L’artiste El Sexto en prison à Cuba pour une performance fantôme

Rubrique

Le graffeur, soutenu par Amnesty International en tant que prisonnier d’opinion, est en grève de la faim.

C’est un grand brun dégingandé, qui mesure 1,97 mètre, sans compter les cheveux hirsutes. « Le jour où j’ai pris un spray de peinture, j’ai décidé quoi faire avec ma vie », explique Danilo Maldonado, dit « El Sexto ». Ce graffeur de 32 ans est le détenu politique le plus emblématique de Cuba. Amnesty International l’a déclaré « prisonnier d’opinion » et a lancé une campagne appelant à sa libération. Il avait été arrêté en décembre 2014, pour avoir projeté une performance qu’il n’a pas eu l’occasion de mettre en œuvre. Inspiré par La Ferme des animaux, de George Orwell, il avait l’intention de lâcher, dans le parc central de La Havane, deux cochonnets peints en vert olive et portant les prénoms Fidel et Raul. Les passants qui auraient réussi à en attraper un seraient autorisés à le rôtir sur un barbecue.

Avant d’arriver au centre-ville, avec les deux animaux dans le coffre de sa voiture, El Sexto a été interpellé par la Sécurité de l’Etat (la police politique), qui l’a accusé de « desacato » (outrage) à l’encontre de Fidel Castro et de son frère Raul qui lui a succédé au pouvoir. Depuis, l’artiste est enfermé dans la prison de Valle Grande, en caleçon, car il refuse de porter l’uniforme des prisonniers. En dépit de l’absence de délit commis, la justice a refusé de le libérer. Il est vrai que le code pénal cubain punit la « dangerosité prédélictuelle », une figure qui évoque le « péché d’intention » de l’Inquisition.

Grève de la faim

Le 8 septembre, El Sexto a commencé une grève de la faim, ce qui lui a valu d’être isolé dans un cachot, sans lumière, avec un matelas pendant six heures la nuit. Le 16 septembre, il a écrit une « lettre d’adieux », où il déclare ne rien regretter de sa vie d’irrévérence et de contestation. « Je suis fier d’être l’artiste que je suis et de faire l’art que je fais avec la Cuba que je représente, écrit-il. J’ai trop attendu pour cette grève. Nous, les Cubains, nous avons trop attendu pour expulser ces canailles. » Et d’ajouter : « L’homme avec des idées de paix et d’amour, qui ne brandit pas une arme pour faire prévaloir son opinion, est l’homme de l’avenir. »

Connexion utilisateur

Dans la même rubrique

Commentaires récents

  • 59 députés français (sur les... 577) votent une résolution sur la dette imposée à Haïti

    VOTRE COMMENTAIRE...

    Albè

    14/06/2025 - 07:14

    ...en détournant le sens de cet article est d'une indécence rare. Lire la suite

  • 59 députés français (sur les... 577) votent une résolution sur la dette imposée à Haïti

    Parfaitement exact

    MARTIN T@M@R

    13/06/2025 - 16:03

    Et en plus, les mêmes qui sont censés savoir qu'il faut actuellement se débattre dans un gouffre Lire la suite

  • Dépité lapo-lonyon !

    Sandec

    MARTIN T@M@R

    13/06/2025 - 15:38

    C'est vrai que ça contraste avec certaines situations rencontrées par ailleurs.

    Lire la suite
  • Ces barbares n'ont pas honte d'arrêter des enfants !

    POURQUOI "BARBARES" ?

    Albè

    13/06/2025 - 09:05

    Les Occidentaux (Européens + Etasuniens) ont TOUJOURS agi de la sorte avec les Amérindiens, les N Lire la suite

  • Elle est simplement revenue dans le pays où elle est née et dont ses parents furent expulsés en 1948 !

    Rima Hassan et les autres personnes qui étaient....

    Frédéric C.

    12/06/2025 - 11:49

    ...à bord de la "Flottille de la Liberté", doit-on les qualifier d’"ACTIVISTES" ou de "MILITANTS" Lire la suite