarre, il faut rechercher les bons citoyens parmi les abstentionnistes : ils refusent de manger de ce pain-là.
DECONSTRUCTION DE L’ELECTEUR PAR LE CLIENTELISME : il est difficile de contourner celui qui est en situation de donner. « Prends ce qu’il te donne et sans parler, dans l’isoloir, tu votes pour moi », est obligé parfois de confier le challenger, sauf que le votant a parfois peur que jusque dans l’isoloir un œil caché le surveille. Il fallait garantir son billet d’avion pour aller en France au baptême du petit-fils, compter sur une subvention pour ouvrir un restaurant dans une voiture aménagée au bord de la route, sans garantie de ce qui est vendu. (Ces jours-ci on parle de poulets destinés à l’enfouissement et détournés au profit de curieux professionnels).
CLIENTELISME AGGRAVE PAR LA DECENTRALISATION où c’est toujours l’Etat qui donne, mais par la main des élus, surtout à l’époque des 2 assemblées où il y avait forte concurrence dans la distribution. Aucun « An ba tol » ne songerait à ouvrir sans passer prendre l’argent du CG et du CR. La question majeure que se pose l’électeur sollicité pour se décider à voter : KI SA MISIé Pé Fè BA MWEN. Et comme en ce moment les caisses sont plutôt vides et qu’on peut difficilement embaucher les progénitures de Untel, UNTEL vous dit « voter ou non ne change rien à MA situation".
CONCLUSION PERTE DE SENS DE L’ACTION CIVIQUE DE VOTER. L’habitude a été prise, aidée par le clientélisme institutionnalisé, qu’on pouvait parfaitement voter contre l’assimilation sans perdre une miette de l’assimilation. Que l'assimilation est de droite, de gauche et d’extrême-gauche (ou d'extrême-droite). Pourquoi donc ne pas voter pour un autonomiste qui a une bonne bouille, un activiste sympathique ou un indépendantiste qui oublie son mot d’ordre aussitôt qu’il est élu ? De toute façon on n’aura rien de tout ça. Ainsi en même temps que disparaît la partition gauche / droite, voter pour eux n’a aucune signification politique. Pourquoi se faire du mauvais sang et des ennemis inutiles lorsqu’on sait parfaitement (démonstration faite) qu’aucun élu ne pense ou ne fait ce qu’il dit.
EN CONSEQUENCE, Pour l’électeur, il n’y a aucune raison de se priver de se faire plaisir. Aujourd'hui on vote Mélenchon parce qu’il parle bien, demain Marine Le Pen nous aide à manifester notre supériorité, et même notre racisme, vis-à-vis des autres Caribéens. Et , peu importe l'image, on marque notre sympathie à un vieillard cacochyme : ON EST DES SENTIMENTAUX. Concernant cette image, ça fait un bail qu'on s'est assis dessus, pourvu que le robinet de Bruno Lemaire coule.