C'est un phénomène qui accompagne depuis plus de dix ans maintenant la globalisation et le primat de la technologie. Principal foyer infectieux : Facebook. En ces lieux, décrits parfois comme un avatar de la toile mondiale, le World Wide Web, on signale une épidémie qui occasionne déjà d'importants ravages. Sinon irréversibles car chaque clic génère une reproduction par scissiparité de comportements erratiques.
Le genre humain est en proie à une transhumance de l'intelligence à grande échelle. Même de vénérables seniors connaissent des épisodes de prurit prépubère. Quel que soit l'âge, les symptômes avant-coureurs sont reconnaissables entre mille : fatuité, égotisme, narcissisme. La progression est généralement fulgurante. Attestée par des cataractes de " reels " , de vidéos et de selfies.
Les variants sont tenaces: nombrilisme, infantilisme, pusillanimité. Cela se vérifie toujours par des déclinaisons répétées de posts empreints de superficialité à doses massives, d'immaturité caractérisée, de frivolité et de futilité aggravées. Crétinerie en illimité. Le sujet est invariablement autocentré. Très partageux. Quelle prolixité dans l'anecdote contrebalancée par une disette manifeste en éléments structurants d'une vie, dense, consistante et enjouée. Exemple très abouti de ce qu'est un nivellement par le bas. Le Facebookeur endurci et sa version féminine tiennent absolument à montrer au monde entier ce qu'il fait du réveil au dodo, comment il s'y prend pour faire, comment il se muscle et comment elle se maquille, tube de dentifrice compris, ce qu'il mange, sa boisson préférée, ses musiques favorites, comment il danse, saute, tressaute, se dandine, virevolte et se secoue cuisses, fessier, croupe, bassin, hanches, épaules, torse, seins et autres morceaux de choix...Une vraie leçon d'anatomie.
On sait tout de ses passions rudimentaires et des animaux qu'il affectionne. Tout échantillon d'intimité puérile devient séquence d'anthropologie à dimension planétaire. De plus en plus souvent carrément intergalactique. Curieusement, jamais ce qu'il lit, ce qu'il écrit, ce qu'il étudie. Encore moins ce qu'il invente. L'intellect au placard ! Le message, le seul qui vaille, c'est comme je suis beau et belle. Je me mire et m'admire. Du haut de mes réseaux asociaux : Facebook, Instagram, Tik Tok, je me contemple. Je me congratule d'abondance. Comme je vaux le coup ! Que je suis digne d'intérêt ! Je vais là où se pressent les followers énamourés, les abonnés de mon fan-club indigent et les groupies idolâtres de si peu. Gagas à gogo. Je suis le centre de gravité et la clé de voûte de l'univers numérique.
A chaque fois que je me regarde, je tombe en pamoison. Et j'exige que les témoins de ma vie digitale éprouvent le frisson du big bang initial. Voyez à quel point la pathologie est inquiétante. L'avenir de l'humanité dans un écosystème responsable est-il compromis ? A tout le moins, il est en jeu et en question. Circonstance aggravante. Il n'y a à ce jour aucun remède efficace, aucune pharmacopée éprouvée. Pas de médicament. Pas de traitement curatif. Mais en amont, pas de vaccin non plus.
Cette épidémie semble consubstantielle à notre ère vouée à la modernité triomphante. A chacun de savoir s'il faut s'en mortifier ou s'esbaudir. Se flageller ou se réjouir, dès maintenant il faut choisir.
Patrick Chesneau
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Commentaires
Difficile de "choisir''...
Frédéric C.
28/12/2022 - 21:34
En effet, dans FB (par exemple), au milieu d'un océan de bêtise(s) à ciel ouvert, on rencontre parfois des posts, des commentaires et des personnes intéressantes, qui argumentent sérieusement sur ce qui se passe dans le monde, dans tel ou tel pays, ce qui provoque des discussions intéressantes voire passionnantes, nous obligeant parfois à ajuster nos positions... Mais c'est vrai que ce qui domine c'est plutôt le nombrilisme +++, le "je me montre", l'exhibitionnisme à tout-va, et la bêtise humaine étalée au grand jour. Avec en prime des "pseudos" souvent ridicules qui illustrent les fantasmes "idéologiques" de certains "nationalistes" ou "patriotes" Mquais qui n'oseraient jamais manifester au grand jour pour défendre leurs idées (ou ce qui en tient lieu), ni distribuer des tracts, ni écrire des articles sans pseudos... mais qui se lâchent littéralement, et individuellement, derrière leur ordinateur pour balancer toutes sortes de conneries... Le pire, c'est qu'il nous faut être vigilant pour ne pas tomber dans l'addiction, qui est plus qu'un virus, mais une méga-infection nous poussant TOUS à un individualisme forcené dans le virtuel. La "foule solitaire" transposée dans l'univers de Philip K.Dick.... Car pour peu qu'on soit un peu fatigué, on baisse la garde, et on cède... Le "choix" n'est il pas : 1/Faire le tri et zapper les bêtises présumées. 2/et en même temps : s'interdire de passer + d'un certain temps par jour (de 30' à 1H gd maximum) sur ces "merveilles technologiques" qui tuent petit à petit la pulpe de nos vies et de nos relations réelles, souvent à notre insu?
Difficile de "choisir''...
Frédéric C.
28/12/2022 - 21:42
En effet, dans FB (par exemple), au milieu d'un océan de bêtise(s) à ciel ouvert, on rencontre parfois des posts, des commentaires et des personnes intéressantes, qui argumentent sérieusement sur ce qui se passe dans le monde, dans tel ou tel pays, ce qui provoque des discussions intéressantes voire passionnantes, nous obligeant parfois à ajuster nos positions... Mais c'est vrai que ce qui domine c'est plutôt le nombrilisme +++, le "je me montre", l'exhibitionnisme à tout-va, et la bêtise humaine étalée au grand jour. Avec en prime des "pseudos" souvent ridicules qui illustrent les fantasmes "idéologiques" de certains "nationalistes" ou "patriotes" Mquais qui n'oseraient jamais manifester au grand jour pour défendre leurs idées (ou ce qui en tient lieu), ni distribuer des tracts, ni écrire des articles sans pseudos... mais qui se lâchent littéralement, et individuellement, derrière leur ordinateur pour balancer toutes sortes de conneries... Le pire, c'est qu'il nous faut être vigilant pour ne pas tomber dans l'addiction, qui est plus qu'un virus, mais une méga-infection nous poussant TOUS à un individualisme forcené dans le virtuel. La "foule solitaire" transposée dans l'univers de Philip K.Dick.... Car pour peu qu'on soit un peu fatigué, on baisse la garde, et on cède... Le "choix" n'est il pas : 1/Faire le tri et zapper les bêtises présumées. 2/et en même temps : s'interdire de passer + d'un certain temps par jour (de 30' à 1H gd maximum) sur ces "merveilles technologiques" qui tuent petit à petit la pulpe de nos vies et de nos relations réelles, souvent à notre insu?
LE PIRE
Albè
29/12/2022 - 11:28
A mon sens, le pire dans tout ça, c'est la confusion que font les internautes entre RESEAUX SOCIAUX et SITES-WEB. Pourtant, la différence est claire comme de l'eau de roche ; sur un réseau social (Facebook, Instagram etc.), n'importe qui peut écrire ce qu'il veut alors que sur un site-web, ce n'est pas possible. Je vais assez souvent sur le site du CNRS et je consulte des articles mais tout ce que moi, simple quidam, peut faire, c'est de laisser des "Commentaires". Comme je le fait d'ailleurs sur le site-web FONDAS. En fait, un site-web est un journal en ligne et la rubrique "Courrier des lecteurs" des journaux-papier correspond à la rubrique "commentaires" des sites-web. Alors, évidemment, chaque fois que des politiciens sont pris en défaut et sont critiqués par un site-web (/un journal en ligne), ils balayent les critiques d'une main en disant qu'ils ne regardent pas les réseaux sociaux. Ou, précisent certains, "les blogs". Or, là encore, il y a un distinguo important à faire : un blog est la version en ligne du journal intime d'avant l'Internet. Une seule et unique personne s'y exprime ! Alors que sur un site-web, on a au contraire affaire à un vrai journal avec des rédacteurs ou collaborateurs réguliers.