Finalement, il nous représente bien, très bien même, nous autres Martiniquais (es), ce colibri noir qui figure au centre du drapeau rouge-vert-noir choisi par 20.000 personnes sur 365.000.
En effet, cet oiseau est un grand spécialiste du vol stationnaire et du vol en arrière, chose qui n'est pas donnée à tous les volatiles, sauf peut-être aux canards sans tête. La Martinique ne stationnelle-t-elle pas au bord de l'autoroute de l'Histoire depuis 1946 ? Sur le bas-côté de celle-ci pour être plus précis. Alors que le convoi de la décolonisation est passé, pourtant à vitesse modérée, en prenant son temps (puisque l'Inde devient indépendante en 1947 tandis que Sainte-Lucie le devient en 1979), alors que les natifs de l'ile aux fleurs avaient la possibilité de se joindre audit convoi à un moment ou un autre, ils n'en ont rien fait.
Depuis, elle stationne, butinant tranquillement le nectar franco-européen sans se rendre compte que s'il ressemble au départ à un élixir, à quelque chose de bienfaisant (routes, écoles, hôpitaux etc.), en final de compte, il se révèle être un philtre diabolique (dépendance alimentaire, chômage, émigration de la jeunesse, économie de comptoir etc.). A la limite, la Martinique ressemble à un VHU politique sur le bas-côté de l'autoroute de la décolonisation !
Sinon, le colibri est aussi un spécialiste du vol en arrière. Là encore, il reflète bien la Martinique, du moins ses élites, dirigeants politiques, intellectuels, artistes et autres "Neg a bel fwansé". Car enfin, n'a-t-on pas vu en janvier 2010, un parti autonomiste appeler ses partisans à votre contre un tout petit début de commencement d'autonomie ? N'a-t-on pas vu des indépendantistes, une fois détenteurs du pouvoir local, ne strictement rien faire pour permettre à l'idée d'indépendance de faire deux petits pas en avant ? Tout le monde se demande pourquoi la Droite assimilationniste a presque disparu du paysage politique martiniquais (elle ne détient plus guère que 6 ou 7 communes sur 34 et n'est même pas représentée à la CTM). La réponse est pourtant simple : elle est devenue inutile parce que les colibris-autonomistes et les colibris-indépendantistes font le boulot à sa place. Et ils le font même mieux qu'elle !
Donc, contrairement à ce que croient les contempteurs du drapeau au colibri qui sévissent sur les réseaux sociaux, c'est emblème reflète parfaitement ce que nous sommes : des stationnaires et des reculeurs.
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
Commentaires
Mais, bon.
OuiNon
18/01/2023 - 21:50
N'ayant pas pris le train des indépendances, la Martinique a bénéficié de routes, d'écoles, d'hôpitaux mais après, elle a connu la dépendance alimentaire, le chômage, l'émigration de sa jeunesse, l'économie de comptoir, etc.
Tandis que les pays devenus indépendants n'ont certes pas bénéficié de routes, d'écoles, d'hôpitaux mais après, ils ont échappé à la dépendance alimentaire, au chômage, à l'émigration de leur jeunesse, à l'économie de comptoir, etc.
Si l'on se rend dans les îles voisines, on s'aperçoit qu'effectivement, elles n'ont pas bénéficié de routes, d'écoles, d'hôpitaux, etc.
Mais on s'aperçoit aussi qu'elles connaissent la dépendance alimentaire, le chômage, l'émigration de la jeunesse, l'économie de comptoir, etc.
Mais, bon.
Evidemment, si l'on se rend dans les îles voisines, on s'aperçoit que la dépendance alimentaire, le chômage, l'émigration de la jeunesse, l'économie de comptoir...
EN EFFET...
Albè
19/01/2023 - 10:52
Tout est mieux en Martinique que partout ailleurs dans le monde. Mais y'a quand même un truc bizarre : pourquoi aucun natif d'Antigue, de Saint-Vincent, de Barbade ou de Trinidad ne cherche à émigrer dans ce paradis terrestre ? Le cas d'Haïti est évidemment à part puisqu'il a subi toutes sortes d'avanies de la part de la France, puis des Etats-Unis, et au plan intérieur, diverses dictatures. Non, aucun Barbadien, Antiguais ou Trinidadien n'a envie d'émigrer en Martinique car chez lui, il y a des routes, des écoles, des hôpitaux etc...qu'il a construit lui-même et non grâce à la charité d'un Papa Blanc.
Albè a bien raison.
OuiNon
19/01/2023 - 15:35
Albè n'est pas d'accord pour dire que tout est mieux en Martinique que partout ailleurs. Et il a bien raison.
Mais qui l'a prétendu ? En tout cas, pas moi.
J'ai simplement dit que les ex-colonies de la Caraïbe qui ont accédé à l'indépendance n'ont pas pour autant évité la dépendance alimentaire, le chômage, l'émigration de la jeunesse, l'économie de comptoir, etc.
Ce qui d'ailleurs, ne signifie pas que la Martinique y a réchappé !
Prenons l'exemple de la fuite des cerveaux, encore appelée "exportation de la main d'oeuvre qualifiée". Il ne s'agit pas de migrants qui fuient la misère mais d'étudiants ou de jeunes diplômés en quête d'un emploi en rapport avec leurs capacités. On sait que la Martinique est touchée par le phénomène, avec le départ de sa jeunesse. Mais les pourcentages d'émigration de la population de l'espèce sont également importants ailleurs : Jamaïque, Haïti, Trinidad 80% ; Grenade 70% ; Barbade, Dominique, Saint-Vincent 60% ; Sainte-Lucie 40%.
Pourquoi les Caribéens ne cherchent pas à émigrer en Martinique ? Parce qu'il est vrai qu'en Martinique, tout n'est pas mieux que partout ailleurs. Mais aussi, à cause des obstacles administratifs et de la culture, notamment la langue. Les Dominiquais, les Haïtiens, les Saint-Luciens, de cultures voisines, s'infiltrent toutefois, aidés par créole. Quelques Dominicains et Vénézuéliens de même, qui souvent nouent des relations internationales.
Pour le reste, les Caribéens anglophones (notamment les "cerveaux") privilégient l'émigration dans leur ancienne métropole (la Grande-Bretagne) ou aux Etats-Unis/Canada anglophone. Tout comme la jeunesse martiniquaise privilégie la France ou le Canada francophone.
MIGRANTS SUD-AMERICAINS
Albè
19/01/2023 - 20:01
Les centaines de milliers de migrants sud-américains qui assiègent le Rio Grande, à la frontière mexicano-étasunienne parlent anglais peut-être ?
Mexique ou Caraïbe?
Rose
20/01/2023 - 00:21
Le fait que des centaines de milliers de migrants sud-américains assiègent le Rio Grande n'invalide pas la démonstration de OuiNon qui évoquait ,me semble t-il la Caraïbe ,zone à laquelle n'appartient pas le Mexique.
Changer la question change la réponse...
OuiNon
20/01/2023 - 00:44
La question posée concernait l'émigration des Caribéens. Quand on regarde les statistiques, on voit que les Barbadiens, Antiguais ou Trinidadiens partent surtout en Grande-Bretagne, aux USA ou au Canada anglophone. Ce que leur facilitent la langue et des traits de culture communs. Voilà pour ma réponse.
Si la question change, pour s'intéresser à l'émigration des hispanophones des Antilles (Cuba, République dominicaine) ou d'Amérique du Sud, la réponse change un peu, mais pas tant que ça.
L'émigration hors de la zone concerne l'Espagne mais surtout les Etats-Unis, qui sont proches et qui offrent davantage d'opportunités. Bien sûr, les hispanophones doivent y apprendre l'anglais, en notant toutefois que 20% de la population des Etats-Unis parle désormais espagnol. Il y a plus d'hispanophones aux Etats-Unis qu'en Espagne. Ils sont nombreux dans les Etats de l'Union anciennement espagnols. Un Cubain qui débarque en Floride communique sans problème. Comme les Sud-Américains qui passent la frontière mexicano-étatsunienne.
Peu se rendent dans la Caraïbe. Quoique ça existe. Des Vénézuéliens qui fuyaient leur pays se sont retrouvés en Martinique. Où ils apprennent le français ! Certains en sont partis pour la France.