Nous avions la faiblesse de penser que la campagne électorale terminée, le verdict des urnes proclamé, l’équipe gagnante installée à la CTM allait mettre un terme à sa surenchère médiatique et surtout qu’elle se mettrait, enfin, au travail au service des martiniquais et du pays. Que nenni !
La « Lettre ouverte de Serge LETCHIMY à la population Martiniquaise » pour annoncer urbi et orbi que « Le chantier de Séguineau est lancé ! » et l’abondante communication subliminale nous obligent aujourd’hui à mettre quelques points sur les « i » pour arrêter cette instrumentalisation des consciences. Car, au-delà des sempiternels effets d’annonce, Séguineau ne doit pas être l’occasion d’occulter les erreurs du passé au risque de les reproduire inévitablement.
La délibération n° 20-121-1 du 11 juin 2020 citée par Serge Letchimy dans sa lettre ouverte prévoit une indemnisation à hauteur de 225.000 € qui viendra s’ajouter aux sommes précédemment versées par l’ex-Conseil Général au sieur Bally.
Sauf à instaurer une inégalité de traitement entre propriétaires, on ne voit pas comment le Président de l’Exécutif de la CTM pourrait refuser une indemnisation aux 221 autres Martiniquais dont les propriétés sont également traversées par cette canalisation d’eau DN 800 sur un linéaire de 25 km de réseaux. Et sur quel fondement Letchimy va-t-il justifier une telle discrimination ? Répondè Réponn !
Pour mémoire, à la lecture du rapport d’expertise judiciaire, ce litige est consécutif à un glissement de terrain ayant entrainé une rupture d’une canalisation d’eau potable survenue en mai 2009. L’échec de Séguineau est un échec collectif de tous ceux, Préfets en tête, élus successifs qui, des années durant, n’ont pas su faire triompher l’intérêt général devant les exigences et les intérêts d’un propriétaire foncier.
Cependant, la situation calamiteuse de la gestion de l’eau potable ne se résume pas à la seule rupture d’une canalisation de 800 mm à Séguineau. Nous devons avoir cette exigence de clarté pour expliquer aux Martiniquais, les causes réelles d’un tel chaos et pointer du doigt l’incurie des maires puis de certains élus des EPCI qui ont le pouvoir décisionnel en matière d’eau et d’assainissement.
En confiant la gestion de l’eau aux représentants de multinationales de l’eau dans 30 communes sur 34, puis en optant pour le Principe de Ponce Pilate au lieu de contrôler ces délégataires, ils ont laissé se dégrader le service public de l’eau. Ainsi, sur le fondement du Rapport de la Chambre Régionale de Comptes (CRC – 20 octobre 2016), le Front Républicain d’Intervention contre la Corruption (FRICC) et l’Association Française contre le Contrat Mondial de l’Eau (ACME) ont porté plainte contre la Société Martiniquaise des Eaux (SME). Ces plaignants affirment que les faits relevés par la CRC sont constitutifs d’un détournement de fonds publics, délit réprimé par l’article 432-15 du Code pénal. Corruption de certains élus, absence d’investissements nécessaires à la production, au stockage, à la distribution de l’eau potable, énormes pertes sur le réseau (+ de 50 %). Quant aux eaux souterraines pouvant palier les déficits hydriques lors des carêmes elles sont insuffisamment exploitées voire non explorées pour certaines. Où en sommes-nous avec le dossier d’exploitation des eaux souterraines ? Répondè Réponn !
Un Plan d’Urgence et de Relance Eau Potable porté par les 3 EPCI avait été mis en place pour permettre d’améliorer les conditions de mise à disposition d’eau potable aux usagers pour la sécheresse de 2021. Pas moins de 21.420.049, 00 € ont été alloués à ce plan avec une contribution de la CTM à hauteur de 4.989.250, 00 € au titre de la dotation de soutien à l’investissement local (DSIL – exercice 2020). Rapport que j’ai eu à présenter personnellement en séance plénière et voté à l’unanimité moins 6 abstentions (Voir Délibération CTM n° 20-437-1 du 1er décembre 2020).
Ces sommes ont été versées aux 3 EPCI selon les modalités prévues par la délibération : 95% dès la signature de la délibération et le solde sur présentation de l’état récapitulatif des dépenses certifié par le Comptable public. Qu’en est-il de la mise en œuvre de ce plan d’urgence de plus de 21 millions d’euros ? Quid des différentes opérations d’investissement pour renforcer et garantir la distribution de l’eau aux usagers ? Répondè Réponn !
L’eau issue de l’usine de production de Vivé au Lorrain provient de la rivière Capot fortement impactée par le Chlordécone répandu par les Latifundistes de la banane. Pour répondre aux critères de potabilité, cette eau doit être traitée au charbon actif et son prix sorti d’usine s’élève à 0,565 € HT / m3 soit 2,8 fois plus élevé que le coût des autres installations.
Questions : Après avoir été empoisonnés, les Martiniquais sont-ils condamnés à la double peine ? Doivent-ils payer une deuxième fois pour dépolluer une eau gorgée de Chlordécone ? M. Bernard Bally et les Latifundistes de la banane vont-ils indemniser les usagers pour ce surcoût ? L’État, qui par la voix du Président de la République, a reconnu sa responsabilité dans ce scandale environnemental et sanitaire, va-t-il enfin s’engager à réparer ce préjudice ? Répondè Réponn !
L’accès à l’eau pour tous à un prix économiquement abordable est un droit universel. Or, l’eau distribuée au robinet des Martiniquais est la plus chère de France, Outre-Mer compris, avec des tarifs prohibitifs qui étranglent les plus défavorisés d’entre nous. C’est inacceptable !
Notre constat est factuel : les politiques qui ont eu la compétence n’ont pas pu garantir l’accès à l’eau pour tous, toute l’année notamment lors des périodes de carême et, cette eau qui tombe du ciel est venue à manquer aux robinets des abonnés.
Notre proposition formulée depuis 2005 en faveur d’une structure unique de gestion et un prix unique de l’eau suppose donc un changement de gouvernance et un financement public. A cet effet, la Régie publique de l’eau a montré toute sa pertinence dans plusieurs grandes villes de France qui n’ont pas renouvelé les contrats d’affermage avec les mastodontes de l’eau. Elle devrait permettre de sortir des logiques mercantiles des fermiers, de faire les investissements pour remplacer les canalisations, pour moderniser les usines de production vieillissantes et financer les réservoirs et les surpresseurs. Les contrats d’affermage avec la SME arrivant à échéance en 2026, les élus auront-ils le courage de s’engager contre le renouvellement des contrats d’affermage à la SME, filiale du groupe SUEZ, pour créer une régie publique unique ? Répondè Réponn !
Martinique, le 25 octobre 2021
Louis BOUTRIN
Président de MARTINIQUE-ÉCOLOGIE
Conseiller Territorial CTM
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite