Solidarité avec Barbara Olivier-Zandronis

Patrick Chesneau

    Le journalisme est une exigence. La complaisance ne peut être une consigne

    Inacceptable, révoltant, inadmissible. La sanction dont Barbara Olivier-Zandronis fait l'objet est une attaque frontale contre le journalisme et l'éthique qui va avec. Sa conduite de l'entretien tenu avec Jordan Bardella peut encourir des critiques. Comme tout travail public. Mais rien qui soit de nature à justifier une mesure disciplinaire à son encontre. Son mode de questionnement peut appeler des remarques. Mais dans le fil de ses questions au président du RN, rien qui puisse légitimer une quelconque punition. Car c'est de cela qu'il s'agit.  Elle n'a en aucune manière outrepassé les limites dans lesquelles une interview soucieuse d'obtenir des réponses argumentées et non biaisées doit s'inscrire. 

   Aucun journaliste n'est astreint à la complaisance sur commande. Non à la langue de bois et aux questions sciemment convenues. Tout intervieweur se doit de tendre vers un questionnement  courtois mais pugnace. Voire percutant dès lors que l'invité a toute latitude pour répondre et s'exprimer à sa guise. Mon avis personnel est que Jordan Bardella s'est révélé  insuffisant sur le fond et inconvenant dans la forme.

  Incapable à plusieurs reprises d'une réponse circonstanciée et éclairante qui soit dénuée d'ambiguité, il a réagi en interprétant toute question précise comme une agression à son endroit.  Technique usuelle quand le but circonstanciel est d'éluder et de noyer le poisson. Le patron du RN a tenté de conflictualiser l'entretien pour masquer ses non-réponses. Barbara Olivier-Zandronis a choisi de s'en tenir à un questionnement sans concession. Avec persistance mais sans brutalité. Cela l'honore. Pour le plus grand bien des auditeurs et de la qualité de l'information à laquelle ils ont droit. Elle n'a aucunement été insolente,  malséante ou malveillante. Pousser un responsable politique dans ses retranchements, comme on dit trivialement, pratiquer le droit de suite dans les questions, mettre à nu les éventuelles contradictions et incohérences de l'interlocuteur public est une démarche de rigueur quand le cadre est celui du journalisme professionnel. Aucune malhonnêteté intellectuelle. Aucun coup bas de la part de la journaliste incriminée par les patrons de la radio qui l'emploie. Auune sortie de route par manque de professionnalisme.

  Il faut donc contraindre la direction de RCI Guadeloupe à s'expliquer. Quitte à entamer une confrontation sur le plan des arguments avec les dirigeants de cette station qui se targue pourtant de tourner le dos au journalisme-carpette. Celui des accomodements, des petits arrangements et des renoncements. Ce serait inévitablement au détriment de la seule information. La direction de RCI Guadeloupe doit reconnaitre sa mauvaise appréciation de la situation. Qui se traduit en conséquence par une erreur manifeste de management.

Il lui faut revenir sur sa décision injustifiée. Et rétablir Barbara Olivier-Zandronis dans tous ses droits professionnels. Puisque c'est son métier, elle doit retrouver son libre exercice de l'antenne. C'est la moindre des honnêtetés dont la direction de RCI Guadeloupe doit faire preuve à l'égard de ses auditeurs et de l'ensemble des guadeloupéens.  

   Soutien résolu à Barbara Olivier-Zandronis. Le plein exercice de sa profession doit lui être reconnu. Notamment, elle doit retrouver la fonction de présentatrice qui était la sienne à l'antenne de RCI Guadeloupe.

Patrick Chesneau

Ancien journaliste à RCI Martinique puis à TCI Martinique.

Ancien journaliste et rédacteur en chef adjoint à ATV Martinique.

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