Lettre ouverte à l’attention de Victor Lazlo organisatrice du « Festival en pays rêvé » 11 / 2024

Daniel Boukman

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Présidente du « Festival en pays rêvé », la chanteuse Victor Lazlo invite le public martiniquais à venir, du 18 au 24 novembre 2024, découvrir des nouveautés littéraires et des auteur-e-s (16) originaires d’Afrique, des Amériques nord et sud, d’Europe, de la Caraïbe.

Festival en pays rêvé, un festival de plus implanté en Martinique !! L’appellation « pays rêvé » dont la Présidente, ses co-organisatrices (autochtones) l’affublent, participe à la carte-postalisation d’un pays, le nôtre, dont les paysages devenant paravents aux enluminures exotiques servent de cache misères post-coloniales.

« Le pouvoir du livre » tel est le thème de la troisième édition de ce Festival. Fort de son succès (est-il précisé) auprès de partenaires nationaux (on aimerait savoir lesquels), l’évènement qui se veut (est-il déclaré) caisse de résonnance, met également en exergue « ce pays Martinique où chacun sait que la destruction de l‘écriture, du langage et des mots signerait l’abolition d’une possibilité de liberté. »

Que des auteur-e-s du Pérou, du Québec, du Cameroun, des Etats-Unis, d’Europe séjournant une semaine en Martinique aient participé à des rendez-vous littéraires, qu’invité d’honneur Dany Laferrière, écrivain francographe haïtien, membre de l’Académie française, ait dialogué avec des lycéens, qu’ait été réalisée en Martinique l’esquisse d’un Grand Village mondialisé, on applaudit mais quand on constate l‘impasse faite quant au traitement de thématiques telle la coexistence linguistique créole / français en Martinique, l’absence parmi les invité-e-s d’auteur-e-s martiniquais créolographes, l’inexistence au présentoir d’ouvrages de littérature en langue créole martiniquaise, édités, rien ne va plus ! Et surtout que l’on ne m’objecte pas que les « mises en musique » ponctuant les rendez-vous littéraires sont hommage rendu à la langue créole martiniquaise. 

Admettons que la Présidente dudit festival mal informée ait commis l’erreur de croire que la production littéraire martiniquaise n’existe qu’en langue française, il n’en demeure pas moins vrai que ces colistières (autochtones) auraient dû l’en informer du contraire.

A l’attention de ceux / celles qui ne savent pas, font semblant de ne pas savoir, ne cherchent pas à savoir, à faire savoir, la liste (non exhaustive) d’auteur-e-s créolographes de Martinique, édité-e-s : Arsaye Jean-Pierre Barthéléry Hugues Bellay Romain Bernabé Joby Boukman Daniel Cage Nicole Confiant Raphaël Duranty Judes Etienne Rodolf Jala Léotin Georges-Henri Léotin Térez Liénafa Jean-François Lowenski Jean-Louis Monchoachi Pezo Eric Restog Serge Saint-Louis Marie-José Vilarson, sans oublier d’évoquer l’apport de ceux / celles qui nous ont quittés : Gilbert Gratiant Marie-Thérèse Julien Lung Fou Georges Eleuthère Mauvois Vincent Placoly François Kichenassamy Georges de Vassoigne Jean Bernabé Marius Gottin Roger Ebion... autant de producteurs de poèmes, nouvelles, romans, chroniques, pièces de théâtre composés en créole martiniquais.

Pawol an bouch pa chaj / les promesses n’engagent que ceux - celles qui les prononcent. Ce proverbe révèle à l’occasion de ce Festival la contradiction qu’il y a entre le dire (le pouvoir du livre , sa thématique, en exergue, la destruction de l’écriture, du langage et des mots abolition d’une possible liberté) et les faits : exclusion des auteurs-e-s créolographes martiniquais de cette rencontre, non exposition de leurs ouvrages, absence de débats autour, entre autres, du statut de la langue créole en Martinique... Ce sont là suffisamment d’éléments qui autorisent de dire qu’en fin de compte, ce « Festival en pays rêvé » s’avère n’être qu’un flagrant délit de discrimination culturelle.

Daniel Boukman écrivain militant culturel martiniquais

 

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