Crise du covid : la Martinique paie cash le "NON" de janvier 2010

      Il y a certes quelque chose de révoltant à voir des forces dites de l'ordre s'en prendre au personnel soignant comme cela s'est passé l'autre jour au CHU La Meynard et même procéder à l'arrestation brutale de trois d'entre les réfractaires au pass sanitaire.

    Oui, cela est à la fois révoltant et hautement condamnable !

    Mais...

    Car il y a dans cette affaire comme dans bien d'autres, sinon la plupart, un gros MAIS que nous refusons de regarder en face. Nous sommes, en effet, toujours prompts à rejeter la faute sur l'Autre, le Colonisateur, le Blanc, le Génocidaire etc..., manière facile pour nous de nous dédouaner face à nos atermoiements, pas-de-deux et autres zonnzolaj. Cela avait d'ailleurs commencé, s'agissant de la crise du covid pendant la dernière année d'Alfred Marie-Jeanne à la présidence de la CTM. On a vu nombre de gens s'indigner que "Chaben" n'ait pas interdit l'accostage des bateaux de croisière, fermé l'aéroport ou rouvert les plages à nous, les autochtones. Sauf que la Martinique est régie par l'Article 73 de la Constitution française et que lesdites mesures ne peuvent être prises que par le représentant de l'Etat à savoir...le Préfet. Procès malhonnête qui avait été donc fait à Marie-Jeanne ! Ce que peut faire son alter ego de Saint-Barth, cette île ayant choisi l'Article 74, il ne pouvait absolument pas le faire.

   Ces récriminations ont continué lorsque l'Etat, par le biais de la Préfecture et de l'ARS, a pris en main la gestion de la crise sanitaire, se montrant sourd à cette fameuse "gestion locale de la crise" que des élus (es) de tous bords réclamaient et continuent de réclamer. Il y a quelque chose d'à la fois comique, affligeant et surtout démagogique dans ces réclamations puisque nos chers (es) élus (es) savent pertinemment que c'est l'Etat qui a la main, Article 73 oblige. Jusqu'à quand continueront-ils/elles alors à caresser "le peuple" dans le sens du poil ? Quand se décideront-ils/elles à le mettre face à ses responsabilités ? 

   Car enfin, c'est ce même peuple qui, en janvier 2010, avait refusé par presque 80% de "NON" ce qui n'était qu'un tout petit début de commencement d'autonomie. Une poussière d'autonomie ! Ce qui aurait été déjà ça de pris, comme le démontre la crise du covid, puisque c'est grenn diri ka plen sak. La révolution armée étant impossible, la seule solution est de conquérir progressivement, patiemment mais avec détermination des espaces de souveraineté. C'est ce que font les Corses et les Kanaks. Mais qui dit "espace de souveraineté" dit aussi, quasi-automatiquement, acceptation d'un changement sociétal profond, rejet de cette société de gaspillage généralisé et d'assistanat tout à la fois. Faire croire au peuple que "tous les avantages acquis seront conservés" comme l'a claironné une certaine gauche autonomiste à une époque est une pure farce. La souveraineté, fut-elle progressive, cela se paye ! 

   On ne peut pas en même temps vouer les Français aux gémonies, laisser se développer un discours anti-Blanc malsain et rejeter le moindre petit début de commencement d'autonomie. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre ! Sinon, cela revient à abonder dans le sens Aimé Césaire qui n'hésitait pas à parler de "mendiants arrogants". Tout cela pour dire que la lutte pour la souveraineté (progressive) devrait être l'impératif catégorique de nos partis, syndicats, associations, intelligentsia etc... Or, force est de constater que plus personne ne parle d'elle : l'idée de souveraineté est passée à la trappe face aux revendications corporatistes, populistes, électoralistes ou noiristes. 

   Et c'est pourquoi nous payons cash aujourd'hui la crise du covid 19. Un peu plus de 600 morts nous annonce-t-on, oubliant d'y ajouter toutes celles et tous ceux dont les soins urgents ont été reportés, différés pour faire place aux malades du covid : cancéreux, dyalisés, cardiaques et autres hypertendus. Une véritable hécatombe dont le tout premier responsable est l'Etat français et sa gestion erratique de la crise (y compris dans l'Hexagone d'ailleurs) et le deuxième responsable, NOUS (peuple et politiques confondus).

   Quand on rejette à 80% un début de commencement de responsabilité, on devrait AUSSI se poser des questions sur soi-même et pas se contenter de vitupérer contre celui dont nous subissons la tutelle. 

Commentaires

Bien vu et bien dit !!

Tokyo

19/10/2021 - 19:21

Bien vu et bien dit !!

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