REMUE-MÉNINGES PATRONAL

Patrick Chesneau

   Université d'été pour une rentrée au taquet dans un contexte économique maussade. Invitée spéciale, la Première ministre, héraut du combat de classe.

   Observation liminaire : Université et MEDEF, ça ne va pas ensemble. D'autant que les agapes intellectuelles du patronat sont organisées en cette fin août. Non pas au cœur de l'été où l'on pouvait oser une parenthèse insouciante mais à l'orée de la rentrée. Méthodologie de la préservation des intérêts du capital oblige. L'appel du devoir répond à la supplique de l'investissement. Les bilans comptables doivent juguler la spirale de l'inflation. C'est ce que nous serine le discours officiel forgé par la pensée affairiste dominante. A moins que la grimpette vertigineuse de trop nombreuses étiquettes ne soit l'alliée objective des marges bénéficiaires.  Au profit du CAC 40 et concomitamment, au détriment des budgets populaires de plus en plus garrottés par les contraintes économiques. 

   Les chefs d'entreprises et autres capitaines d'industrie ne réfléchissent jamais gratuitement, juste pour la beauté d'un concept. Non ils optimisent. Ils rentabilisent. Ce symposium du capitalisme accueille Elisabeth Borne, théoricienne du néo-libéralisme appliqué, pratiquante assidue d'un art martial consistant à utiliser les faiblesses de l'adversaire de classe pour dérouler le tatami aux plans de licenciements. Ayant jadis fricoté avec la gauche (modérée, on se rassure. Pas bolivarienne) elle sait en effet mieux que quiconque dans les légions romaines qui avancent en quinconce à l'extrême-centre, étouffer les colères syndicales et annihiler les revendications des travailleurs. Désamorcer les doléances combatives. 

   La Première Ministre, adepte du tri sélectif idéologique. Elle a jugé opportun de ne pas honorer de sa présence toute gouvernementale les Universités d'été du Part Socialiste et de LFI. Dans ses mémos, Olivier Faure... connaît pas. Et pas non plus de notice d'utilisation applicable à un quelconque dialogue sur le pouvoir d'achat avec le dépité de Marseille, Jean-Luc Mélenchon. Le chef de file de la gauche radicale a expliqué qu'il n'est pas en retraite mais en retrait. Il participe au débat mais en hauteur. Une sorte de gourou de secours. Quoi qu'il en soit, il faudra compter avec lui et le potentiel offensif de son mouvement. Ses troupes semblent remontées à bloc. Dans leur bréviaire militant, une accroche fétiche : l'inflation est un accélérateur de la lutte des classes. 

   Dans ce contexte de défiance à haute sismicité, l'Université du MEDEF est en fait une cellule de crise alors que les forces sociales agrégées par le cartel NUPE NUPES NUPS veulent œuvrer au déclenchement d'une déferlante de luttes sociales. Prévue pour cet automne hexagonal, quand les feuilles de paie jaunies par une croissance atone tomberont dans les foyers paupérisés. Et, faute d'augmentation du SMIC et de réévaluation des salaires, se ramasseront... à l'appel des profits patronaux. En perspective, des fiches de paie anémiées, vite pliées en quatre, chiffonnées sous le coup de la rage et du désespoir prolétaire. Les managers, surtout ceux qui se désignent comme grands, aiment le cash-flow. Ça coule de source. Pas la politique. Pas celle qui réclame justice et équité à tous les échelons de la société. La lutte des classes restera le fil conducteur de la rentrée des clashes.

 

PATRICK CHESNEAU

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