Pour un statut octroyé par papa blanc, non par le peuple

Yves-Léopold Monthieux

« Destruction du peuple martiniquais » : les mots sont choisis. A la lecture de Justice du 22 juin 2023, on comprend bien qu’aux yeux du parti communiste martiniquais, qui vient de tenir son congrès, la diminution de la population ne relève pas du mouvement de migration des populations, généralement du Sud vers le Nord, ni de choix individuels au sein d’une population mature, à l’exemple de militants politiques qui désertent leur parti, mais d’une volonté politique de destruction du peuple martiniquais. On est donc toujours dans la ligne du génocide et de l’éradication de la race des Martiniquais, même si, les partants n’étant pas remplacés en nombre, on ne parle plus vraiment de substitution ou de grand remplacement. Il s’agit de pertes sèches. En effet, il y a un déficit de 50 000 habitants de toutes origines en 2023 par rapport à 2000 (398 000 contre 355 000). Soit une perte de 50 000 habitants en 20 ans, malgré les apports étrangers, ce qui augmente d’autant le nombre des départs de Martiniquais de souche.

On est loin de l’accroissement spectaculaire, que ce parti ne voulait pas voir, de 1962 (270 000 habitants) à 2000 (398 000 habitants), soit une augmentation de 128 000 habitants en 40 ans, y compris avec les départs au BUMIDOM (15 000 officiels sans cesse réévalués par les romanciers de la démographie à 30 000, 50 000 unités, voire davantage). Mais pendant tout ce temps, à l’ombre de ces romans, les intelligences martiniquaises au pouvoir et leurs alliés statisticiens ont couvert ce dynamisme démographique d’un voile quasi impénétrable, souvent bardé de chiffres fantaisistes, pour convaincre que les forces vives partis en France étaient les seules qui leur manquaient pour développer l’économie du pays. Les bras vaillants se sont vite ramollis, de ceux qui sont restés sur les berges de Fort-de-France au lieu de continuer leur route vers la France. Ils n’ont pas davantage servi à développer la ville capitale.

S’agissant du BUMIDOM, les trompettes de la (mauvaise) renommée ont perdu leur souffle depuis que les Martiniquais ont compris qu’au lieu d’un déficit démographique c’est la force d’un accroissement d’au moins 130 000 habitants que les élus n’ont pas su utiliser pour développer la Martinique et contenir la délinquance.

Le remède miracle proposé par le parti communiste martiniquais n’est pas nouveau. Il est inchangé depuis 60 ans, à l’époque où il affirmait mwen pa ni papa blan (il est revenu de cette affirmation par on ne sait quelle action de recherche en paternité). Le remède résulterait donc de la « conquête de nouveaux leviers de décisions et d’espaces de responsabilité », plus prosaïquement de nouveaux pouvoirs, l’objectif restant le même : « la question institutionnelle et statutaire ».

Revient donc la rengaine statutaire et génocidaire : en ne lui donnant pas un nouveau statut, la France veut tuer la Martinique. Mais le statut souhaité d’urgence, le parti communiste martiniquais ne le demande pas à son peuple mais à Emmanuel Macron. Au papa blanc.

Fort-de-France, le 23 juin 2023

Yves-Léopold Monthieux

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