Un mini "Gran Sanblé" pour les élections municipales à Foyal ?

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     Chacun se souvient comment, au second tour des premières élections territoriales (décembre 2015) une coalision de partis dits "de gauche" s'était alliée à un parti de droite et avait remporté les élections haut la main. 

     15.000 voix de différence entre la Coalition "Gran Sanblé" (gauche) + "Ba Péyi-a an Chans" (droite) et leur adversaire, le PPM. 

     Au début, tout roula "à l'aise comme Blaise sur la falaise" comme dit une vieille expression créole comme on peut le voir sur les photo ci-après :  

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    Puis, assez vite, des divergences apparurent au sein du GSPBPAC (Gran Sanblé Pou Ba PEYI-a An Chans) entre diverses factions : entre les indépendantistes du MIM et les "socialistes" du RDM, entre surtout la Gauche de la Coalition et sa Droite et, final de compte au sein même du principal parti, le MIM, d'Alfred Marie-Jeanne), qui vit deux de ses conseillers territoriaux s'en aller créer un nouveau parti !!! Des Brutus avaient infligé au Père le coup de Jarnac.

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    Assez vite, au bout d'à peine deux ans de mandature, le GSPBPAC devint une foire d'empoigne, un manjé-kochon au sein duquel chacun (hormis les communistes et les écologistes) s'employait à tirer la couverture à soi laquelle ne pouvait finir que par se déchirer. Si bien qu'en 2021, le PPM revint au pouvoir dans ce qui était une Collectivité Unique, chose qu'il avait pourtant combattu, jusqu'à appeler anbafey à voter contre l'Article 74 en janvier 2010, ce qui aurait pourtant permis à la Martinique d'accéder à un petit début de commencement d'Autonomie (mot d'ordre du PPM depuis sa création en...1958). 

   Dès lors, tout comme le GSPBAC s'était employé à démontrer que le PPM avait laissé un énorme déficit en 2015, ce même PPM en fit de même en 2021 ! Le "peuple", lui, n'avait jamais été dupe de ce cirque politicard et s'abstenait davantage à chaque élection. Qui sait par exemple, que nos chers (ères) députés ont été élus avec...25% de votants alors que dans l'Hexagone, un politique se serait senti humilié s'il l'avait été avec moins de 40% ? C'est tout cela qui a favorisé l'émergence d'un mouvement contre "la vie chère" qui voulait "aligner les prix" des produits alimentaires sur ceux de l'Hexagone. Revendication complètement surréaliste puisque même si les marges des importateurs (békés et autres) se voyaient réduites au minimum, il est impossible qu'une boite de beurre fabriquée en Normandie soit vendue au même prix "Là-bas" et "Ici" en Martinique. La classe politique, toutes tendances confondues, s'était alors retrouvée paralysée devant ce mouvement qui, au départ, refusa tout contact avec les partis traditionnels et les syndicats avant, devant l'épuisement de ses forces, de modifier sa ligne et même de créer un énième parti politique. 

   Bref, la Martinique se retrouve dans une impasse politique totale, sous le regard ravi de la tutelle française, un fonctionnaire "métro" de la Préfecture, exerçant aujourd'hui dans l'Hexagone, déclarant à qui voulait l'entendre mais en off : "Tant qu'ils ne nous font pas chier avec leurs histoires d'autonomie ou d'indépendance, tout va bien !". Il avait, sans même s'en rendre compte, pointé du doigt la vraie impasse dans laquelle se trouve notre classe politique. Sauf que pour une fois, la Droite assimilationniste ne se trouve pas en cause puisqu'elle n'a que 6 maires sur 34, 0 député et 0 sénateur. C'est la "Gauche" qui l'est et force est de reconnaitre qu'elle a trahi ses idéaux. 

   Ainsi, aux prochaines élections municipales, on nous annonce une sorte de mini-Gran Sanblé rassemblant des "indépendantistes" et des assimilationnistes socialistes. Pour ces derniers, la Martinique fait partie des "pays des océans", expression à la con inventée par ces brillants cerveaux afin de masquer la coloration infamante que comporte l'expression "d'Outremer". Elle profite, cette coalition, du lent mais apparemment inexorable délitement du PPM, miné par les défaites électorales et les problèmes judiciaires de ses principaux dirigeants. 

    Saura-t-elle faire mieux pour redorer le blason de Foyal ? On peut en douter, minée que cette ville a été par le Grand Supermarché (qui a éteint ses commerces), le Grand Ensemble (qui a vidé son centre-ville) et la Grand-Route (qui permet à tout un chacun d'aller où il veut, à La Galléria, à Océanis (Le Robert) ou Génipa (Ducos). Car, certes, la vie est chère mais cela n'empêche pas que la Martinique comporte 320.000 véhicules automobiles pour 350.000 habitants, ce qui est un record du monde. 

    Fort-de-France dépérit de manière inexorable et quelque soit le parti en place, il aura beau repeindre les rues en multicolore, multiplier les animations comme les Boucans de la Baie ou les arrivées de Transats, tenter de rénover les maisons en état d'abandon manifeste etc..., elle ne reviendra plus jamais aux 100.000 habitants d'autrefois. A l'époque d'ailleurs, la Martinique était la seule et unique capitale de la Caraïbe où plus du tiers de la population se trouvait rassemblée. Même en Guadeloupe, cela n'a jamais été le cas ! 

   Quel que soit donc le parti qui y remportera les municipales l'an prochain, il gagnerait à examiner de près comment font les autres capitales des îles voisines, notamment Bridgetown (Barbade). Et donc à poser la question qui fâche : ne serait-il pas tant de sortir du système français ? Cela sans haine ni des Békés ni de la France. 

   Mais ce n'est pas en faisant alliance avec des socialistes-assimilationnistes que pareille chose pourrait se produire. Ce mini-Gran Sanblé foyalais aboutira au même résultat que le Grand Sanblé de 2015. Wait and see !

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