C'est ce que, dans une vidéo diffusée sur Instagram et qui a déjà recueilli des dizaines de milliers de likes, une trentaine de sportifs antillais, pour certains médaillés olympiques ou champions du monde de football, viennent de clamer à la face du monde.
"Parce que demain, nous voulons qu'il y ait encore des petits Thuram, des petits Riner, des petites Flessel, des petites Perec... qui feront la grandeur de la France".
Sans en avoir conscience, ces sportifs signent définitivement la fin de la revendication de souveraineté nationale pour laquelle se battent depuis près de trois-quarts de siècle tous les mouvements et partis politiques (autonomistes, indépendantistes, écologistes, souverainistes) qui se battent pour qu'enfin, la Martinique puisse rejoindre les 193 pays qui siègent à l'ONU. C'est donc le Mouvement des Aligneurs de Prix sur "la Métropole" qui aura été à l'origine de ce pour le moins extraordinaire renversement de situation. Négritude, Antillanité, Fanonisme, Créolité etc... n'ont servi strictement à rien ! Nos penseurs mondialement connus tels que Césaire, Fanon ou Glissant sont ignorés dans leur propre pays alors qu'ils sont célébrés partout à travers le monde. Ils n'ont jamais réussi à faire comprendre à leur peuple qu'il n'est pas composé de "Français d'Outremer" mais tout simplement des... Martiniquais.
Echec cinglant donc de nos intellectuels qui n'ont pour seule excuse le fait que si en Martinique le monde politique, syndical, sportif, associatif, religieux etc... a toujours été reconnu, le monde intellectuel, par contre, l'intelligentsia, n'a jamais trouvé sa place. JAMAIS ! C'est que lire (et pas seulement de la littérature, mais aussi de l'histoire, de la sociologie, de l'anthropologie, de la psychologie, de la linguistique, de l'économie etc.) n'a jamais été valorisé. Nous sommes passés directement de l'oralité ancestrale à la néo-oralité crétinisante de Tik Tok sans avoir franchi l'étape, comme c'est le cas partout à travers le monde, de la réflexion intellectuelle. D'où cette revendication surréaliste d'alignement des prix ceux de "la Métropole". Comme si 8.000kms ne nous séparaient pas de cette dernière ! Comme si une boite de camembert produite en Normandie pouvait, par on ne sait quelle opération du Saint-Esprit, les traverser et être vendue exactement au même prix à Rouen et à Fort-de-France.
Certes, les premiers, les tout premiers responsables sont les Békés qui ont réussi à imposer leur économie de comptoir et leurs marges exorbitantes sur les produits alimentaires (et pas seulement !). Comment, eux qui ne représentent qu'1% de la population martiniquaise, peuvent-ils contrôler 43% de l'économie martiniquaise (ou ce qui en tient lieu) presque bientôt deux siècles après l'abolition de l'esclavage ? Leur aveuglement est tout simplement suicidaire car dans la future Martinique "alignée sur la Métropole", ils finiront par disparaitre du paysage économique, avalés qu'ils seront par de grands groupes français ou internationaux, ce qui est déjà largement le cas dans le secteur du rhum. Economiquement, leurs jours sont comptés, sauf pour un seul d'entre eux qui a réussi à s'implanter hors de la Martinique, cela dans une douzaine de pays. Sinon, au cas où le projet d'une Martinique 100% française échouerait et qu'une vraie révolution éclate (pas celle du prix de la boite de camembert !), ils finiront comme les Pieds-Noirs d'Algérie. Même leurs cousins d'Afrique du Sud, les Afrikaners, se sont montrés moins bornés qu'eux !
Le deuxième responsable est le monde politique. Non pas la Droite assimilationniste qui a toujours voulu effacer les 8.000kms qui nous séparent de l'Hexagone et qui devrait, en bonne logique, être ravie des revendications actuelles. Ce qui n'est que le triomphe de l'assimilationnisme, par d'autres moyens ! Elle n'a comme seule excuse, cette vielle Droite, que la fait qu'elle aiy été quasiment effacée du paysage politique martiniquais depuis 4 décennies, Autonomistes et Indépendantistes se partageant à tour de rôle le "pouvoir" local : 0 député, 0 sénateur, 0 président de Collectivité (ex-Conseil Régional, ex-Conseil général, Collectivités d'agglomérations, Collectivé Territoriale de Martinique) et 6 maires sur 34 communes. Ceux qui portent, après les Békés, la responsabilité du désastre actuel sont par conséquent nos partis autonomistes et indépendantistes. Ils n'ont jamais essayé de mettre en pratique leurs idées, se contentant de gérer l'existant, cela de manière déshonnête (SODEM, CARENANTILLES, SMYVD, CEREGMIA etc.) s'agissant des Autonomistes et de manière honnête, s'agissant des Indépendantistes. Ce qui revient, en fin de compte, revient exactement au même !
La tutelle française n'a jamais été remise en question. Et s'agiter en allant en Azerbaïdjan ou en soutenant anbafey le Mouvement des Aligneurs de Prix n'est que du cinéma, du pur vèglaj.
Et elle n'a jamais été remise en question cette tutelle parce que ces divers mouvements se sont enferrés soit dans le noirisme et la revendication racialiste soit dans l'idéologie castriste alors qu'il leur aurait simplement suffi de se rapprocher des îles indépendantes voisines pour étudier comment elles s'y prennent pour vivre et survivre. Savoir comment les Premiers ministres de Saint-Vincent, de Grenade, de Barbade ou de Saint-Kitts s'y prennent pour parvenit à payer chaque fin de mois leurs enseignants, infirmiers, magistrats, policiers, employés de la poste, douaniers etc... ne les a jamais intéressé. Ni non plus comment la monnaie nationale de ces pays est gérée ni comment ils font pour rembourser leurs prêts auprès de la Banque Mondiale. Dès lors, on comprend que le Martiniquais moyen n'a jamais fait confiance, autrement qu'électoralement à ces partis autonomistes et indépendantistes ! Sinon, comment expliquer que 80% des électeurs aient répondu "NON" à ce tout petit début de commencement d'autonomie qu'aurait pu être l'Article 74 ? Comment 73.000 Martiniquais ont-ils pu déposer dans l'urne un bulletin pour le parti raciste de Marine Le Pen aux dernières élections présidentielles ? Comment veulent-ils qu'enfin une Miss Martinique soit couronnée Miss France ? Comment exultent-ils aux succès de l'équipe de France de football ou aux médailles remportées par la France aux championnats du monde d'athlétisme ?
Le troisième responsable est la classe moyenne (quarante-pourcentaires et professions libérales), y compris les "intellectuels même si ces derniers n'ont aucune reconnaissance sociale, qui s'est toujours abstenue de condamner le noirisme et l'idéologie castriste, ces deux freins à toute évolution de la Martinique sur le chemin de la souveraineté. Le premier frein est teinté de racialisme et de détestation du "Blanc" et de la France comme si lorsqu'une colonie accède à l'indépendance, elle tourne le dos définitivement à son ancien colonisateur ! Comme si la Communauté Européenne, l'AFD etc... ne continuaient pas à aider financièrement les anciens pays colonisés ! Il aurait, tout au contraire fallu tenir ce discours aux Martiniquais : "Nous ne sommes pas français, nous ne le serons jamais, mais la France n'est pas et surtout ne sera pas demain notre ennemi". Est-ce que l'Angleterre, la Hollande et l'Espagne sont les annemis de Grenade, Saint-Vincent, Barbade, Surinam ou Saint-Domingue ? NON ! Quant au deuxième frein, l'idéologie castriste, il est tout simplement hallucinant. Comment peut-on croire et faire croire aux Martiniquais que les Etats-Unis, qui ont commis 24 coups d'état (par CIA interposée) dans la Caraïbe insulaire et continentale, accepteraient que la Martinique devienne un deuxième Cuba. Il n'y a qu'à voir comment ils étranglent le Venezuéla qui, bien qu'il soit le pays qui dispose des plus importantes réserves de pétrole au monde, a déjà vu 7 millions de ses citoyens fuir le pays.
Notre indépendance, si jamais elle vient un jour, sera grenadienne, saint-lucienne, barbadienne etc... ou ne sera pas !
Le quatrième responsable est le peuple martiniquais lui-même, sachant que seuls les 27% de Martiniquais qui vivent sous le seuil de pauvreté ne portent aucune responsabilité dans le désastre actuel. Il a toujours été, ce peuple, caressé dans le sens du poil par nos diférents partis politiques, cela pour des raisons bassement électoralistes, alors qu'il aurait fallu lui tenir le discours suivant : "Au 21è siècle, aucun pays ne peut être la colonie d'un autre ! Nous n'avons pas le choix : si les 350.000 Martiniquais ne veulent pas disparaitre au sein des 350 millions d'Européens, ils doivent obligatoirement s'auto-gouverner. Certes, nous n'avons ni pétrole ni gaz naturel ni diamants ni cuivre ni lithium mais c'est le cas de la quasi-totalité des micro-états à travers le monde. Pourtant, personne ne meurt de faim à l'île Maurice, aux Seychelles, à Grenade ou à Barbade. Il suffit de se retrousser les manches, de faire preuve d'inventivité et surtout d'accepter de vivre avec nos propres ressources".
Il aurait fallu tenir au peuple martiniquais ce discours de vérité au lieu de passer notre temps à vitupérer contre la France comme...hum !...citons Aimé Césaire lui-même, des "mendiants arrogants". C'est le père de la Négritude qui le dit, pas nous !". Or, nous nous sommes défilés, nous avons préféré barboter dans la détestation de la France et du "Blanc" ou dans un rêve castriste complètement fumeux. Et ce faisant, nous avons couilloné notre peuple. Nous lui avons laissé croire que notre situation de "territoire d'Outremer" était éternelle. Définitive en tout cas... Chose qui aboutit forcément à ce "processus d'hawaïsation" dénoncé dès 1981 par Edouard Glissant dans Le Discours antillais. Situé à 14.000kms des Etats-Unis, l'archipel de Hawaï a vu sa population autochtone être réduite, au fil du temps, à 20% de ses habitants et est désormais un territoire américain ad vitam aeternam. C'est ce qui nous pend au nez !
En conclusion et après la déclaration des sportifs antillais (cf. vidéo ci-après), seules deux possibiltés s'offrent à nous : ou bien nous acceptons d'être hawaïisés ou bien un mouvement indépendantiste non-noiriste et non-castriste voit le jour.
Il n'y a pas de troisième solution...
NB. La messe semblant dite (la première solution), notre site-web cessera à compter de ce jour d'évoquer la situation de la Martinique. Il ne fermera pas ses portes pour autant mais il se consacrera désormais à d'autres pays, notamment à nos voisins caribéens.
Je ne partage pas non plus toutes les analyses développées dans cet article et ne crois pas, par Lire la suite
.... Lire la suite
Jump Air ???? Peut-être le nouveau nom de la West Caribean ?
Lire la suiteUn tableau comparatif des prix de cinq denrées alimentaires quotidiennement utilisées (oeufs, via Lire la suite
...ce n’était pas l’objet principal de mon commentaire, que sur le fond vous ne réfutez pas : une Lire la suite
Commentaires
Excellent texte dans l'ensemble ,mais....
Nuit noire
04/12/2024 - 11:26
.... dont je ne partage ni la conclusion ni certains points .Je pense notamment que la responsabilité de la classe moyenne est bien plus marquée car elle est structurellement liée aux Békés ,constituant le gros de ses clients. C'est elle qui achète à ces derniers terres agricoles pour faire ses villas ,grosses cylindrées aliénantes ,et toutes les babioles consuméristes que nous ne connaissons que trop .Il faut pointer aussi le double langage de certains de ses membres : "pro-indépendantistes " en paroles ,mais en fait ANTI dans les faits: tous voulant par exemple conserver les 40% , moyen politico-financier de maintien de fait des liens avec la "Métropole".Ce qui me gêne dans la conclusion c'est la décision de ne plus évoquer la Martinique.Je crois que le succès de ce site ,c'était ses critiques sans concessions envers les partis ,la société et les intellectuels martiniquais .Se concentrer sur les seules iles voisines fera croire à certains qu'ils sont purs ,sans tâches ,au dessus de toute critique et porteurs d'une d'une espèce de vérité intrinsèque.Dommage.
BONNE DECISION
Albè
04/12/2024 - 17:32
Je ne partage pas non plus toutes les analyses développées dans cet article et ne crois pas, par exemple, que les Békés puissent s'amender en prenant exemples sur les Afrikaners. Mais je comprends que les responsables de ce site aient décidé de ne plus publier d'articles sur la Martinique. De toute façon, comparativement aux autres sites martiniquais et antillais, son nombre de lecteurs a toujours été assez restreint. C'est bien dommage mais c'est un fait !