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Sur les réseaux prétendument sociaux, le regard croise des appels décoiffants. Enjoignant les Martiniquais à se montrer rebelles " comme ils l'ont toujours été " y compris dans l'histoire récente.
Rebelles?????? Contre quoi ou qui au juste et comment? Mystère antillais et boule de gomme madininesque. Rebelles, c'est quelque chose qui reste à voir. Faut-il se référer à l'actualité? Quelle est la valeur de la violence improductive et auto-émasculatrice dans la perspective de la construction d'une nation: affrontements, échauffourées, barrages, pillages, incendies. Prurit d'une révolte immature. Sans traduction ni débouché politique.
A défaut d'être rebelles et intransigeants sur la nécessité de faire émerger une société nouvelle, les Martiniquais sont-ils audacieux? Quels éléments à l'appui d'un tel jugement? Et sur quel plan? Institutionnel? Pour beaucoup, la tutelle honnie est celle de l'état colonial. La Martinique, ce n'est pas la France. Certes. Mais c'est bel et bien la République Française. On ne nie pas le réel. Il s'impose. Les forces supposément indépendantistes au pouvoir régional pendant quelques bonnes années n'ont pas pu, pas su ou pas voulu inverser cette logique de domination exogène. En quoi ont-ils contribué à trancher le noeud gordien entre la centralité parisienne, régulièrement appelée métropole et l'île aux fleurs trop vite fanées quand existent des tentatives pour ensemencer l'avenir. Et faire advenir le scénario d'un futur étatique intégralement martiniquais.
La revendication au pouvoir fort et à la responsabilité intrinsèque est désormais tempérée par un irrépressible désir de continuité territoriale. Au chapitre électoral, qui a rejeté l'article 74 sinon le corps électoral du pays des mornes et des ravines? Sur les réseaux dits sociaux, on a l'impression que les natifs natals de l'île aux leurres sont tous des militants décoloniaux déterminés, anti-colonialistes conséquents, des révolutionnaires adeptes de la guérilla identitaire, en lutte farouche pour l'indépendance pure et dure. Comme dit l'autre...tu parles. Les trois quarts de ces activistes du terrain numérique sont des guerriers en peau de manicou ( j'aime les manicous ) dans la vraie vie. Si les Martiniquais, majoritairement, fondamentalement, résolument, voulaient vraiment l'indépendance, ne l'auraient-ils déjà obtenue il y a longtemps? A la condition de l'unité et de la clarté. A cause de beaucoup d'agitation sans contenu idéologique précis, sans réelle portée politique et de beaucoup d'irrésolution, d'ambiguité et de postures diverses et avariées...pratiquement rien n'a encore bougé d'un iota structurel. A peine quelques modifications d'ordre cosmétique.
Et rien qui permette d'augurer des changements de nature plutôt que simplement de degré.
Rien, en tout cas, sur le plan de l'évolution statutaire. Malgré leurs rodomontades, la plupart des élus ( pas tous...Il existe heureusement quelques remarquables individualités ) se complaisent dans un cadre institutionnel contraignant. Ils en retirent quelques miettes d'avantages. Le tout saupoudré d'un compère lapinisme extrêmement résistant.
Cherche vrai leader désespérément.
Que font-ils et que disent-ils à ceux qui seraient tentés par un saut qualitatif substantiel dans le domaine législatif et sur le chapitre de l'armature institutionnelle mais qui craignent la généralisation de méthodes et de pratiques macoutes accompagnant l'instauration d'un état autochtone de non-droit.
A la lumière de l'actualité, une question irréfragable est inlassablement posée quand bien même pratiquement personne ne l'aborde frontalement. Le mouvement contre la vie chère ( revendication ultra légitimissime ) c'est quoi? Une demande de plus de " Français à part entière " ( continuité territoriale, alignement des prix sur l'Hexagone européen, traitez-nous comme des Français républicains ) ou c'est une demande de plus de " Français entièrement à part " ? Ce qui équivaudrait à la séparation irréversible d'avec l'amère patrie. En clair, l'indépendance et la quête de souveraineté.
L'ambiguïté continue donc. Elle est mortifère.
Les Martiniquais vont-ils un jour trancher une bonne fois pour toutes devant l'histoire? Se choisir un destin à très long terme et non pas soumis à toutes sortes de zanzolages circonstanciels et de toutes qualités de palinodies opportunistes.
Français ou pas Français?
On rêve de plénitude d'identité la nuit. Le jour, on consent vaille que vaille à payer les traites de la 4/4.
Les Martiniquais, Français choisis ou Français subis ? Soif de justice, d'égalité et de citoyenneté tricolore ou faim de différenciation et de spécificité ? Intégration renforcée ou particularisme exacerbé?
Encore une fois, les événements actuels semblent bien être une occasion manquée. Beaucoup jouent, à leur corps défendant ou par tactique assumée, sur les deux tableaux.
Expédients et faux-fuyants ont encore un bel avenir.
Au flou!
Patrick Chesneau
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