Elle vient d'atteindre l'âge vénérable de 102 ans. Elle est native de Salybia, le territoire caraïbe ou kalinago de l'île de la Dominique. Elle s'appelle Veronica Elsina Burton.
Le génocide des Kalinagos, mis en œuvre dès la toute fin du 16è siècle par les conquérants européens et qui s'est achevé vers la fin du 17è dans toutes les îles des Petites Antilles, a échoué dans deux d'entre elles : Saint-Vincent et la Dominique. Dans la première, les Kalinagos se sont mélangés aux esclaves noirs partis en marronnage pour former une nouvelle population, un nouveau peuple ; les Black Caribs ou Caraïbes noirs. Ces derniers opposèrent une telle résistance à la colonisation britannique (St-Vincent était alors possession anglaise) que cette dernière en déporta la majeure partie dans l'unique territoire anglophone d'Amérique centrale, Belize. Les Caraïbes noirs, connus sous le nom de "Garifunas", s'adaptèrent à leur nouvel environnement et sont aujourd'hui une composante de ce pays aux côtés des Amérindiens, des Blancs, des Noirs et des Métis de toutes sortes.
L'histoire fabrique des langues, des religions, des cultures mais aussi de nouveaux peuples. Aucun peuple ne demeure inchangé même quand il conserve le même nom. Est-ce que les Grecs d'aujourd'hui, qui ont subi 4 siècles de domination ottomane, (turque) sont les mêmes que ceux de l'époque de Socrate et Platon 2.000 ans plus tôt ? Est-ce que les Ibériques qui ont subi 7 siècles de domination arabe (711-1492) sont restés identiques à eux-mêmes ? Evidemment non ! On peut multiplier les exemples à l'envie. Les Kalinagos de la Dominique d'aujourd'hui ne sont donc pas exactement les mêmes que ceux que Christophe Colomb et les conquistadors approchèrent à la fin du 15è siècle. L'histoire ("la seule chose que même Dieu ne peut changer" écrivait Descartes) est passée par là !
Veronica Elsina Burton, 102 ans donc, ne porte pas un nom amérindien. Sa coiffe n'est pas kalinago mais...indienne (tamoul) : c'est le fameux "madras" apporté par les travailleurs indiens sous contrat qui furent amenés aux Antilles après l'abolition de l'esclavage pour travailler dans les plantations de canne à sucre. Elle ne parle pas le kalinago, langue aujourd'hui éteinte, mais un créole à base lexicale française très similaire à celui de la Guadeloupe et de la Martinique ainsi qu'un peu d'anglais, langue officielle de la Dominique. Dans ses gènes, si le kalinago domine, il y a aussi de l'Africain et de l'Européen. A l'ONU, son pays s'appelle officiellement "Dominica" et non "Waïtoukoubouli", son nom kalinago pendant des millénaires.
D'où une question : si un Kalinago de 1492 pouvait renaître aujourd'hui, considérerait-il Mme Veronica Elsina Burton comme une authentique Kalinago ? Laissons les adeptes (Blancs, Noirs, Jaunes, Bruns et Rouges) de la pureté raciale, linguistique, culturelle etc...méditer là-dessus.
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite