Danyèl Waro, son histoire, son maloya et son succès à La Réunion comme hors de nos frontières ne se présentent plus. Une vie à combattre pour sa langue, à militer pour la liberté de son maloya et ses deux garçons Sami et Bino, bercés, nourris de ses rythmes et valeurs qui forts de leurs traditions expriment à leur tour leurs voies créoles.
« Mon mélodie té nourri ek la terre, l’école, l’autonomie», analyse Danyèl Waro, assis aux côtés de son deuxième fils, Bino sous sa véranda dans les hauts de Saint-Paul.
Le chantre du maloya, actuellement en convalescence à la suite de soucis de santé, a accepté de se pencher sur la place de la transmission dans ses chansons et sa famille.
De croiser aussi son regard avec la deuxième génération d’artistes chez les Waro incarnée par Sami et Bino.
«Mon papa té plus dans l’intelligence, le mot, la dialectique et les idées», se souvient le maloyèr qui parle alors des activités de son père militant auprès du journal du parti communiste Réunionnais Témoignages. «Et momon té plus gros doigts. Moin la trap lé deux. In kozman brut, mi yaime le mot mi yaime, la lang», explique notre interlocuteur.
Finalement son enfance au Tampon a peu baigné dans la musique. Elle était surtout rythmée par le dur labeur au sein d’une famille de cultivateurs. «Papa i voulé pas de musique, de loisirs, travay la terre té important», souligne Danyèl Waro.
Pour autant, il se souvient de la transmission essentielle d’un art de vivre créole riche avec «devinettes, kossa in choz, in l’héritage ec le batay la lang.»
Moin la découvr maloya ec Firmin Viry, Gramoune Bébé, dan’fêt Témoignages à l’âge 20 ans
Danyèl Waro
Une jeunesse où il va aimer chanter naturellement, intuitivement, un mode de fonctionnement qui aujourd’hui à l’âge de 70 ans continue à guider l’artiste, pour créer et chanter un maloya flamboyant.
«Moin la découvr maloya ec Firmin Viry, Gramoune Bébé, dan’fêt Témoignages à l’âge 20 ans.» Le jeune Danyèl trouve alors la formule pour passer ses «fond’ker» puis il va rencontrer le maloya dans sa dimension rituelle, sa version sacrée au sein du service kabaré.
«Moin mi développ ça, mi prend la liberté allé pli loin», résume Danyèl Waro. Et cela va être sa marque de fabrique, là où c’étaient des descendants d’esclaves ou d’engagés qui faisaient du maloya, pour la première fois un «yab lé haut» propose son maloya alimenté par toutes les influences de la société réunionnaise, «l’air malbar de Firmin Viry et aussi des tambours des marches sur le feu, des jakos» de son enfance au Tampon.Plus tard, « en 1978 des bals tamouls» fruit de son compagnonnage avec Daniel Singaïny, prêtre et militant culturel tamoul. Depuis avec Batarsité notamment qui évoque le mélange, le métissage, sa liberté de ton et de création avec d’autres instruments de la tradition musicale malbar, ne s’est jamais démentie, évidemment confortée par l’adhésion massive du public.
À tout juste 25 ans, Bino Waro, chante et joue aux côtés de son père. Après être passé par l’école de musique et le conservatoire, en artiste complet lui aussi (chœur, rouler, sati, tambour), il donne des cours.
Papa c’est un parolier, moin lé plus dans la rythmique, le côté académique
Dino, fils de Danyèl Waro
Des connaissances distillées essentiellement aux ados. « In goût l’amontraz » transmis tout autant à Sami qu’à Bino, qui fait la fierté de papa Danyèl.
Bino avec son environnement familial a été d’abord naturellement percussionniste. « Papa c’est un parolier, moin lé plus dans la rythmique, le côté académique», reconnaît le jeune homme qui a un moment de sa vie a souhaité prendre ses distances avec la musique pour mieux «l’épouser»
« La renaissance, le 20 désamb kazkabar après le Covid, kom in déclic pou moin. In retrouvay mon l’entouraz, moin la compris mi ve fé ça», exprime Bino qui a trouvé sa place entre tradition et modernité, la musique de son père et sa propre expertise.
Sur les compositions de papa, il accompagne la tradition et apporte ses conseils, sa touche de musicien pour mieux la mettre en musique. Pas à pas, avec son frère Sami Pageaux-Waro, Bino trace la voie de la 2e génération au sein de sa famille.
Sami Pageaux-Waro, premier fils de Danyèl Waro est aujourd’hui un artiste reconnu et qui bénéficie d’une notoriété personnelle grâce à son propre parcours après avoir pris son envol du sillon paternel.
S’il avait un nom qui l’a forgé, Sami a mis toute sa passion en œuvre pour déployer son talent et imposer son prénom sur la scène musicale.
D’ailleurs, signe d’une reconnaissance grandissante, Sami Pageaux-Waro vient d’effectuer son 3e voyage artistique cette année et il a ainsi passé les deux derniers mois en tournée et sur des projets pédagogiques en métropole. Il y a participé au spectacle Kayanbolaz où avec Nicolas Givran et Damien Mandrin, il jongle avec le kayanm.
Avec son retour, il se focalise à nouveau sur son projet "Les Dhaltones" où avec ses dalons il revisite le patrimoine musical local au travers des répertoires de Danyèl Waro, Alain Peters, Lo rwa Kaf, Urbain Philéas, Thierry Abmon.
C’est son doute dans cette création que se dévoile toute la personnalité artistique et le talent de Sami Pageaux-Waro, entre tradition et révolution. «Moin lé maloyer, percussionniste, chanteur, arrangeur. Mi yaime avoir in l’orchestre et organiz la musique. Et papa la transmi à moin la liberté d’explorer, la curiosité des instruments», confie Sami.
L’artiste, en virtuose du son, poursuit sa quête en travaillant le côté expérimental du maloya et retrouve son jeune frère sur cette partie musicale. Dans son laboratoire pour défricher, fouiller, interroger les sons, les paroles, la rythmique, les instruments.
Un échange entre techniciens de la musique pour approfondir sa pratique, effectué à la fois dans la transmission d’un aîné et aussi une communion de génération cadencée par des évolutions, des rythmes et des influences de notre époque.
Danyèl, Sami et Bino, trois chemins, deux époques, lo mèm fond’ker. photo MSH
Il me semble que l'article parle de ceux qui "PEUVENT PASSER POUR BLANCS" et non de ceux qui, dés Lire la suite
...est-ce que vous parlez de lui-même personnellement, qui l’aurait donc fait sciemment pour sa p Lire la suite
...comme le dit l'article étant donné que l'esclavage des Turcs n'était pas raciste (ils mettaie Lire la suite
Merci pour cet excellent article .Albè ,on demande des réparations aux Turcs quand? Lire la suite
...-et je ne suis pas le seul dans le cas-, ce n’est pas forcément "dans le silence de [mon] espr Lire la suite