En Thaïlande : sur la Croisette, le festival de Cannes ; A Bangla Road, le festival des canettes

Patrick Chesneau

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   La France au firmament du 7ème art.  Rideau samedi dernier sur le plus grand événement cinématographique mondial. Les feux seront rallumés en 2026.

   Changement de décor. A des milliers de kilomètres, on déroulait simultanément le tapis rouge à d'autres stars. Petite différence, ce festival dure toute l'année. Au coeur de l'Asie nimbée de mystères. 

   En Thaïlande, Singha, Chang et Leo sont trois divas, illustrant l'impérissable légende des gosiers assoiffés. Pendant les journées écrasées de chaleur, elles éclosent au fond de toutes les glacières du Royaume. En jaillissent quand on fait appel à elles. Ici, la montée des marches coïncide avec l'ouverture.....du frigo. Incontestablement, le meilleur répertoire du trio prodige consiste en une interprétation des plus bluffantes: transformer les heures indues du public noctambule en autant de soirées de gala.

    Drapées dans leur robe onctueuse, arme miraculeuse de séduction massive, ces valeurs sûres des lieux festifs n'ont qu'une promesse à la bouche: désaltérer. Comme un serment réitéré jusqu'à plus soif. Proposées à la dégustation générale en bouteilles ou en cylindres métalliques, elles se distinguent d'abord par leur logo.

   Singha, c'est, en majesté, la crinière du lion indompté. Héritière de traditions mythologiques. Chang, la trompe facétieuse de l'éléphant. A la verticale pour barrir au plus profond des estaminets siamois. A force de goulées chatoyantes,  elle prétend imbiber de bonheur tous les palais qu'elle habite. Quant à Leo, elle emprunte à l'agilité du léopard. D'un bond, le breuvage de couleur fauve entraîne irrésistiblement dans la profondeur des jungles sombres et mystérieuses du Nord escarpé, puis dans la brillance des rizières en damier de l'Isaan rustique, avant de rencontrer l'éclat immaculé des ilôts qui parsèment l'immensité turquoise de la mer Andaman. De larges rasades en gorgées parcimonieuses, on devine en arrière-glotte un grondement urbain. C'est Bangkok, la ville géante qui feule et ronronne uniquement quand elle est repue. Un concentré d'instincts constamment inassouvis. Hydre tentaculaire jamais rassasiée. Autant dire qu'elle est insatiable. Il faut pourtant tenter d'étancher cette soif éperdue. On se rend compte, au fur et à mesure des lampées, de la fantastique odyssée amoureuse qu'il nous est ainsi donné de partager.  

   En trois bières, toutes les facettes d'un terroir enchanté. La sensualité qui se constate par un filet de mousse sur les lèvres est un gage de bienvenue au pays de l'inextinguible sourire. Décapsulez... Et que   fuse l'élixir mordoré. 

Sabai sabai...Dans tous les bars du Royaume, connivence identique, répétée des millions de fois chaque jour, avec les marques glamour de la scène locale. 

   Cette jovialité souvent trop démonstrative chez les visiteurs venus de loin, se répand dans toutes les provinces calées entre les deux grands fleuves mythiques, Mékong et Chao Phraya. La capitale bien sûr,  Krungthep Maha Nakorn de son nom thaï, par le prisme de quelques quartiers phare: Khao San Road, Sukhumvit, Silom Thaniya Plaza ou Thonglor Ekkamai. Extension du périmètre de consommation jusqu'à Chiang Mai, Pattaya singulièrement Walking Street,  Hua Hin, Koh Samui Chaweng et Phuket, Bangla Road à Patong.  

   Dans cette guirlande d'enclaves à haute fréquentation touristique, les verres débordent, la joie intempestive coule à flot, charriant son lot d'excès et d'incivilités récurrentes. Tout en rappelant les indispensables consignes de modération, force est constater à quel point la bière est un argument de rencontre entre locaux et visiteurs impénitents. Un engouement partagé pour une boisson emblématique,  populaire et inspirante. Sous cette latitude orientale, boire devient un rituel.

Presque un parcours initiatique. On ingurgite en condensé les mille vertus de la thaïness. Avec ou sans glaçons, à la thaïe ou en mode farang. 

   En Thaïlande, le festival des canettes offre une particularité. Même le dernier des figurants a l'impression de jouer le plus beau rôle de sa vie.

 

Patrick Chesneau

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