Utiliser les sargasses pour fabriquer des filtres à charbon actif

   Alors que dans la petite Barbade (3 fois plus petite que la Martinique), on a mis au point un biocarburant permettant aux voitures de rouler, la Martinique continue son petit bonhomme de chemin de territoire irresponsable.

 

  https://fondaskreyol.org/article/elle-roule-bel-bien-au-biocarburant-fabrique-partir-sargasses

 

   En effet, des formations de personnels municipaux sont régulièrement organisées dans diverses communes impactées par ces invasions répétées d'algues pour former des... ramasseurs de sargasses. Ce ramassage effectué, l'action s'arrête là. Jusqu'à la prochaine arrivée de cette véritable peste marine qui dégage des odeurs nauséabondes au bout de quelques jours, détruit les appareils ménagers et informatiques mais surtout cause de graves dommages à la santé des riverains. Depuis hier, les Martiniquais se félicitent que le Sénat français ait reconnu (une nouvelle fois !) l'échouage des sargasses comme "Catasrophe naturelle". Woulo-bravo ! Cela ouvrira la voie à des indemnisations des citoyens concernés.

   Mais, car il y a un mais, va-t-on passer notre temps à demander réparation à chaque arrivage de sargasses ?

   Nos élus (es) savent-ils que des recherches scientiques presqu'abouties permettront de fabriquer des filtres à charbon actif à l'aide des sargasses ? Le charbon actif est l'un des matériaux absorbants universels utilisé dans les usines de traitement pour éliminer les micropolluants solubles présents dans les eaux à potabiliser. Or, nous n'en fabriquons pas en Martinique ni dans le reste de la Caraïbe et c'est ce qui a poussé des chercheurs de UWI (University of the West-Indies), les mêmes qui ont mis au point le biocarburant à base de sargasses, à travailler à la fabrication de filtres à charbon actif à partir desdites sargasses. Chez nous, par contre, tout le monde semble avoir oublié le chlordécone qui a contaminé notre eau de robinet prendant plus de 3 décennies, a pollué nos rivières, nos nappes phréatiques, nos sols et nos rivages sans même parler des dégâts sur la santé humaine (cancers de toutes sortes, notamment de la prostate, augmentation du nombre de cas d'Alzheimer, de Parkinson, d'endométriose, de malformations congénitales etc.). 

   Cela, disent les chercheurs, pour les 150 ans à venir si rien n'est entrepris pour éliminer le chlordécone.

   On nous avait vendu à l'époque l'usage de filtres à charbon actif par nos usines de traitement de l'eau en nous assurant qu'ils régleraient le problème de la contamination de celle du robinet et que désormais tout irait pour le mieux dans le meilleurs des mondes. Cela n'est, en réalité, que partiellement vrai. Pourquoi ? Parce que les filtres à charbon actif demandent à être changés tous les... 2 ans pour continuer à être efficaces. Or, nos usines de traitement de l'eau se sont-elles pliées à cette exigence ? Nos élus (es) se sont-ils préoccupés de savoir si ces remplacements ont bien été effectués ? On peut en douter.

   Il est vrai que tout ce qui semble préoccuper les Martiniquais c'est que la boite de petits pois soit vendue au même prix à Basse-Pointe et à Boulogne-Billancourt. A bas bruit, le chlordécone continue donc son œuvre mortifère, aidé en cela par les "produits de première nécessité" tous importés et dont la qualité est pour le moins questionnable. Sans même parler du fait que leur importation deviendra encore plus considérable et surtout détruira nos productions locales si jamais l'alignement des prix ou un abaissement trop important de ces derniers parvenaient à être réalisés.

   Notre problème n'est donc pas fondamentalement socio-économique même si les agoulous de Békés et leurs marges exorbitantes doivent être combattus, mais politique. Tant que nous ne parviendrons pas à sortir de ce zatrap, cette ratière, qu'est la loi de Départementalisation de 1946, nous sommes condamnés à multiplier grèves, manifestations, trop souvent accompagnées d'actions auto-destructrices (aucun magasin de Béké n'a été incendié depuis deux mois que le mouvement des Aligneurs de Prix sur "la Métropole" a commencé).

   L'irruption de ce mouvement surréaliste est d'ailleurs dû en grande partie à l'incurie de nos "Autonomistes", "Indépendantistes" et autres "Souverainistes" depuis plus de trois décennies.

Media / Document
Image
Image

Connexion utilisateur

Commentaires récents

  • En créole, "zigzag" se dit "siyak"

    "GRIF AN TÈ" était...

    Frédéric C.

    04/11/2024 - 20:51

    ...à cet égard un journal idéologiquement révolutionnaire. Lire la suite

  • "Matinik sé pa ta yo ! Matinik sé ta nou ! Nou ké fouté yo déwò !"

    AUCUN REFERENDUM DANS...

    Albè

    04/11/2024 - 18:17

    ...la Caraïbe anglophone ! En 1969, l'Angleterre à dit à St-Lucie, Dominique, Grenade etc... Lire la suite

  • "Matinik sé pa ta yo ! Matinik sé ta nou ! Nou ké fouté yo déwò !"

    RE-FEU-RENDUM

    MONTHIEUX Yves-Léopold

    04/11/2024 - 16:26

    Tant que le OUI ne sera pas possible, le référendum sera sans intérêt. Lire la suite

  • "Matinik sé pa ta yo ! Matinik sé ta nou ! Nou ké fouté yo déwò !"

    Pas d’illusions...

    Frédéric C.

    03/11/2024 - 10:01

    ...Si un référendum du type "article 74" comme le 10-1-2010 avait lieu aujourd'hui ou dans qqs mo Lire la suite

  • "Matinik sé pa ta yo ! Matinik sé ta nou ! Nou ké fouté yo déwò !"

    La sémantique puissante du kreol

    Lacloclo

    03/11/2024 - 04:15

    Le caractère indéfini du yo laisse l'identité floue et ouverte à l'interprétation. Lire la suite