"Ils veulent du biscuit de l'Américain mais ils ne veulent pas de l'Américain !"

   C'est la phrase que répétait souvent nos aînés pendant la Deuxième Guerre Mondiale alors que la Martinique ne pouvait plus rien importer de la "Métropole" puisque cette dernière était à moitié occupée par les Boches et qu'en plus elle, cette même Martinique, subissait le régime de l'Amiral Robert, nommé gouverneur par ce collabo de Maréchal Pétain. 

    On n'y "mourrait pas de faim" (pour reprendre l'expression des Aligneurs de Prix) comme c'est le cas aujourd'hui, mais la vie était dure, très dure, faite de privations diverses et variées. Puis, à un moment l'Amiral prit langue avec les Yankees et au terme d'obscures tractations, un bateau US rempli de vivres accostait de temps à autre au port de Fort-de-France. Les Martiniquais en furent bien contents mais ils se méfiaient de ces Américains. Par la presse, par les Martiniquais ayant émigré à New-York et par les marins, ils étaient au courant, avant-guerre, du racisme, de la ségrégation raciale, du Ku-Klux-Klan, des pendaisons de Nègres etc...Donc, ils acceptèrent le "biscuit américain", faute de pouvoir faire autrement, mais cela tout en ne "voulant pas de l'Américain". Quand au sortir de la guerre, cet ingrat de De Gaulle voulut offrir les Antilles françaises aux Etats-Unis en guise de remboursement des dettes de guerre contractées par la France, des manifestations éclatèrent à Fort-de-France et le Grand Charles dut renoncer à son idée. 

   Donc, à l'époque de l'Amiral Robert, les Martiniquais ne pouvaient pas faire autrement que d'accepter le "biscuit américain" ! 

   Or, 75 ans plus tard, les Martiniquais peuvent parfaitement faire autrement. Autrement dit : rien ne les ooblige à accepter le "biscuit français". Ils savent très bien que la seule et unique solution à leurs problèmes est que leur île, comme toutes celles de la Caraïbe environnante, accède à la pleine et entière souveraineté. Ils le savent mais préfèrent se battre pour que la boite de petit pois soit vendue au même prix au Lamentin et en Lozère ! Ah oui, ces temps-ci, ils vitupèrent ausi sur les réseaux sociopathes à cause d'une annonce d'offre de recrutement "pour l'Outremer" diffusée dans l'Hexagone. Ils lancent même des pétitions contre l'annonce.

   Donc, si l'on comprend bien, on exige de pouvoir vivre exactement comme un descendant de Vercingétorix mais en même temps, on ne veut pas qu'il mette les pieds "CHEZ NOUS". Question : s'il existe des psychiatres pour soigner les troubles individuels, y en a-t-il (mis à part Fanon) qui ont étudié comment faire pour soigner les troubles collectifs ? 

   NB. Au fait, en dialecte co-officialisé, puis dé-co-officialisé, la fameuse phrase du titre est le suivante : Yo lé bisui-a, mé yo pa lé Méritjen-an.

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