C'est un sujet qui fâche et qui fâchera. Mais il faudra bien se résoudre à le poser un jour.
L'énigme est la suivante : comment expliquer qu'il n'y ait jamais eu un (e) seul (e) ministre ou secrétaire d'Etat "Négropolitain" dans aucun gouvernement français de la Ve République pourtant née en... 1958. Par "Négropolitain" ou mieux "Antillanopolitain" ou "Guyanopolitain", il faut entendre les descendants des Antillais et Guyanais arrivés en France dans les années 50-60 dans le cadre du BUMIDOM (Bureau des Migrations des Départements d'Outre-Mer). Les différents gouvernements français ont certes compté de nombreux ministres ou secrétaires d'état "de couleur" mais nés en Guadeloupe (Bambuck, Michaux-Chevry, Lurel, Pau-Langevin, Penchard, Flessel, Bénin etc...), nés en Guyane (Bertrand, Taubira) et nés à la Réunion (Raymond Barre, E. Bareigts etc.), mais AUCUN QUI SOIT NE ET ELEVE dans l'Hexagone.
Comment expliquer cette énigme qui est en fait une anomalie d'autant que lesdits gouvernements ont compté et comptent toujours de nombreux ministres et secrétaires d'Etat d'origine africaine et arabe nés sur le sol français. C'est encore le cas pour l'actuel gouvernement de Michel Barnier. Ces immigrés africains et arabes sont pour la plupart arrivés en France dans les années 50-60 et ont très largement participé à la reconstruction de la France d'après-guerre, ces fameuses "Trente glorieuses" qui ont permis à celle-ci de figurer dans le TOP 5 (aujourd'hui le Top 7) des pays les plus développés du monde (petit rappel : l'ONU compte... pays). Les immigrés du BUMIDOM ont, eux aussi, apporté leur pierre à cette reconstruction.
Sauf que ces derniers et leurs descendants au cours du demi-siècle écoulé, en dépit de la dureté du déracinement qui leur fut quasiment imposé, se sont trouvé dans une situation beaucoup moins critique que leurs alter ego africains et arabes. En effet :
. ils avaient la nationalité française et n'avaient pas à faire des queues interminables devant les préfectures pour obtenir des "cartes de séjour" et s'ils commettaient des délits, ils n'étaient pas expulsables contrairement aux Africains et Arabes.
. ils parlaient français, même si c'était parfois fautivement, alors que la majorité des immigrés arabes et africains, de première génération en tout cas, ne connaissaient que quelques mots dans la langue de Molière et étaient pour beaucoup analphabètes, ce qui n'était pas le cas des Antillanopolitains, des Guyanopolitains et des Réuniopolitains.
. ils étaient de religion chrétienne alors qu'Africains et Arabes étaient pour la plupart musulmans.
. ils étaient filles de salle, infirmières, facteurs, commis, policiers, employés d'administration, douaniers etc...et non ouvriers du bâtiment et des travaux publics comme les immigrés arabes ou éboueurs comme les immigrés africains.
Comment expliquer alors qu'avec ces indéniables avantages, ils n'ont jamais eu le moindre ministre ni secrétaire d'état alors que dès la deuxième génération, Arabopolitains et Afropolitains ont commencé à en avoir, cela jusqu'à aujourd'hui ?
Question qui fâche comme on le voit mais qu'il faut bien se résoudre à poser. Nous n'avons pas la réponse...
NB. Nous avons posé la question à notre grand philosophe à bretelles insulaire, le bien connu Titus Sonsonnus, qui nous répondu ceci : "Yo enkapab fè an tjou-patat an Fwans, mé yo ka déviré Matinik pou ba nou lison ! Tjiiip !". Pour la traduction, consulter le dictionnaire Gaffiot.
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Les propos de Crusol sont gravissimes .C'est néanmoins une analyse originale qui mérite qu'on s'y Lire la suite
Rien de plus facile que de modifier la constitution. Lire la suite
Commentaires
UN SUJET QUI FÂCHE ET QUI FÂCHERA QUI ? ...
MONTHIEUX Yves-Léopold
01/10/2024 - 18:55
... Pas grand monde. Même pas les petits enfants qui sont tout à pleurer, sous toutes les formes littéraires, le bagne que leurs grands-parents ont prétendument refusé de leur décrire.
“Comment expliquer qu'il n'y ait jamais eu un (e) seul (e) ministre ou secrétaire d'État "Négropolitain" dans aucun gouvernement français de la Ve République ?”
Ce n’est pas la première fois que Fondas se pose cette question à laquelle j’avais tenté de répondre ici même. Cependant, ce qui m’avait frappé et qui me frappe encore, c’est le nombre d’avantages que l’auteur reconnaît tout à coup à ceux qui, à leur départ “pour France”, avaient été affublés du statut de “déporté”. Une critique tenace qui a persisté dans la bouche des générations suivantes comme reçue d’une leçon rabâchée par leurs aînés. S’agissait-il peut-être de déportation de luxe ?
Quels avantages ! la nationalité française, dit l’auteur (ils n'avaient pas besoin de "cartes de séjour" : “s'ils commettaient des délits, ils n'étaient pas expulsables” contrairement aux Africains et Arabes”) ; “ils parlaient français alors que les autres étaient pour beaucoup des analphabètes” ; “ils étaient de religion chrétienne alors qu'Africains et Arabes étaient pour la plupart musulmans” ; “ils étaient filles de salle, infirmières, facteurs, commis, policiers, employés d'administration, douaniers etc...et non ouvriers du bâtiment et des travaux publics comme les immigrés arabes ou éboueurs comme les immigrés africains”. N’en jetez plus...
Comment a-t-on pu reconnaître tout à coup tant d’avantages chez des jeunes à l’égard desquels il n’y avait pas de mots assez durs. Ils étaient pestiférés, demeurés, tèbès, traitres à la nation, traitre à une révolution qui n’a jamais commencé. Il leur était reproché le manque de bras pour le développement de leur pays dont la population avait pourtant augmenté de 55 000 habitants en 18 ans de BUMIDOM. Qu’on ne dise pas que ces accusations visaient l’institution, mais des femmes et des hommes en chair et en os. De la part d’aucun sociologue, anthropologue, géographe, romancier, cinéaste, historien, politique, bref, aucun intellectuel martiniquais – Dieu sait combien il en eut pour salir les Bumidomiens – il n’avait été fait état des avantages, si nombreux réunis dans cet article ici.
Est-ce une forme de repentance ? Que diable ! Il pourrait plutôt s’agir pour l’auteur de porter à son paroxysme de vieilles accusations et d’en appeler à ces privilèges pour mettre en évidence - astuce de romancier - sa propre conclusion, mise dans la bouche du savant Titus Sonsonus : "Yo enkapab fè an tjou-patat an Fwans, mé yo ka déviré Matinik pou ba nou lison ! Tjiiip !" Pawol-la di i byen di.
A mon avis, l’auteur avance sur un terrain dangereux. Ne voudrait-il pas essentialiser une manière de bêtise propre aux bumidomiens et renvoyer ces derniers à des incapacités qui leur seraient consubstantielles. J’avais osé écrire ici même que le tarif qu’ils avaient dû supporter, en fait de mépris et de dénigrement, du fait des intellectuels martiniquais avait pu les conduire à raser les murs et voir leurs ambitions s’éroder. Puisqu’ils étaient selon l’auteur à l’abri des difficultés, j’ose ajouter qu’ils ont dû faire les frais de l’adage “ trop de confort ne favorise pas l’effort”.
C'EST LA FAUTE DES INTELLECTUELS ANTILLAIS...
Albè
02/10/2024 - 03:09
...si les Bumidomiens n'ont u aucune Rachida Dati, Rama Yade ou Sibth N'Diaye ni non plus aucun Koffi Gnamnane ! Wouaaaw ! Salauds d'intellectuels, va ! Sauf que pour que ce raisonnemnt tortueux fût vrai encore faudrait-il que ces intellectuels aient été lus à Créteil, Garges ou quelque autre ville. On peut en douter.
Parfaitement Albè ...
MONTHIEUX Yves-Léopold
02/10/2024 - 07:19
Oui, Albè..., tout le vocabulaire qui est rappelé dans mon post, (je répète : "déportés", "pestiférés", "demeurés", "tèbès", "traitres", "prostituées" et pis encore) est parti des cénacles d'intellectuels en apprentissage de nationalisme qui, au vu du succès remporté par le BUMIDOM auprès des jeunes désoeuvrés et de leurs parents, ont paniqué. Ils voyaient s'évanouir leurs rêves d'indépendance. La chair à révolution imaginée que pouvaient susciter insatisfactions et mécontentements, disparaissait. Les maîtres déçus qui, situés souvent à Paris, avaient cru ferme à un début de révolution, sont à l'origine des expressions savantes et pourtant fumeuses qui faisaient florès, lesquelles ont souvent culpabilisé, perturbé et décontenancé : diminution de la population qui n'a jamais cessé de progresser (de 270 000 en 1962 à 326 000 en 1982), prétendu manque de bras pour le développement de la Martinique, instrumentalisation du mot de Césaire "génocide par substitution" etc... etc.... Toute cette sémantique inconsidérée ne sortait pas de la plume des Ti Sonson (pêcheurs, agriculteurs ouvriers et artisans de tous métiers, parents des partants) qui n'ont jamais participé à aucune des manifestations organisées ici et là-bas contre le BUMIDOM.
Oui Albè..., dès l'annonce de la création du BUMIDOM, toutes ces abominations ont été créées et véhiculées par les nationalistes intellectuels (et par personne d'autres). Brisant leur élan et leur confiance, elles ont chargé le sac à dos psychologique de ces Martiniquais qui partaient ailleurs se faire un avenir.
Oui Albè..., plus que l'hiver, plus que le racisme, plus que le déracinement (difficultés qui sont de tous les temps et de toutes les latitudes) le mépris de ces personnes a été le handicap qui les a réduits à fuir la lumière et à se taire même dans la famille.
Oui Albè... Mais ce que j'avais surtout retenu du papier de FONDAS, c'est que les bumidomiens avaient des atouts importants qui ne faisaient pas d'eux des "déportés" et vous devriez en être remercié. En revanche les petits et arrière-petits-enfants auraient besoin qu'on le dise plus fort afin de briser ce plafond de verre psychologique sous lequel ils sont depuis trop longtemps maintenus. Ils ne méritent pas le reproche de n'avoir pas su s'en affranchir plus tôt pour en faire des ministres.
Oui Albè.. je crois qu'il y a là un début de réponse à la question de FONDAS. Mais si vous avez une autre, dites-le, n'attendez pas que le gouvernement fouançais s'en occupe.
CE N'EST PAS LE GOUVERNEMENT FRANCAIS...
Albè
02/10/2024 - 16:08
...qui s'est occupé de promotionner les Rachida Dati, Rama Yade ou encore... Gérald Darmanin. Ce dernier l'a d'ailleurs dit lors de la passation de pouvoir au Ministère de l'Intérieur avec le facho qui l'a remplacé : "Si je m'appelais Moussa, je ne serais jamais devenu ni député ni ministre !". Or, aucun Bumidomien ne s'est jamais appelé ni Moussa ni Boubacar ni Aminata. Que des prénoms tout ce qu'il y a de plus français et chrétiens, donc les excuses; c'est bon là ! Ca suffit ! A l'époque, il n'y avait pas Internet et les Bumidomiens ne pouvaient savoir ce que disaient d'eux les intellectuels que vous critiquez. D'ailleurs ils ne lisaient et ne lisent toujours pas les livres écrits par ces derniers. Exemple : à Toulouse, dans une grande librairie '"Les Ombrages"), deux auteurs (un Marocain et un Antillais) ayant reçu un grand prix littéraire signent leur ouvrage côte à côte. Au bout d'un moment, le Marocain demande à l'Antillais : "Il n'y a pas d'Antillais à Toulouse ? Je n'en vois aucun dans ta file". En effet, la file de lecteurs venus chercher une dédicace était 50% française et 50% marocaine pour l'auteur marocain et 100% française pour l'auteur antillais !!! A n moment, un homme âgé arrive à la table de l'auteur marocain, lui tend son livre pour dédicacer et lui dit dans un français hésitant et avec un fort accent arabe : "Je ne sais pas lire, c'est pour mon fils Mouloud qui travaille bien à l'école. En tout cas, je suis fier qu'un Marocain ait obtenu un tel prix !". Donc, arrêtons les fausses excuses, svp !
débat pas débat
MONTHIEUX Yves-Léopold
03/10/2024 - 06:41
On ne va pas s'étendre davantage sur le sort des Bumidomiens qui, en une manière de syndrome de Stockholm, semblent avoir définitivement adopté le costume qui leur a été fabriqué. D'où probablement la démarche presque anthropologique d'Albè qui estime qu'une catégorie spéciale de "domiens" est née, dont il ne pense pas grand bien, c'est peu dire. Ce serait la pire qui soit, jouisseuse, inculte et qui ne tenterait pas de s'affranchir de sa condition, contrairement aux autres communautés d'immigrés. Pour ma part, je crois que l'institution du bumidom qui s'inscrit certes dans une perspective de géopolitique plus large ne vaut pas tant d'opprobre et que le domien de France pourrait être, y compris, le résultat du mépris qu'ont subi les personnes qui y ont eu recours.
PAS DU TOUT
Albè
03/10/2024 - 10:45
Je ne méprise personne. Je m'interroge juste pour tenter de comprendre pourquoi les Bumidomiens, après 60 années de présence sur le sol français n'ont jamais eu de Rachida Dati ou de Koffi Yamgnane. Rien de plus !