Il y a quelques semaines, notre site publiait la lettre ouverte du militant panafricaniste martiniquais Seku MANGA dénonçant son arrestation par la police de la République Démocratique du Congo (ex-Congo Belge), pays où il vivait sans le moindre problème depuis plusieurs années.
Il lui est reproché de n'avoir pas de visa de séjour en règle et fut alors emprisonné. Aujourd'hui, il est menacé d'expulsion vers un pays que les autorités congolaises ne lui ont pas indiqué. Très probablement la France puisqu'il dispose, en tant que Martiniquais, d'un passeport franco-européen. On peut être d'accord ou pas d'accord avec le panafricanisme développé à cors et à cris par certains Caribéens mais force est de reconnaître que Seku MANGA a mis ses idées en application contrairement à certains (es). Ceux qui, crachant sur cette culture créole que nos ancêtres réduits en esclavage parvinrent si difficultueusement à créer, se réhumanisant ainsi au sein du pire des systèmes, continuent pourtant à vivre tranquillement dans la Martinique ou la Guadeloupe "colonisées". Bien avant S. MANGA d'ailleurs, des rastas jamaïcains avaient franchi le pas en émigrant en Ethiopie où l'Empereur Haïlé SELASSIE leur avait accordé des terres, autour de la ville de Shashamene, où leurs descendants vivent encore de nos jours.
C'est, en effet, le droit le plus absolu d'un Afrodescendant des Amériques de s'installer dans le pays africain qu'il veut et Seku Manga a raison lorsque, dans sa lettre, il demandait aux états africains le droit de voyager librement sur la terre de ses ancêtres, indépendamment des frontières établies à l'époque de la colonisation et, hélas, confirmées, au moment de la décolonisation dans les années 60. Cette exigence n'a absolument rien d'extraordinaire ni d'extravagant ! L'Inde, par exemple, accorde ce droit aux descendants des Indiens qui subirent l'engagisme au 19è siècle à savoir le transbordement de centaines de milliers de ses citoyens à l'ile Maurice, à la Réunion, en Afrique du sud, en Guadeloupe, en Martinique, au Surinam, au Guyana ou encore en Jamaïque. Cela alors même que l'engagisme fut "moins pire" que l'esclavagisme.
Les ennuis auxquels est confronté Séku MANGA reposent en fait la question des relations entre Caribéens et Africains et force est de constater que le discours des afrocentristes caribéens est peu clair sur le sujet. Leur vénération d'une Afrique "matricielle" leur fait oublier qu'il ne saurait être question pour nous, Caribéens, de pointer du doigt et de stigmatiser les seules puissances coloniales européennes. Certes, ces dernières, sont, et de loin, les premiers responsables de ce crime contre l'humanité que fut l'esclavage et il est scandaleux de constater qu'elles se refusent à verser des réparations aux Caribéens, mais passer sous silence la complicité, tantôt passive tantôt active, de certains royaumes africains au moment où l'Europe avait investi le continent noir, relève de l'aveuglement. De l'auto-aveuglement !
Savent-ils, les panafricanistes caribéens, que la semaine dernière, aux Etats-Unis, dans la ville de Kansas-Ciy, une délégation composée de 100 Ghanéens (parmi lesquelles des rois), délégation conduite par OBOKESE ANPAH 1er, a organisé une cérémonie solennelle afin de "présenter des excuses" aux Noirs américains pour la participation de leurs ancêtres à la Traite négrière. Ce ne fut pas quelque chose de confidentiel ou organisé par quelques excentriques, mais une manifestation réalisée dans le cadre de la Décennie Internationale des Personnes d'Ascendance Africaine sous l'égide de l'ONU.
Sinon, pour parler sans fard, si nos ancêtres caribéens subirent, deux siècles et demi durant, les "cachots d'Habitation" chaque fois que l'un d'eux osait se rebeller contre le système esclavagiste, Béhanzin, roi du Dahomey, lui, fut déporté à la Martinique avec ses six épouses, ses enfants et toute sa cour, puis incarcéré au...Fort Tartenson où il eut le gîte et le couvert. Pas dans un cachot ! C'est qu'il fut l'un des plus importants grossistes de "bois d'ébène" dans la deuxième moitié du 19è siècle et ne fut mis en état d'arrestation par les colonialistes français qu'à partir du moment où il décida de cesser ses activités.
Pour en revenir à aujourd'hui, si l'Europe doit payer des réparations pour l'esclavage, l'Afrique se doit de le faire également mais certainement pas en espèces sonnantes et trébuchantes. S'agissant plus précisément de "dernières colonies" que sont la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane, nous sommes en droit d'attendre deux gestes forts des états africains :
. qu'ils s'emploient à faire inscrire nos trois pays dans la liste des territoires à décoloniser établie par l'ONU, liste dans laquelle figurent la Kanaky et la Polynésie. 55 pays africains peuvent parfaitement trouver des appuis auprès d'états moyen-orientaux, asiatiques, sud-américains et polynésiens pour pouvoir obtenir un vote majoritaire sur cette question.
. que les pays africains, disposant d'importantes ressources minières, nous promettent des livraisons gratuites de pétrole et de gaz naturel pendant les dix premières années de l'indépendance de nos pays. En effet, nos trois pays (Guadeloupe, Martinique, Guyane) comportent à peine 1 million d'habitants et leur consommation en hydrocarbures est minusculissime à l'échelle mondiale.
Car, présenter des "excuses" aux Noirs américains comme viennent de le faire ces rois du Ghana, c'est bien, c'est mieux que rien, mais cela ne suffit pas. Et si Seku MANGA a été emprisonné et est désormais menacé d'expulsion du Congo-KInshasa, c'est d'abord et avant tout à cause du colonialisme européen mais aussi de l'indifférence des élites africaines à notre endroit, nous autres, Caribéens. Nous disons bien "les élites", pas "les peuples" !
En clair, si l'Europe doit payer des réparations pour l'esclavage tout comme elle l'a fait à Israël à cause du nazisme, l'Afrique, elle, doit prendre ses responsabilités à notre endroit.
MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, LIBEREZ SANS DELAI SEKU MANGA, ARRIERE-PETIT-FILS D'ESCLAVE !
Dans notre langue, le Kréyol : Ladjé frè-nou Séku Manga lamenm !
Dans votre langue, le Swahili : Mwachilie mara moja ndugu yetu Seku Manga !
Il y a une quatrième raison plus puissante que les trois précédentes réunies. Lire la suite
A quand la continuité territoriale entre Grand-Rivière et Ste Anne ?
Lire la suiteMalgré la rage qui me ronge de voir mon île dévastée par des étrangers venus d'ailleurs qui sont Lire la suite
...cette précision, cela n'a rien à voir avec le fond de l'article. Me semble-t-il...
Lire la suite"National" au sens "national Mquais". Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant...
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Commentaires
Solidarité dans la lutte
Adaman Toure
07/10/2022 - 04:35
Africains d’Afrique, Africains des Caraïbes, Africains de par le monde, nous sommes colonisés par le même système impérialiste, par la même élite aliénée, nous sommes confinés dans la même pauvreté et sujets au même génocide culturel et au même racisme systématique.
Donnons-nous la main pour triompher de ces régimes d’aliénées dans nos propres pays.
Battons-nous pour maintenir la pression, accompagner l’effondrement des États africains républicains post coloniaux (qui s’effondrent déjà d’eux-mêmes).
Battons-nous pour la réhabilitation des identités culturelles, de nos langues, de notre dignité, de nos droits culturels, de l’ensemble de nos droits fondamentaux reconnus à l’homme et au peuple, de nos dignités coutumières et de nos institutions natives.
Notre organisation État de l’Union se veut un État virtuel panafricain pour celles et ceux qui se réclament d’une citoyenneté africaine, qui revendiquent leur appartenance à un peuple africain.
Notre État ambitionne de parvenir à l’obtention de la liberté de mobilité et d’établissement de tous les Africains (Afro-descendants inclus) en Afrique.
Nous ambitionnons de proposer et de garantir la protection diplomatique et consulaire de notre État à tous nos citoyens africain dans le monde.
Nous sommes très préoccupés par le sort de Seku Manga pour qui nous allons intervenir, par la précarité juridique des Afro-descendants dans leur propre foyer national, l’Afrique et par le niveau d’obscurantisme des dignitaires républicains africains au pouvoir qui ne sont pas foutus de capter le sens de l’histoire et croupiront tôt ou tard devant les ancêtres et devant l’éveil du peuple dans la poubelle de l’histoire.
Soyez toujours plus nombreux à nous rejoindre pour que notre État acquiert plus de légitimité et plus de capacités pour défendre les nôtres dans le monde et pour qu’une autre Afrique soit possible.
Écrivez-nous sur les réseaux sociaux, par mail via etatdelunionafrique@gmail.com
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Rejoignez nos associations et communautés locales les Villages africains, à l’instar du Village africain de Genève ou celui de Fribourg.
Sinon contactez-nous pour en créer un dans votre localité.
Une autre Afrique est possible.
Veuillez nous aider à nous procurer le contact des proches de notre aîné, notre Bɛnba, Seku Manga.
Adaman Toure
Membre du Conseil de l’Union (Conseil exécutif)
État de l’Union
APPAREMMENT
Albè
07/10/2022 - 08:33
Vous avez apparemment mal lu cet article à moins que vous ne l'ayez survolé. Cet article dit clairement que les Antillais sont des...Antillais et pas des Africains mais qu'ils respectent et doivent valoriser leurs lointains ancêtres. Il dit aussi que les responsables et chefs d'état africains ont des devoirs envers les Antillais et les Noirs américains car nombre d'empires africains ont collaboré avec le colonisateur européen dans la mise en place de la traite négrière. Votre histoire d'Etat de l'Union Africaine n'est qu'une fumisterie. Il suffit de voir les massacres perpétrés en Ethiopie contre les Erythréens d'abord, puis les Tigréens aujourd'hui. Quant à votre "Village africain de Fribourg" et " Village africain de Genève", laissez-moi rire ! C'est au coeur de l'Europe colonialiste et raciste que vous comptez en poser les fondations ???!