Mon dieu, quel empressement des services de l'Etat ces jours derniers ! On aurait dit que la situation de notre chère île aux fleurs était devenue aussi grave que celles des habitants de la région de Zaporija et sa centrale nucléaire.
Procureur de la République, gendarmes et même nouveau préfet pourtant à peine installé se sont mis à crier STOP s'agissant d'un pesticide, l'étéphon, utilisé pour accélérer le murissement de certains produits agricoles comme l'ananas ou le café mais interdit pour la banane. En effet, ne voilà-t-il pas qu'au bord de nos routes, des marchés non-contrôlés vendent des bananes jaunes (dites "plantains") étonnamment jaunes de la tête aux pieds. Enfin d'un bout à l'autre du fruit...
Haro ! sur l'étéphon donc et comme d'habitude, nos chers médias locaux ont suivi le mouvement, le doigt sur la couture du pantalon.
Renseignement pris, l'étéphon, régulateur de croissance, est classé comme "légèrement dangereux" et surtout non-cancérigène par l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Rien à voir donc avec l'autre produit chimique utilisé pendant trois décennies et même après son interdiction...Mais si ! Allez faites un petit effort de mémoire !...Ce pesticide qu'avec tout le cirque autour de l'étéphon on cherche sans doute à vous faire oublier... Vous ne voyez toujours pas ?... Mais oui, le chl...le chlordécone !...Voilà ! Même que la justice s'apprête incessamment sous peu à classer le dossier et à donner l'absolution aux responsables de cet empoisonnement de masse.
Revenons à nos moutons ! Enfin, à l'étéphon plutôt...
Certes, il est dangereux comme tout pesticide mais d'une part, sa dangerosité est sans commune mesure avec celle du chlordécone (c'est comme si on comparait la Juventus de Gwada et la Juventus de Turin) et d'autre part, çà concerne des quantités de bananes jaunes risiblement modestes, le consommateur martiniquais s'approvisionnant massivement en riz, pois rouges, lentilles, pâtes etc...dans les supermarchés de la Caste (laquelle Caste ne produit pas de bananes jaunes, soit dit en passant). En clair, les Martiniquais ne bouffent pas des bananes jaunes tous les jours alors que pendant plus de 30 ans, on leur a servi une eau du robinet gorgée de chlordécone, ce qui a provoqué les joyeusetés que l'on sait et l'obtention d'un record du monde (celui du cancer de la prostate), record inégalé à ce jour.
Alors, étéphon-diversion ? Etéphon-piège-à-cons ? Etéphon-zatrap-pou-kouyon ?
On est en droit de se poser cette question à l'heure où la justice s'apprête à enterrer purement et simplement le dossier du chlordécone. Ne sommes-nous pas en démocratie (libérale même !) et par conséquemment, n'avons-nous pas le droit constitutionnel de nous poser des questions ? Juste des questions...
Si on vous comprend bien, MoiGhislaine, le charbon de Lorraine devrait, pour reprendre votre expr Lire la suite
Je crains que vous n'ayez mal compris cet article. A moins que ce ne soit moi qui me trompe. Lire la suite
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
Commentaires
Débouya pa péché
OuiNon
30/08/2022 - 09:44
Que les services de l'État réagissent à l'utilisation d'un pesticide interdit est de l'ordre du normal. Il est normal que les services de l'État se saisissent de l'emploi de l'étéphon sur la banane, puisque l'étéphon est interdit sur la banane. Ce qui est interdit ne doit-il pas être interdit ?
On peut penser qu'avec l'étéphon, l'Etat veut faire oublier l'affaire du chlordécone. Toutefois, soulever l'emploi d'un produit dangereux dans la banane rappelle spontanément l'affaire du chlordécone. "Encore !" se dit-on. Ce n'est certainement pas le moyen le plus ingénieux de faire oublier le chlordécone. A preuve, le présent article qui en reparle immédiatement.
Une autre hypothèse est que l'État s'est instruit de l'affaire du chlordécone et se montre désormais plus attentif à l'emploi des pesticides : "Chat échaudé craint l’eau froide", dit un proverbe français. De toute manière, après sa mise en cause dans l'affaire du chlordécone, l'État ne pouvait faire autrement que d'intervenir sur l'étéphon. Que n'aurait-on pas dit dans le cas contraire ?
A noter que l'étéphon est interdit sur la banane tandis que, pour l'essentiel de son utilisation, le chlordécone était autorisé par l'État. A tort, certes, mais autorisé.
Les autorisations du chlordécone ont été données sur sollicitation de la profession bananière qui l'a utilisé, quasiment du plus gros au plus petit producteur. Une remarque en passant : ce n'est pas parce qu'un produit est autorisé et vendu qu'on est obligé de l'utiliser. Il n’est pas interdit d’exercer son propre discernement. Et ce qui justement interpelle avec l'étéphon, c'est le manque de discernement persistant de certains qui ne craignent pas d'utiliser sur la banane un produit interdit.
Excuser l'utilisation d'un produit interdit en arguant qu'il n'est que peu dangereux, non cancérigène et modérément consommé sape le principe de l'interdiction. C'est interdit mais je le fais quand-même : "Débouya pa péché". Les virtuoses de la débrouillardise allant jusqu’à faire autoriser ce qui devrait être interdit.
EPHETON, PIEGE A CONS ?
Albè
30/08/2022 - 12:10
Personnellement, je dois manger des bananes jaunes tous les 36 du mois ! Comme la plupart des Martiniquais, je pense. Donc à partir de là, je ne vois pas en quoi le fameux éphéton peut être si dangereux. Même pour le chlordécone, on nous dit que si on ne mange pas des ignames ou des dachines chlordéconées tout le temps, on ne risque pas grand chose. Donc moi aussi, j'ai eu du mal à comprendre tout ce branlebas de combat autour de l'éphéton. C'est à se demander, en effet, si en haut-lieu, on ne prend pas les Martiniquais pour des "apoda" comme disait ma grand-mère.