Selon un rapport publié le 16 septembre, la pêche illégale en Guyane aurait doublé en 10 ans et menacerait gravement plusieurs espèces aquatiques. Les alertes des pêcheurs légaux n’ont pas été écoutées.
Tous les pêcheurs locaux le constataient depuis des années mais c’est désormais un rapport officiel qui le confirme : la pêche INN, pour « illicite, non déclarée et non réglementée », connaît un développement croissant en Guyane. Et la stratégie de lutte de l’État français ne parvient pas à l’endiguer.
Selon cette étude réalisée par le WWF, le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) de Guyane et l’Ifremer, publiée ce lundi 16 septembre, la prédation liée à la pêche illégale côtière aurait doublé depuis les années 2009-2011. Elle est principalement le fait de pêcheurs artisanaux brésiliens, guyaniens et surinamais qui fuient leurs eaux déjà largement surexploitées.
Les auteurs du rapport estiment que sur la période 2019-2023, la présence des navires clandestins était en moyenne de 10 914 jours de mer par an, ce qui représente entre 0,7 et 3 fois celle de la filière légale [1] sur la même période. Surtout, cet « effort de pêche illégale » apparaît deux fois plus important que dans les années 2009-2011, date de la dernière étude sur le sujet.
La production illégale annuelle qui en découle est estimée à 3 608 tonnes en moyenne sur la période. Une donnée à comparer aux 1 958 tonnes pêchées par la flotte côtière légale, en 2023. L’étude pourrait même sous-estimer l’intensité du pillage, notamment parce que les données collectées de jour invisibiliseraient la pêche INN nocturne que les pêcheurs locaux affirment plus importante.
Derrière ces chiffres se cachent l’effondrement d’une espèce : l’acoupa rouge, principal poisson consommé dans la région, dont l’UICN a enregistré en 2021 un déclin des populations de 30 % sur les vingt dernières années. De nombreuses espèces marines meurent aussi, prises par les filets dérivants des pêcheurs, dont le sotalie (dauphin de Guyane) et les tortues marines.
Parmi elles, l’emblématique tortue luth qui a connu un effondrement de 95 % de sa population en 20 ans sur son site de ponte historique dans l’ouest de la Guyane. « Malgré des alertes répétées depuis vingt ans, des espèces protégées au niveau mondial sont en voie de disparition et des ressources qui devaient nourrir la région ne sont plus présentes. La question de l’écocide se pose inévitablement puisque les autorités avaient le temps d’agir », résume Tony Nalovic, ingénieur halieutique ayant notamment travaillé pour le CRPMEM.
Depuis 2022, seules 28 embarcations ont été démantelées. © Clément Villien / WWF France
Bien que « priorité » de l’État, la stratégie de lutte contre la pêche illégale (LCPI), fondée comme pour l’orpaillage illégal sur la dissuasion (patrouilles des forces de l’État, contrôles), a échoué. Malgré des moyens en hausse, à l’image d’un navire « remonte-filets » opérationnel depuis 2015 ou la création d’une Unité locale des affaires maritimes (Ulam) à la suite des Accords de Guyane de 2017, le nombre de bateaux détruits — élément dissuasif par excellence — reste dérisoire. Depuis 2022, 28 embarcations ont été démantelées alors que les survols aériens en recensent des dizaines, voire parfois plus d’une centaine en une seule journée. En 2022, 323 infractions de pêche INN ont été constatées mais seuls onze déroutements ont eu lieu, observe l’étude.
Si des avancées sont notables dans l’est du territoire, liée notamment à l’intervention depuis 2021 de militaires venus de l’Hexagone, l’ouest fait office d’eldorado pour les pêcheurs illégaux. Bien qu’un navire y ait été saisi en mai, le premier depuis « de nombreuses années », selon la préfecture, le rapport fait état d’embarcations pêchant « probablement jusqu’à ce que leurs cales soient pleines », en toute impunité.
Le constat alarmant dressé par cette étude est « partagé » par les services de l’État chargés de la LCPI qui annoncent une intensification de la lutte dans les prochains mois avec un navire supplémentaire dans l’ouest de la Guyane en début d’année prochaine. Un appel d’offre a aussi été lancé fin août pour construire un site de démantèlement des navires saisis dans la région, afin de gagner en efficacité [2].
Enfin, de prochaines avancées sont attendues en matière de coopération régionale avec le Suriname et le Guyana, jusque-là angle mort de la lutte contre la pêche illégale. Notamment grâce à la Commission européenne, compétente sur la gestion des stocks de pêche et disposant d’un pouvoir de sanctions commerciales.
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