Personne ne prêtera sans doute attention à ce sujet de bac qui vient d'être donné à l'épreuve de philosophie aux filières dites "générales". Pourtant, il s'agit d'un sujet non seulement bateau, mais surtout idiot et pervers.
En effet, la science n'a jamais fait partie de la fameuse "culture générale" dans le système scolaire et universitaire français, sauf évidemment pour les élèves des classes scientifiques qui poursuivent ensuite à l'université dans ce même domaine. Et encore ! Ces derniers, futurs scientifiques donc, ne sont presque jamais appelés à réfléchir à ce que sont les disciplines dans lesquelles ils et elles ont investi tant d'efforts et d'années d'études. Ce qui explique pourquoi on considère qu'un "intellectuel" est toujours un historien, un anthropologue, un sociologue, un linguiste, un juriste, un économiste, un psychologue ou un psychanalyste et presque jamais un physicien, un chimiste, un mathématicien ou un biologiste. Presque jamais !
Et quand un Luc Ferry, philosophe et ancien ministre de l'Education nationale se permet de proclamer que "les mathématiques ne servent à rien", personne ne lui fait remarquer que sans les mathématiques, l'ineptie qu'il a proférée à la radio, à la télévision ou sur son ordinateur n'aurait eu aucun écho et se résumerait à un banal propos de café du commerce. Il est vrai qu'avant lui, Jean-Paul Sartre écrivait que ni la science ni le cogito cartésien ne permettent d'accéder à la connaissance véritable. Doctement, le créateur de l'existentialisme déclarait même : "Science c'est peau de balle !". Vieille expression française qui signifie "La science équivaut à rien !".
Arrogance risible de la philosophie française qui à partir du 18è siècle, après donc ces philosophes-mathématiciens que furent Descartes et Pascal, a tourné le dos à la science. Arrogance d'autant plus risible que comme tout un chacun, ces contempteurs de la science utilisent tous les jours voiture, téléphone, avion et désormais ordinateur qui sans les mathématiques et la physique n'auraient jamais vu le jour ! Mais quand on examine la question de plus près affirmer que la science ne sert à rien est sans doute vrai car après tout l'être humain n'a besoin que d'une technologie rudimentaire pour vivre et survivre. Un exemple : les Inuits (appelés autrefois "Eskimos") ont vécu 3.000 ans sans mourir de froid grâce à leurs igloos dont la construction relève de la technologie. Ils n'ont pas eu besoin de savoir qu'au-dehors, il faisait -40° ! Pour savoir cela, il faut d'abord avoir l'idée de mesurer la température, ensuite il faut créer un système de mesure (Celsius, Fahrenheit, Kelvin) et enfin fabriquer un outil de mesure à savoir le thermomètre. Toutes choses qui relèvent de la science ! Les Touaregs dans le désert du Sahara n'ont pas eu besoin non plus de savoir qu'il faisait + 40°.
Pour vivre et survivre, en effet, l'être humain n'a besoin que d'une technologie certes rudimentaire mais efficace.
Où se situe donc le problème chez nos philosophes contempteurs de la science ? Il réside dans leur profonde malhonnêteté intellectuelle car si on rejette ou méprise la science, on doit prôner le retour à une vie semblable à celle des Inuits ou des Touaregs, modes de vie tout à fait respectables soit dit en passant. On ne doit pas utiliser la voiture, le train, l'avion ou l'ordinateur qui sont des produits de la science et d'elle seule. En ce sens, un Pierre Rabhi était mille fois plus honnête et cohérent que nos chers philosophes, lui qui prônait le retour à la nature. D'ailleurs, comment des philosophes ne savent-ils pas distinguer la technologie qui relèvent de l'invention de la science qui, elle, relève de la découverte ? On peut pardonner à un Aimé Césaire de tancer "l'architecte aux yeux bleus qui a inventé l'électricité" vu qu'il est poète et ne sait pas que Maxwell n'a pas "inventé" du tout l'électromagnétisme mais qu'il en a "découvert" les lois. De même : Newton n'a pas "inventé" la gravitation, Julius Plucker n'a pas "inventé" l'électron, Einstein n'a pas "inventé" la Relativité générale etc...
C'est d'ailleurs bien pourquoi chaque année à Paris se tient le Salon de Inventeurs, dit Concours Lépine, qui récompense des personnes qui, la plupart du temps n'ont aucune formation ni aucun diplôme scientifique. Elles inventent le fil à couper le beurre, la poupée gonflable, la brosse à dents électrique, le panier à trottinette etc... En 1970, un dénommé Morlet avait même obtenu le Grand Prix pour avoir inventé la machine à enlever... des chaussetes. Pas question pour autant de mépriser ces "inventions"! Elles sont parfois utiles et améliorent notre vie quotidienne. Mais le Prix Nobel, lui, est décerné aux "découvreurs", notamment les physiciens et les chimistes. Certes, à compter du 19è siècle, la technologie traditionnelle s'est arrimée à la science et elles travaillent aujourd'hui de concert mais il faut se garder de les confondre. Ceux qui construisent les navettes spatiales (technologie) ne sont pas ceux qui en paramètrent leur trajectoire dans l'espace (science). Sans Newton, Hubble, Einstein ou Webb, les premiers se contenteraient de fabriquer des trotinettes. Plus méchamment, Georges Lemaitre, l'éminent physicien à qui on doit le concept de "l'atome primitif", parlait de "physique pour fabriquer des frigidaires"...
Pour en revenir au sujet de philosophie du bac, aucun élève de "filière générale" ne sait tout cela par la faute du système scolaro-universitaire français qui a été incapable de créer une "culture générale scientifique". Le mot "générale" dit bien ce qu'il veut dire : on n'a pas besoin d'être capable de résoudre des équations pour en savoir un minimum en matière de sciences. D'ailleurs, les plus grands scientifiques se sont astreints à publier des ouvrages de vulgarisation (chose à laquelle ne se serait jamais abaissés un Sartre en philosophie ou un Lacan en psychanalyse). D'Einstein à Stephen Hawking en passant par Stephen Jay Gould, Richard Dawkins, Jared Diamond, Carl Sagan etc...on ne compte plus les ouvrages qui, sans faire de nous des savants, nous dessillent les yeux.
Or, les élèves de Terminale des filières dite "générales" ne sont pas incités par leurs professeurs de philosophie à lire ces ouvrages et ils ne leur en parlent jamais ! Et quand on voit lesdits professeurs palabrer, pour ne prendre que cet exemple, sur la notion de Temps, grandiloquer même, sans avoir la moindre notion de la Relativité générale, on mesure à quel point ce sujet de bac ("La Science a-t-elle toujours raison ?") est idiot.
Et puis, lire des ouvrages de vulgarisation scientifique a un autre bienfait, un bienfait collatéral, en plus de nous rendre moins ignares, ils nous invitent à moins invoquer et nous agenouiller devant Jéhovah-Allah-Legba-Krishna-Bouddha-Pacha-Mama ...
"National" au sens "national Mquais". Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant...
Lire la suite...mè "dannsòl".
Lire la suiteSi on vous comprend bien, MoiGhislaine, le charbon de Lorraine devrait, pour reprendre votre expr Lire la suite
Je crains que vous n'ayez mal compris cet article. A moins que ce ne soit moi qui me trompe. Lire la suite
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite