Notre site était donc devant les tribunaux ce 22 mars suite à une plainte déposée par l'association RESPECT-DOM, basée à Paris, et son président Jean-François HAYOT. Motif : "injures à caractère raciste contre la communauté békée".
Nous n'étions pas les seuls à être poursuivis. Ce fut également le cas du site BONDAMANJAK dont le directeur de publication est Gilles DEGRAS, de l'universitaire Steve GADET, du chanteur NEG LYRICAL et deux autres personnes ayant posté des messages sur Facebook. L'objet du délit : la publication sur nos sites ou sur Facebook d'une photo qui avait largement circulé en 2019 lors du blocage du supermarché Carrefour-Dillon (propriété du Groupe Bernard HAYOT) par des activistes "rouge-vert-noir". Sur cette photo, on voit, parmi les manifestants, une jeune femme blanche brandissant un drapeau rouge-vert-noir et arborant un tee-shirt sur lequel on pouvait lire "J'encule les Békés".
Cette photo n'avait été prise par aucun des prévenus et figure d'ailleurs jusqu'à la date d'aujourd'hui sur le site de l'association "Tous Créoles" ! Le directeur de publication de MONTRAY KREYOL, Raphaël CONFIANT, dénonça une violation de la liberté d'informer car lorsque sur les sites de journaux hexagonaux tels que LE NOUVEL OB'S, LIBERATION ou le FIGARO, on voit des photos de manifestants d'extrême-droite brandissant des pancartes "LES NEGRES EN AFRIQUE !" ou "LES ARABES DEHORS !", personne ne les traduit en justice. Ce qui est parfaitement normal car personne, dans l'Hexagone, contrairement à la Martinique, ne confond un journaliste ou un blogueur avec un manifestant. Le directeur de publication de MONTRAY KREYOL a aussi souligné le fait que lorsqu'on examine les statuts de l'association RESPECT-DOM, on s'aperçoit que "la défense des intérêts des Antillais" qu'ils proclament est une pure plaisanterie. En effet, jamais cette association, pourtant basée à Paris, ne s'est portée partie civile dans aucune affaire de discrimination, de délit de faciès ou de racisme à l'encontre des Antillais vivant dans l'Hexagone. R. CONFIANT a conclu en disant que RESPECT-DOM devrait plutôt s'appeler RESPECT-BEKE.
Puis, l'universitaire Steeve GADET vint à la barre pour expliquer que son engagement aux côtés de certains militants "rouge-vert-noir" en 2019 ne relevait aucunement d'un quelconque racisme de sa part mais d'un refus du système de domination tri-séculaire qui sévit en Martinique et en Guadeloupe. Il se démarqua du fameux "Vivre ensemble" promu par la communauté békée lui préférant le "Vivre mieux pour chacun", chose qui est très loin d'être le cas dans nos pays où sévit l'exclusion, le chômage et l'exil forcé pour un nombre conséquent d'Antillais, notamment les jeunes. Pour preuve de son ouverture d'esprit et de son désir de dialogue, il rappela le livre qu'il a co-écrit avec Emmanuel DE REYNAL, "Dialoque improbable entre un Afro-descendant et un Béké" publié chez Caraibéditions.
Vinrent ensuite les plaidoiries de Me Raphaël CONSTANT et Me Louis BOUTRIN. Le premier, avec tout le talent et la minutie que l'on connaît, a démontré que l'accusation de racisme anti-béké était complètement fallacieuse et cela pour deux raisons principales :
. ladite "communauté békée" n'est ni une ethnie ni une race ni un groupe religieux mais une caste c'est-à-dire un ensemble de gens qui détient depuis des siècles la quasi-totalité du pouvoir économique à la Martinique et de ce fait, aux termes de la loi, l'accusation de racisme est absolument dénuée de sens ;
. la photo incriminée n'avait pas été prise par un membre de MONTRAY KREYOL mais avait circulé sur le Net et ce dernier n'avait fait que la reprendre comme la loi sur la liberté de la presse le permet.
Le second, Me Louis BOUTRIN, démonta à son tour les termes de la plainte, la qualifiant de nulle et non avenue car outre le fait qu'elle contrevient à la liberté d'informer, elle s'inscrit dans un contexte au sein duquel toute parole libre, de quelque nature qu'elle soit, est systématiquement réprimée à la Martinique. Me BOUTRIN rappela à cet égard la condamnation à 33.000 euros de dommages et intérêts infligée au site MONTRAY KREYOL à cause d'une plainte d'un des trois membres de l'ex-CEREGMIA après la volatilisation de 12 millions d'euros de fonds européens dans la comptabilité de l'Université des Antilles et de la Guyane. Suite à deux rapports accablants de la Cour des comptes et un rapport du Sénat, ces trois personnes furent tout simplement révoquées de l'université et radiées à vie de la fonction publique. Or, 7 ans après, elles n'ont toujours pas été jugées au pénal malgré six mises en examen parmi lesquelles le "détournement de fonds publics en bande organisée au détriment de l'Union européenne". N'ayant toujours pas été jugées à ce jour, ces trois personnes sont "présumées innocentes" et le site MONTRAY KREYOL ainsi que son directeur de publication ont été donc condamnés (à 33.000 euros de dommages et intérêts) pour..."violation de la présomption d'innocence" !!! Pour Me L. BOUTRIN, cet acharnement et cette condamnation disproportionnée, qui a entrainé la liquidation du site MONTRAY KREYOL, sont le signe que certains s'emploient activement à empêcher l'expression de toute parole libre à la Martinique et il demanda la relaxe des prévenus.
Puis, les avocats des autres prévenus sont intervenus à leur tour, dénonçant cette plainte abusive dans les mêmes termes que leurs prédécesseurs, demandant que l'émission de CANAL-PLUS intitulée "Les derniers maîtres de la Martinique" dans laquelle des Békés tiennent des propos ouvertement racistes soient visionnée. Les juges ont refusé au motif que le tribunal ne disposait pas des moyens techniques permettant de la faire, la clé-USB des avocats de BONDAMANJAK contenant cette émission pouvant de plus contenir des virus susceptibles d'endommager le système informatique du tribunal. La présidente du tribunal a toutefois accepté que le visionnage d'extraits de l'émission se fasse à l'aide d'un ordinateur appartenant aux prévenus. Mais il n'y en avait pas de disponible.
Les avocats de la partie civile (RESPECT-DOM) qui étaient deux (un Martiniquais et un ténor du barreau parisien) firent, quant à eux, preuve d'un embarras, voire d'une gêne presque comique. Le premier disant qu'il s'était reconnu dans certaines déclarations des prévenus mais que le fait qu'ils aient publiée la fameuse photo était hautement condamnable, le second déclarant qu'il connaissait assez peu le contexte martiniquais. Mais tous deux s'employèrent tout de même à démontrer que la plainte de RESPECT-DOM était justifiée et demandèrent la condamnation des prévenus à une amende d'1 euro symbolique.
L'un des moments forts de ce procès fut l'intervention de l'avocate générale (le Ministère public donc) qui, à la stupéfaction de tous, réduisit en pièces la plainte de RESPECT-DOM. A l'aide d'arguments juridiques implacables, elle démontra que ladite plainte ne tenait pas debout et demanda la relaxe pure et simple des accusés. C'était la première fois, la toute première fois, dans l'histoire judiciaire de la Martinique que le Ministère public ne prenait pas fait et cause pour la communauté békée. Me Raphaël CONSTANT rappela à ce propos que RESPECT-DOM est un récidiviste car cette association avait déjà porté plainte par deux fois pour "racisme anti-béké", notamment, en 2019, contre la secrétaire générale de la CDMT, Ghislaine JOACHIM-ARNAUD, "coupable" lors d'une émission de MARTINIQUE la 1è, d'avoir inscrit sur le livre d'or de l'émission, le principal slogan des manifestants de la grève générale qui dura un mois entier : "Péyi-a sé ta nou, sé pa ta zot !" (Le pays nous appartient, pas à vous !).
Le tribunal clôtura alors les 5h d'audience, audience ponctuée par les mégaphones d'un petit groupe de manifestants rouge-vert-noir, postés devant le tribunal, qui clamaient "Libérez Gilles DEGRAS !". Au final, la présidente du tribunal annonça que le délibéré (verdict) serait rendu le 21 avril prochain.
Nou ké wè...
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Les propos de Crusol sont gravissimes .C'est néanmoins une analyse originale qui mérite qu'on s'y Lire la suite
Rien de plus facile que de modifier la constitution. Lire la suite