Cet article aurait pu s'intituler "La démocratie se mord-t-elle la queue ?".
Car enfin à quoi riment toutes ces manifestations à travers la France contre "la montée de l'extrême-droite" ou "le fascime aux portes du pouvoir" ? Elles donnent à croire que les 48% de Français qui ont voté pour l'extrême-droite (RN + Reconquête + Phillipot + une partie des LR-Ciotti) sont des gens manipulés, voire des pauvres d'esprit. Des sortes de brebis égarées qu'il faut ramener dans le droit chemin. Or, les Français sont scolarisés et alphabétisés à pratiquement 100%, ils disposent de tous les moyens modernes d'information et de communication, ils ont la possibilité de voyager dans la quasi-totalité des pays du monde sans avoir besoin d'un visa, ils sont certes exploités, notamment les Smicards, mais ne meurent pas de faim comme dans nombre de pays à travers le monde, ils ont le RSA, l'Assurance-chômage, la CMU etc..., toutes choses inexistantes dans les 2/3 des pays du monde, si ce ne sont pas les 3/4.
Ils faut donc arrêter de les infantiliser et faire croire qu'ils ne savent pas, les pôvres, ce qu'ils font quand 48% d'entre eux votent pour l'extrême-droite.
Ils sont pleinement responsables de leur votre et en système "démocratique" occidental ont pleinement le droit d'exprimer leurs penchants ou leurs idées. Refuser d'admettre cela revient, pour la démocratie à se modre la queue ! Car elle ne peut pas dire qu'elle permet l'expression de toutes les opinions et en même temps refuser ou diaboliser l'une d'entre elles. Près de la moitié des Français sont soit xénophobes soit racistes et c'est là une réalité qu'on ne peut effacer en diabolisant ces gens.
A partir de là, une question se pose pour nos parents et leurs descendants (on en est déjà à la troisième génération) qui ont été déportés dans l'Hexagone par le BUMIDOM dans les années 60 : comment faire face à cette réalité à savoir qu'1 Français sur 2 qu'ils croisent dans la rue ou fréquentent au travail est soit xénophobe soit carrément raciste ? Sachant aussi, contrairement à ce que l'on imagine généralement, que l'accumulation des micro-agressions racistes est souvent plus terrible que l'agression physique au coin de la rue. C'est la concierge de votre immeuble qui ne répond pas à votre bonjour, c'est le voyageur collé à vous dans le métro bondé qui vous jette un regard de dégoût, c'est votre collègue de bureau qui s'adresse à vous comme si vous étiez son subalterne, c'est le restaurant où vous emmener diner votre petite famille à la veille du weekend qui vous fait comprendre, en vous servant avec du retard, que vous n'êtes pas les bienvenus, c'est votre fils qui est refusé en boite de nuit le samedi soir etc...etc...
Les médias se focalisent sur les agressions violentes et donc le spectaculaire, sauf que, Dieu merci, elles ne se produisent pas tous les quatre matins. Un Antillais, surtout une Antillaise, peut très bien vivre 20, 30 ou 40 ans en France sans avoir jamais subi la moindre agression physique mais des micro-agressions, elle en subira sans cesse. Mais ces mêmes médias n'évoquent jamais les micro-agressions, plus exactement, les micro-agressions qui jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année, vous minent le moral, vous détruisent à petit feu. Vous empêchent de vivre normalement.
Quand la gauche est au pouvoir, les micro-agressions ont tendance à diminuer. Quand c'est la droite, ells augmentent. Quand c'est l'extrême-droite, elles explosent, s'accompagnant d'agressions physiques. Le RN étant aux portes du pouvoir les Antillais de France vont-ils continuer à faire profil bas contrairement aux Africains (affaire Adama Traoré) et aux Maghrébins (affaire Nahel) qui ne se laissent pas faire. Un Antillais a été tué il y a deux mois dans une supérette du 9-3. Cela n'a fait que quelques lignes dans la presse. Il n'y a eu aucune manifestation. D'ailleurs, on ne connait même pas son nom. Il a été incinéré ni vu ni connu :
Or, nous, les doublement déportés (esclavage + Bumidom), devrions être ceux des immigrés qui demandent le plus de comptes à la France. Dix fois, cent fois plus que les immigrés africains et maghrébins. Elle a capturé nos ancêtres sur les côtes d'Afrique de l'Ouest et les a déportés aux Antilles pendant trois siècles pour les faire travailler comme esclaves dans les plantations des Békés. Par la suite, elle a déporté nos parents dans les années 60 du 20è siècle par le truchement du BUDIDOM parce que la France de l'Après-guerre avait besoin d'ouvriers, d'aides-soignantes et d'infirmières, de postiers, de servantes et de nounous, d'agents de police et de douaniers. Nos parents ont ainsi contribué à ce petit miracle que furent les "Trente Glorieuses" tout comme les immigrés africains et maghrébins.
Or, aujourd'hui, tout cela est oublié ! L'extrême-droite raciste envisagerait même de créer une sorte de visa d'entrée dans l'Hexagone pour les Antillais et les Guyanais au motif d'enrayer l'arrivée de drogues en provenance d'Amérique du Sud. Sans même parler du fait que la nationalité de quelqu'un n'est pas inscrite sur son visage : noir, un Antillais est pris pour un Africain ; métis, il est pris pour un Maghrébin. En cas de ratonnade, un Antillais pourra toujours arguer de sa nationalité mais cela ne lui servira à rien. D'ailleurs, quand est-ce qu'un sociologue ou un historien compilera les agressions publiquement connues (par la presse) qui ont visé les Bumidomiens depuis 1960, soit plus d'un demi-siècle ?
Le pire, en ce moment, c'est que les Français cherchent à nous obliger à prendre position sur leurs problèmes à eux, notamment l'antisémitisme. Or, n'étant ni Arabes ni musulmans nous n'avons à condamner qui que ce soit et surtout pas les Palestiniens qui sont, eux aussi, des déportés. Des milliers de soldats antillais sont morts au combat pendant la Deuxième Guerre Mondiale, contre le nazisme donc, et nous ne devons pas autoriser un quelconque "Français de souche" à nous demander si nous condamnons le Hamas. S'il en vient à insister, il faut lui demander ce qu'ont fait ses parents ou grands-parents pour bloquer les 79 convois de Juifs français qui ont été envoyés dans les camps d'extermination nazis. Qu'on-t-ils fait lors de la Rafle du Vel d'Hiv' au cours de laquelle 9.000 policiers et gendarmes ont arrêté 13.000 Juifs (parmi lesquels 1/3 d'enfants) qui ont été, eux aussi, déportés.
Nous, Antillais, doublement déportés, nous n'avons pas de leçon sur l'antisémitisme à recevoir de qui que ce soit.
Pour en revenir à la prochaine accession au pouvoir de l'extrême-droite en France, il est urgent pour les Bumidomiens et leurs descendants de s'organiser comme le font les Africains et les Maghrébins afin de riposter à toute attaque raciste.
Le temps des risettes du "bal-boudin-acras-zouk" est fini !
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite