« Il est très facile de casser et de détruire, disait Mandéla qui ajoutait que les héros sont ceux-là qui font la paix et qui bâtissent ». Dans une certaine mesure, et dans tous les sens, cela est vrai et surtout très sage. Il ne faut pas démolir pour démolir, ni chercher à « démolir » son prochain, ni non plus démolir les traces d’un passé que nos connaissances actuelles peuvent nous aider à reconsidérer.
Démolir c’est détruire et détruire c’est faire tomber dans l’oubli, or un personnage tel que Lynch, par exemple ne tombera JAMAIS dans l’oubli, car, les livres d’histoire et pas seulement, parlent encore de lui, il sert de mémoire à l’Histoire. C’est, à mon avis, encore plus déshonorant pour l’individu, que son nom répète éternellement sa vilénie. Le verbe lyncher, le nom lynchage nous le rappellent sans cesse, tout comme le nom Landru en est aussi un autre triste exemple. Il nous faut penser que nous, mieux éclairés que nos prédécesseurs, nous nous devons d’inscrire dans la pierre des statues, une épitaphe soulignant leurs vraies actions positives pour le pays ou éventuellement pour le Monde et négatives, lorsqu’il y en a. Il ne faut pas détruire ce qui est déjà là mais l’instruire, l’éclairer et ce dans tous les cas, pour que nul n’oublie.
Signifier pour le futur les réelles « traces » qu’ils ont laissées à nos mémoires. S’ils ont contribué à faire marcher l’histoire même si pour des raisons bassement familiales comme on l’a prétendu pour Schœlcher aussi « ils auraient finalement aidé à l’expansion sous une nouvelle forme d’esclavagisme » du colonialisme que nous subissons de nos jours encore. Il ne nous faut surtout pas penser ni même donner à entendre que Schœlcher n’a pas lutté contre l’esclavage, mais il ne faut surtout pas le sanctifier non plus et laisser croire que nous les nègres, nous avons attendu patiemment et passivement l’arrivée du Sauveur Schœlcher. « Grass a Chelchè si jòdi nou ni la libèté » disait la chanson que l’on n’entend heureusement plus.
Et même si l’on peut penser que démolir peut offrir l’occasion de se reconstruire, de rebâtir un autre monde, donner peut-être aussi une possibilité de se faire entendre, ce qui n’est pas certain, je demeure persuadée que même si, dans l'affaire des statues, ce ne serait pas le cas, il faut toutefois éviter de démolir pour démolir. Démolir pour démolir demeure un acte qui n’enrichit pas ses auteurs car ce n’est pas là un geste hautement pédagogique.
Je crois avec ferveur, et je le répète, qu’il faut aussi garder certains « Hommes de chaux », Joséphine par exemple et faire parler leurs statues avec une notice explicative, inscrite dans leur pierre.
On m’a demandé mon avis, je l’ai donné maladroitement peut-être mais surtout simplement, comme le ferait n’importe quel Martiniquais qui donnerait son point de vue sur « l’affaire des déboulonnages ».
Térèz
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
Commentaires
Planter des fleurs
Oui
21/04/2022 - 18:07
Je crois que toutes les statues de Schoelcher en Martinique ont été abattues (?). Personne n'en est mort. Ce n'est pas grave.
Schoelcher était un politicien qui s'est intéressé aux colonies. Son opinion sur l'esclavage a évolué, jusqu'à en faire un anti-esclavagiste convaincu. En 1848, une révolution a chassé le roi Louis-Philippe. Sous l'impulsion de Lamartine (poète de haute noblesse) s'est constitué un improbable gouvernement provisoire d'une Seconde République à instituer. S'y sont retrouvés des personnages hétéroclites, dont un ouvrier (Albert, ce qui ne s'était jamais vu) et... Schoelcher.
Schoelcher a présenté un projet d'abolition de l'esclavage. On lui a fait observer, non sans raison, que l'affaire était d'importance et, de ce fait, ne relevait pas de la décision d'un gouvernement provisoire. Il valait mieux attendre la promulgation d'une Constitution et les prochaine élections, pour statuer. Mais Schoelcher a persévéré et, finalement, le gouvernement provisoire a aboli l'esclavage, par décret.
Sans Schoelcher, l'esclavage aurait été aboli quand même, comme ce fut le cas partout ailleurs. Mais sans doute plus de 20 ans plus tard. Car les élections (les premières au suffrage universel, masculin) ont porté à l'Assemblée nationale une majorité très conservatrice. Quant au Président de la République (le premier, élu de même), ce fut Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III !
Avant, les esclaves n'étaient pas restés passifs. Il y avait eu périodiquement des révoltes en Martinique mais qui n'ont pas abouti à l'abolition. Le soulèvement de 1848 dans le Nord caraïbe s'est déclenché quand la nouvelle de l'abolition s'est propagée. Les esclaves voulaient son application immédiate. Comme en pareil cas, la répression a commencé puis le gouverneur l'a stoppée. Elle n'aurait servi à rien, les jeux étaient faits. Il a donc proclamé l'abolition, ce qui a fait gagner quelque temps par rapport aux dispositions du décret.
D'aucuns regrettent l'action de Schoelcher car ils pensent que sans l'abolition qu'il a portée, les esclaves auraient fini par se rebeller victorieusement , un peu comme à Saint-Domingue, sous la Révolution.
Ils regrettent aussi que la Troisième République ait glorifié sans retenue l'abolition obtenue par Schoelcher, comme une bonté de la France, façon d'occulter les siècles d'oppression qui avaient précédé.
Bref, d'aucuns ont cassé les statues de Schoelcher, dans une curieuse frénésie. Pourquoi pas ? Mais qu'est-ce que ça change ? Il n'est pas érigé à la place d'autres statues. Il n'est pas non plus fait place nette, pour planter des fleurs.