Dans l'histoire récente de la Martinique, de la fin du 19è siècle à ce début du 21è siècle, on assiste, s'agissant des partis politiques, à un étrange mouvement de balancier qui n'est pas sans être révélateur des mouvements de fond qui agitent cette île.
En fait, on peut distinguer trois périodes :
__celle qui va du 19è siècle à 1946 (date de la loi transformant les "vieilles colonies" en "départements d'Outre-mer") : les partis en Martinique sont des branches ou des fédérations de partis de l'Hexagone. Par exemple, Marius Hurard, député et président du Conseil général en 1880, préside la fédération locale du Parti Républicain. Plus tard, en 1901, le député Joseph Lagrosillière, présidera la Fédération Socialiste de la Martinique. Les communistes martiniquais, quant à eux, sont une branche locale du Parti Communiste français.
__celle qui va de 1957 à 2020 : paradoxalement, alors même que la Martinique n'est plus une colonie mais un département français à part entière (en tout cas nominalement), on verra surgir, d'abord à gauche, des partis locaux, martinico-martiniquais c'est-à-dire qui ne sont plus de simples branches des partis de l'Hexagone. En 1957 est ainsi créé le Parti Communiste Martiniquais, en 1958, le Parti Progressiste Martiniquais et, plus tard, en 1978, le MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais). A l'extrême-gauche, on aura le Groupe Révolution Socialiste, le CNCP, le PALIMA, Combat Ouvrier et le MODEMAS. A une époque plus récente, Martinique-Ecologie et Péyi-a verront le jour. Mais le plus remarquable et que la droite aussi, même si elle demeure liée à son homologue hexagonale (RPR, UDF etc...) s'efforcera de martinicaniser ses dénominations : FMP (Forces Martiniquaises de Progrès), Osons Oser, Parti Régionaliste Martiniquais etc... Pendant toute cette période d'un peu plus d'un demi-siècle, seuls les Socialistes martiniquais demeureront liés à leur maison-mère hexagonale. Cette période correspond en tout cas à celle de l'éveil du nationalisme martiniquais et de son développement sous la forme soit de l'autonomisme soit de l'indépendantisme.
__celle d'aujourd'hui (à compter de 2020) : comme autrefois, à l'époque de la colonie, on voit réapparaître des branches ou des succursales des partis hexagonaux qui semblent pouvoir rivaliser avec les partis "nationalistes" (de gauche ou de droite), voire même les ringardiser. En particulier les deux plus importants à savoir le PPM (Parti Progressiste Martiniquais), fondé en 1958 par Aimé Césaire, parti qui vient de prendre une raclée à ces élections législatives de 2022 puisqu'il a perdu 2 députés, et le MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais) dont le leader charismatique a recueilli presque deux fois moins de suffrages qu'un dissident de ce parti. Retour en force donc des partis hexagonaux avec notamment, la France Insoumise et Europe-Ecologie-les-Verts (rien à voir avec Martinique-Ecologie, présidé par Louis Boutrin), mais aussi et surtout le Rassemblement National de Marine Le Pen et Reconquête d'Éric Zemmour. Assimilationnisme d'extrême-gauche, assimilationnisme écologiste et assimilationnisme d'extrême-droite par conséquent sont venus s'ajouter à l'assimilationnisme traditionnel de droite.
Assiste-on à la fin d'un cycle ? La boucle est-elle bouclée ? La période intermédiaire des partis martinico-martiniquais est-elle révolue ? L'assimilationnisme s'étend-t-il désormais de l'extrême-droite (Le Pen, Zemmour) à l'extrême-gauche (Mélenchon) ? Est-ce la fin des revendications autonomistes et surtout indépendantistes ? Car si jamais cela s'avérait vrai, ce serait le début du processus d'"hawaïsation" pointé du doigt par Edouard Glissant dès 1981 dans son ouvrage Le Discours antillais. En termes plus prosaïques, ce serait la dilution inexorable de la goutte de café martiniquaise dans les mille hectolitres de lait français et dans les dix-mille hectolitres de lait européen.
Car à quoi bon avoir le SMIC à 1.500 euros et la retraite à 60 ans si le peuple martiniquais n'existe plus ? Répondè réponn !...
"National" au sens "national Mquais". Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant...
Lire la suite...mè "dannsòl".
Lire la suiteSi on vous comprend bien, MoiGhislaine, le charbon de Lorraine devrait, pour reprendre votre expr Lire la suite
Je crains que vous n'ayez mal compris cet article. A moins que ce ne soit moi qui me trompe. Lire la suite
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite