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ENTROPICAL
Sous nos entropiques, hélas, en butte au cancer,
rêve de paradis mué en cauchemar d’enfer,
mon île se délite et retourne poussière
au gré des attaques incessantes du temps…
Sous l’effet du réchauffement de l’atmosphère
son rivage est rongé peu à peu par la mer…
Sable abrasif issu d’un lointain continent
embrumant l’horizon, apporté par les vents…
Algues mortes échouées, empuantissant l’air…
Pesticides empoisonnant ses sols et rivières…
Sous ces coups de butoir d’une entropie funeste
futur n’est qu’un retour au chaos progressif
aussi inéluctable que l’éloignement
des galaxies depuis l’aube de l’univers !
Et quand l’homme lui-même, à l’ère anthropocène,
de cette ruine se fait le metteur en scène,
accélérant encore ainsi le mouvement,
que pouvons-nous y faire, en est-il même temps ?
Don Quichotte, jadis, ne fut-il pas vaincu
par des moulins à vent ayant l’air de géants
et malgré son sang chaud, n’y pensa plus vraiment…
Que pourrait aujourd’hui sa folie nécessaire
contre antennes 5G et giga-éoliennes ?
Bien trop “piqué”, trop fantasque, trop picaresque !
Que de vertus en trop pour un pauvre héros
qui face à l’entropie trop y cale, bien trop !
***
DÉCOLONIALISME
Si tout à coup nos îles
comme de grands radeaux
pouvaient flotter sur l’eau,
faisant fi des périls
et larguant leurs amarres,
partir à la dérive,
voguant vers d’autres rives…
Elles se sentent mal
car elles en ont marre
de l’isthme colonial
qui les tient prisonnières
d’au-delà de la mer…
Savoir perdre le nord
pour naviguer plein sud
et changer d’attitude
pour une vie plus rude,
ça n’est pas si facile…
Il faut se montrer fort
en ayant simplement
un très bon capitaine
qui vous mène sans peine,
poussés par le bon vent,
vers d’autres latitudes
et d’autres habitudes…
Patrick MATHELIÉ-GUINLET
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