Poèmes pour le temps présent

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

ENTROPICAL

 

Sous nos entropiques, hélas, en butte au cancer,

rêve de paradis mué en cauchemar d’enfer,

mon île se délite et retourne poussière

au gré des attaques incessantes du temps…

 

Sous l’effet du réchauffement de l’atmosphère

son rivage est rongé peu à peu par la mer…

Sable abrasif issu d’un lointain continent

embrumant l’horizon, apporté par les vents…

Algues mortes échouées, empuantissant l’air…

Pesticides empoisonnant ses sols et rivières…

 

Sous ces coups de butoir d’une entropie funeste

futur n’est qu’un retour au chaos progressif

aussi inéluctable que l’éloignement

des galaxies depuis l’aube de l’univers !

 

Et quand l’homme lui-même, à l’ère anthropocène,

de cette ruine se fait le metteur en scène,

accélérant encore ainsi le mouvement,

que pouvons-nous y faire, en est-il même temps ?

 

Don Quichotte, jadis, ne fut-il pas vaincu

par des moulins à vent ayant l’air de géants

et malgré son sang chaud, n’y pensa plus vraiment…

 

Que pourrait aujourd’hui sa folie nécessaire

contre antennes 5G et giga-éoliennes ?

Bien trop “piqué”, trop fantasque, trop picaresque !

Que de vertus en trop pour un pauvre héros

qui face à l’entropie trop y cale, bien trop !

 

                                       ***

 

DÉCOLONIALISME

 

Si tout à coup nos îles

comme de grands radeaux

pouvaient flotter sur l’eau,

faisant fi des périls

 

et larguant leurs amarres,

partir à la dérive,

voguant vers d’autres rives…

Elles se sentent mal

 

car elles en ont marre

de l’isthme colonial

qui les tient prisonnières

d’au-delà de la mer…

 

Savoir perdre le nord

pour naviguer plein sud

et changer d’attitude

pour une vie plus rude,

 

ça n’est pas si facile…

Il faut se montrer fort

en ayant simplement

un très bon capitaine

 

qui vous mène sans peine,

poussés par le bon vent,

vers d’autres latitudes

et d’autres habitudes…

 

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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