Quand nos partis "indépendantistes" se remettent à parler du "statut de la Martinique"

   Tétanisés par le mouvement des aligneurs de prix sur la "Métouopole", nos principaux partis dits indépendantistes ou souverainistes se sont subitement réveillés de leur coma ce weekend. 

   Ces messieurs-dames, qui pour la plupart sont des sexa-septua-octogénaires, nous ressortent la question du statut de leur chapeau-bakwa élimé. A les entendre, il faudrait un "vrai pouvoir local" qui serait en mesure de "contrôler la fiscalité" de façon à en imposer aux "patrons capitalistes" et bla-bla-bla... Sans blague ! Certains ont été au pouvoir à l'ex-Conseil Régional, puis à la CTM, d'autres disposent de deux députés à l'Assemblée nationale de l'Amère-patrie et pourtant la question du statut n'a pas avancé d'un demi-millimètre depuis plus de deux décennies. D'autres encore, non-élus ceux-là, flattent le mouvement des aligneurs de prix ou tentent pathétiquement de s'accrocher à lui par le biais des syndicats.

   Ce spectacle serait risible s'il n'était pas tragique. 

   Tragique car nos "indépendantistes" de tous bords, de toutes obédiences, ont représenté un espoir pour le peuple martiniquais. Sinon comment expliquer que nos cousins guadeloupéens et guyanais n'aient jamais eu de présidents de collectivités ni de députés indépendantistes (et quasiment pas de maire) ? C'est parce que, oui, le peuple martiniquais a cru en eux, a cru en leur parole et leurs promesses et cela jusqu'à tout récemment. Or, qu'ont-ils fait de cette confiance ? Ils l'ont gaspillée soit, pour les uns, en se contentant de gérer le système en place soit, pour les autres, les non-élus, en se complaisant dans un discours marxisto-révolutionnaire complètement hors-sol s'agissant de la Martinique et irréaliste au plan géopolitique (les Yankees n'accepteront jamais un deuxième Cuba dans ce qu'ils considèrent comme leur arrière-cour à savoir la Mer des Caraïbes, ce qui explique pourquoi ils sont en train d'asphyxier le Venezuela où 7 millions de gens ont déjà dû s'expatrier).

   Cette génération de sexa-septua-octogénaires n'a toujours pas compris que deux possibilités, seulement deux, s'offrent désormais à elle : soit démissionner de leurs postes d'élus et laisser la génération des quadragénaires tenir latjé pwel la soit faire une auto-critique sans concession et surtout publique de leur action politique depuis nanni-nannan. Comme ils et elles n'abandonneront jamais leur tot (sinécure dans la langue officielle de la République), puisqu'ils ne rendront jamais leur tablier lequel semble être leur raison de vivre, reste à espérer que tous (les électoralistes comme les non-électoralistes) se décideront enfin, sans langue de bois, à questionner leurs pratiques et l'échec cuisant de ces dernières. Car pour un indépendantiste sérieux (ou sincère), demander à ce que la boite de "La Vache qui rit" soit vendue au même prix au Gros-Morne et à Garges-Lès-Gonesse est la négation même du combat que certains, bombant le torse, assurent avoir commencé à mener depuis les années 70 du siècle dernier.

   On se serait donc attendu que face au mouvement des aligneurs de prix, ils fassent leur mea culpa ou leur auto-critique. Or, rien de tout cela ? Ils nous ressortent leurs mêmes vieilles rengaines alors qu'ils sont LES DEUXIEMES RESPONSABLES avec les "autonomistes" de cette demande de continuité territoriale newlook. Les premiers responsables sont bien évidemment les Békés blancs et les Békés de couleur avec les marges exorbitantes qu'ils pratiquent depuis des lustres non pas seulement sur les produits alimentaires mais bien tous les produits importés. 

   Sinon, on n'entend plus nos "autonomistes" qui, la queue entre les jambes face au mouvement des aligneurs de prix, sont tout aussi responsables de la situation actuelle. Ils sont deuxièmes ex-aequo avec les "indépendantistes" et le refus obstiné de ces deux mouvances de faire cause commune, de trouver un modus videndi (comme c'est le cas à Tahiti, en Corse, en Kanaky etc...) est le signe ni plus ni moins de notre infantilisme. Chaque mouvance s'imagine pouvoir imposer son seul point de vue, renforcé dans cette idée par le fait qu'ils gagnaient, à tour de rôle, des postes de maires, de conseillers territoriaux, de présidents de collectivité ou encore de députés. Sauf que les succès électoraux des deux mouvances n'ont eu qu'un seul effet notable : évincer quasiment la Droite assimilationniste du paysage politique martiniquais.

   Or, qu'ont fait nos "autonomistes" et "indépendantistes" de ce succès ? RIEN !

   On ne saurait donc que leur conseiller tous et toutes de quitter sans plus tarder la scène politique et de laisser la place à la génération des quadragénaires. Ce que veut et que fera cette dernière n'est, en effet, pas du ressort de gens qui, pour beaucoup, ne seront plus là en 2030 et plus du tout en 2040.

Commentaires

Les "anciens" ne feront JAMAIS leur "autocritique"...

Frédéric C.

29/09/2024 - 19:30

...et c'est bien le drame. On pourrait énumérer quasiment TOUTES les organisations (ou ce qu'il en reste)! Leurs dirigeants, souvent imbus de leurs personnes, n'accepteront JAMAIS de reconnaître qu'ils ont mené la Mque sur une voie de garage ou carrément "à la cassé"... Dans la période récente, l'Alliance GS et "départementalistes" (2015) a semé encore plus de confusion dans la population, puisqu'en face il y avait le parti pseudo-autonomiste créé par Césaire et désormais dirigé par Letchimy... Par ailleurs, dans d'autres pays on a vu des choses inimaginables pour certains : Accords de Matignon de 1988 en Nouvelle-Calédonie, Accords d'Oslo "Gaza et Jéricho d'abord" (sabotés par l'extrême droite israélienne), Accords de Klerk-Mandela débouchant sur la liquidation de l'apartheid... Ce genre de "modus Vivendi", évoqué dans l'article, n'est pas vraiment satisfaisant, du moins pour les "puristes" des 2 camps, mais ça peut être un "pas en avant" fait collectivement, ce que refusent les "puristes" de tous bords... Résultat: nous sommes encore plus dans la "nuit coloniale", pire qu'en fin de 20é siècle puisque désormais les gens ne se cachent plus pour dire qu'ils votent pour les néo-fascistes français, sans même avoir lu leur programme mélanophobe où les F.D.O. pourraient faire ce qu'elles veulent : ça "sent" le mai 67 guadeloupéen!... Quant à la jeune génération de politiciens Mquais, si elle accède aux manettes, on peut être sceptique, vu l'exemple laissé par les actuels septuagénaires, qui ne parlent plus du tout de la "question nationale Mquaise"... Ès nou sé on péyi krazé ?

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