Quand Saint-Pierre rencontre Garges-lès-Gonesse

   Du 28 mars au 01 avril, une délégation de la municipalité de Saint-Pierre conduite par son premier édile Christian Rapha est allée à la rencontre des Pierrotins et des Antillais de Garges-lès-Gonesse à l'invitation du maire de cette ville, Benoît Jimenez. 

   Garges-lès-Gonesse est une ville de 45.000 habitants de la proche banlieue parisienne où cohabitent toutes sortes de nationalités, Français bien sûr, mais aussi Arabes, Africains, Turcs, Sri-Lankais, Indiens, etc...et environ 4.000 Antillais. Pas moins de 70 langues y sont parlées ! Il y règne une étonnante convivialité entre les différentes communautés, ce qui fait que l'installation d'une crèche à Noël dans les locaux municipaux ou l'instauration d'un marché du ramadan n'a provoqué aucune levée de boucliers comme cela est souvent le cas dans d'autres villes.

   La délégation pierrotine fut d'abord invitée à l'inauguration d'un impressionnant complexe culturel, le CUBE GARGES, comportant 8.000m2 de matériel informatique (Fab Lab), d'une bibliothèque et d'autres outils qui permettront à la population gargeoise d'accéder aux dernières technologies. Cet établissement entend devenir une référence dans le domaine des arts numériques au niveau de l'Hexagone.

   Le lendemain, la délégation pierrotine fut conduite au cimetière de Garges par le maire Benoit Jimenez et l'un de ses collaborateurs, Amine Boubekeur, afin de déposer une gerbe en l'honneur des décédés de l'Outremer que ce soit les soldats morts dans les guerres mondiales ou les victimes de catastrophes comme l'éruption de la montagne Pelée (30.000 morts) ou le crash de la West-Caribbean. Benoit Jimenez et Christian Rapha ont prononcé une allocution devant la stèle commémorative avant d'y déposer des gerbes.

   Puis, la délégation s'est rendue à l'impressionnant Carrefour Louis Delgrès où une cérémonie identique a eu lieu, Christian Rapha rappelant dans son discours que celui-ci était natif de Saint-Pierre et qu'il combattit en Guadeloupe contre le rétablissement de l'esclavage par Napoléon Bonaparte. Il cita le début de la déclaration de Delgrès et de ses compagnons avant, qu'acculés par les forces napoléoniennes, ils ne décident de faire exploser le fort où ils s'étaient retranchés.                                         Après un repas indo-créole dans un magnifique restaurant dénommé Coffee India, en présence du maire de Garges et de ses collaborateurs, chose qui a permis à la délégation pierrotine de retrouver les saveurs du pays dans une ambiance musicale créole, tout ce monde s'est rendu au salon d'honneur de la mairie pour une conférence, à l'initiative de l'APM (Association Pierrotine Mai 1902), association antillaise de Garges vieille de 30 ans.

   Benoit Jimenez, le maire de Garges, Christian Rapha et Raphaël Confiant de la délégation pierrotine ainsi que Chantal Clem, présidente de l'association "Femmes-Totem de l'Outremer", se sont succédés à la tribune. Le premier se réjouit des liens tissés entre sa ville et Saint-Pierre grâce à des associations antillaises, chose amplifiée par les excellentes relations qu'il entretient avec Christian Rapha. Il annonça que des initiatives sont en cours de réalisation pour faciliter les échanges d'expériences de part et d'autre et surtout l'aide que l'une et l'autre ville peuvent s'apporter. 

   Les deux autres orateurs présentèrent le grand projet de la municipalité pierrotine : "Saint-Pierre 2023-2033 : un défi territorial". R. Confiant et C. Rapha ont dévoilé les grandes lignes de ce projet qui consiste à revitaliser Saint-Pierre non pas pour tenter nostalgiquement de recréer "le Petit Paris des Antilles", mais pour enfin lui permettre d'utiliser au mieux les atouts historiques, patrimoniaux, culturels et économiques dont elle dispose pour redevenir l'un des pôles d'attractivité de la Martinique. Projet ambitieux qui mobilise depuis plus d'un an divers acteurs sous la houlette d'un comité de pilotage dirigé par Raphaël Confiant et Lucie Manuel.

   Puis, Mme C. Paderna, chef de projet à Cap Nord, présenta, par visioconférence, l'opération PVD (Petit Ville de Demain) qui concerne Saint-Pierre, le Carbet, Trinité et Sainte-Marie. On y découvrit différents projets, dont certains déjà en cours, qui permettront de rénover l'habitat urbain pierrotin, certaines portions détruites par l'éruption de 1902 ne l'ayant jamais été. Ainsi, la rétrocession du camp militaire Billote à la municipalité de Saint-Pierre offre une formidable opportunité pour rassembler les écoles primaires dans un ensemble verdoyant de trois hectares. Sinon le dispositif PVD permet d'attribuer aux commerçants et aux entrepreneurs qui veulent s'installer en centre-ville d'obtenir des déductions fiscales intéressantes, l'objectif étant de redynamiser le coeur des villes au lieu de les faire s'étendre avec des zones commerciales éloignées.

   Puis, la conférence s'acheva avec une intervention de Chantal Clem, présidente de l'association "Femmes-totem d'Outremer", qui avec sa fougue et son talent oratoire bien connus incita les Antillais vivant en France à s'impliquer dans le développement de leurs territoires respectifs. Elle insista sur le fait qu'ils doivent, notamment les jeunes, se réapproprier leur histoire (rappelant au passage qu'elle fut professeur d'histoire) et singulièrement celle de Saint-Pierre, ville qui rayonna dans les Amériques avant l'éruption, ce qui est une source de fierté. Saint-Pierre dont Chantal Clem assura qu'elle peut, avec de la volonté politique, retrouver la place qu'elle mérite au sein du pays-Martinique. 

   Enfin, une séance de signatures de leurs ouvrages respectifs rassembla R. Confiant, C. Rapha et C. Clem avant que le public soit convié au cocktail offert par la municipalité de Garges. 

   Ces liens très forts entre les édiles des deux villes augurent de projets en commun dans un proche avenir.