Législatives en Martinique : l'explication-bidon du vote-sanction

  Nos chers journalistes, politologues, sociologues et autres anthropologues auto-proclamés ne cessent de dire et de répéter que le vote pour le Rassemblement National est "un vote-sanction".

   Déjà, il y a un premier souci : pour pouvoir "sanctionner" électoralement, il faut au moins que les électeurs se déplacent pour voter, qu'ils se déplacent en masse. Or, tel n'est absolument pas le cas ! 75% des électeurs martiniquais sont restés tranquillement chez eux. Dè lors, ladite "sanction" est où ? Si votre enfant vous pique 50 euros dans votre portefeuille et que vous vous contentez de lui tirer l'oreille, est-ce que vous l'avez "sanctionné" ? Car lorsqu'on examine, par exemple, le score du candidat du RN qui s'est qualifié pour le second tour dans la circonscription Sud, il est tout simplement dérisoire : 2.508 voix sur...88.000 électeurs inscrits. Non, il n'y a aucune "poussée du RN" en Martinique !

   Cela n'empêche pourtant pas de s'interroger sur cette poignée d'électeurs qui a osé déposer un bulletin dans l'une pour un parti xénophobe et raciste.

   Qui sont-ils ? Dans quelles communes se trouvent-ils ? Une autre explication-bidon est qu'il s'agit d'un vote des Métros installés en Martinique, des "Expats" comme les a récemment désignés un prétendu anthropologue à la télé. Cette expression s'inscrit dans tout un remodelage langagier qui est en cours en Martinique depuis quelques années et qui relève de l'euphémisation autrement dit de l'hypocrisie pure et simple : on ne dit plus "le pays" mais "le territoire", "l'indépendance" mais "la souveraineté", "la musique ou la langue créoles" mais "la musique ou la langue traditionnelles". Et maintenant "les Expats" pour désigner les Métros ! Force est de constater que nos anciens avaient plus de jugeote que nous puisque jusqu'aux années 50 du siècle dernier, ils disaient "les Békés-France" pour les distinguer des "Békés-pays". Il y a un trois-quarts de siècle, nos grands-parents n'étaient pas aussi alphabétisés, aussi scolarisés que nous, ils n'avaient ni RSA ni CMU ni 40%, ils ne voyageaient pas dans la Caraïbe ni vers l'Amère-patrie, ils n'avaient pas Internet etc..., mais ils savaient analyser et donc désigner les choses bien mieux que nous aujourd'hui.

   Il n'y a d'"Expats", en effet, que dans des pays indépendants ! Pas dans des territoire sous tutelle.

   Revenons à la question : est-ce que ce sont les Békés-France qui ont voté pour les candidats du RN ? Même si les statistiques ethniques sont interdites par la législation française on peut les évaluer autour de 20.000 personnes dont les trois-quarts sont soit des fonctionnaires qui passent généralement quatre ans en Outremer soit des retraités qui vivent la moitié de l'année dans nos communes balnéaires et l'autre moitié dans l'Hexagone. ​Il est pour le moins douteux que ces personnes soient inscrites sur les listes électorales de la Martinique. Parmi les 10.000 autres, installés durablement, s'ils avaient voté en masse, le candidat du RN de la circonscription Sud qui a été qualifié pour le second tour n'aurait pas réalisé le score dérisoire de 2.508 voix. 

   Arrêtons de nous boucher les yeux ! Il n'y a guère d'"Expats", pardon de Békés-France, à Ajoupa-Bouillon, Lorrain, Basse-Pointe, Marigot ou Macouba. Par contre, des bananeraies, il y en a des tas et dans celles-ci ne travaillent guère plus que des "Black-Expats", des Haïtiens pour tout dire. Le Préfet de la Martinique n'a-t-il pas été contraint de régulariser 400 (non pas 40, vous avez bien lu : 400) "travailleurs étrangers" dans le Nord de la Martinique il y a quelques mois ? Et ne parlons même pas des centaines d'autres qui sont clandestins. Cela, nos journalistes et autres anthropologues ne l'ont jamais rappelé au candidat RN de la circonscription Nord ! Etant agriculteur retraité, il doit bien en connaitre un rayon sur le sujet, non ? Et dès lors comment peut-il porter les couleurs d'un parti xénophobe alors que sans les travailleurs haïtiens l'économie bananière serait par terre ?

   Nous ne prétendons pas qu'aucun Béké-France installé en Martinique n'a voté pour les candidats du RN mais il est clair que les suffrages recueillis par ces derniers relèvent principalement du vote autochtone.

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Commentaires récents

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    Jid, sa vré! Sé lè on mizisiyen ka mò...

    Frédéric C.

    23/11/2024 - 20:10

    ...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite

  • "Local", "Traditionnel", "Typique", "D'Antan" "Territoire" et autres euphémismes

    Il y a pire que ça...

    Frédéric C.

    23/11/2024 - 15:38

    ...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite

  • La religion chrétienne serait-elle une religion afro-caribéenne ?

    Avec des ritournelles de vie chère ...

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