Très peu de journalistes professionnels en Martinique sont capables ou ont suffisamment de "grenn" pour sortir du simple reportage et analyser les dessous des événements qu'ils sont amenés à couvrir.
Alors, ils et elles se contentent de les livrer brut de décoffrage à Ti Sonson à la grande satisfaction des organisateurs desdits événements. Sauf que le journalisme, le vrai, n'est pas du micro-trottoir ni de la caméra-promeneuse ! Or, on vient d'en avoir un énième exemple avec la visite de deux députés martiniquais du parti "souverainiste" PEYI-A accompagnés d'un collègue amazonien ainsi que de l'innénarable porteur de toque d'avocat du Moyen-âge français et prince du Bénin, récemment nommé "ambassadeur auprès de la diaspora afro-descendante des Antilles" par le roi de ce pays, Sa Majesté Patrice Talon, lequel est par ailleurs le grand ami du plus riche Euro-descendant, Bernard Hayot, de la Martinique.
C'est compliqué tout ça ? Ben oui, si tout était clair comme de l'eau de roche dans l'île aux fleurs fanées, il y a longtemps qu'elle serait devenue comme Saint-Vincent, Barbade, le Cap Vert ou l'île Maurice.
Donc, notre délégation rend "une visite-surprise" au Guantanamo martiniquais comme les lois de la République Une et Indivisible l'y autorise afin de voir dans quelles conditions sont incarcérés "les prisonniers politiques martiniquais victimes de la répression coloniale". En fait, nos chers députés et le prince béninois viennent vérifier s'ils ne sont pas torturés ou soumis à la gègène comme au plus beau temps de l'Algérie française. Cessons de rigoler un instant ! Ces élus ne savent-ils donc pas que, comme toutes les prisons françaises, celle de Ducos est surpeuplée et que les conditions de vie des détenus y sont très difficiles ? Cela fait des des lustres que le personnel pénitentiaire manifeste pour pouvoir obtenir des améliorations non seulement s'agissant de ses conditions de travail mais aussi des conditions de vie des incarcérés.
Ce n'est pas de la charité chrétienne. Tout simplement un prisonnier qui ne vit pas dans des conditions correctes devient très dangereux pour les gardiens de prison. Quel que soit le pays !
Tout ça est connu et archi-connu mais, par exemple, en 3 mandats de député du Sud de la Martinique, J-P. Nilor, ne s'est jamais déplacé pour visiter les détenus ni apporter son soutien au personnel pénitentiaire. Bizarre, non ? Car enfin, un mandat de député français c'est 5 ans ! Trois fois cinq, ça fait combien déjà ?...Bref ! Un journaliste un tant soit peu honnête aurait dû lui avoir posé cette question au lieu de se contenter benoitement de recueillir ses propos. Ce même journaliste aurait dû lui avoir demandé si la visite qu'il effectue avec son compère Marcellin Nadeau ne visait pas en fait à apporter une manière de soutien intéressé au leader du Mouvement des Aligneurs de Prix sur la Métropole actuellement incarcéré à Ducos.
Pourquoi "soutien intéressé" ? Parce qu'au démarrage dudit Mouvement, ses leaders avaient déclaré urbi et orbi qu'ils ne voulaient avoir affaire à aucun parti politique ou syndicat lesquels à ses yeux s'étaient montrés incapables de lutter contre "la vie chère" (Février 2009 n'aurait-il jamais existé ?). Tétanisé notre personnel politique et syndical n'avait pas osé réagir, certains tentant pathétiquement de se raccrocher à la caravane du Mouvement en multipliant courbettes et communiqués de soutien (sauf le syndicat CSTM). Grisé par son succès et sa "révolution Tik Tok", le Mouvement avait alors multiplié les actions (notamment les blocages de supermarchés békés) et les injonctions, mais deux faits l'obligèrent à appuyer un peu sur la pédale de frein :
. il s'est fait déborder nuitamment par le lumpen-prolétariat qui a commencé à incendier voitures et commerces (ou à dévaliser ces derniers dont l'écrasante majorité appartient à des... Negs) et même à tirer à balles réelles au boulevard Maurice Bishop sur la police (majoritairement composée de Negs).
. il a franchi la ligne rouge en pénétrant de force dans la résidence officielle du Gouverneur de la Colonie.
Dès lors, le peuple qui observait le Mouvement d'un air plutôt bienveillant (petit rappel : 3.000 manifestants, ce n'est quand même pas le peuple !) a commencé à marquer une certaine forme de réprobation. En effet, 127 entreprises appartenant à 90% à des Negs avaient été gravement endommagées et 1.300 employés Negs se sont retrouvés en chômage partiel ou total à ce jour (au fait, nos deux députés-visiteurs de prison ont-ils eu une seule pensée, un seul mot, pour toutes ces familles brutalement plongées dans la précarité à la veille de Noël ?). L'Etat colonial ou plutôt sa préfecture, tout autant tétanisés au début que nos politiques et syndicalistes, ne trouvèrent d'autre moyen que de recourir à la répression (arrivées de CRS) et à l'incarcéation du leader du Mouvement.
Or, quand le Mouvement avait appuyé sur le frein, il avait déclaré, à la stupéfaction générale, que non seulement il soutiendrait certains candidats aux prochaines élections municipales mais qu'en outre, il présenterait ses propres candidats. Boudoum ! Dès lors, une grosse inquiétude traversa notre classe politique autonomo-indépendantiste. Et si elle se faisait balayer par cette Révolution Tik Tok ? Et si en juillet prochain, quand Emmanuel Macron se trouvera contraint de dissoudre l'Assemblée nationale, le Mouvement présentait des candidats aux législatives ? Panique à bord ! Dès lors, il convenait de faire risette au Mouvement, de publier déclarations et communiqués de soutien à ce dernier. Bref, de monter dans la caravane ! C'est ce qu'a commencé à faire PEYI-A avec sa visite-surprise à la prison de Ducos aux "prisonniers politiques". Rien d'autre !
Au fait, pour celles et ceux qui l'ignoreraient, PEYI-A est le plus riche parti politique martiniquais :
On ne voit guère comment tout cet argent (133.119 d'euros) est utilisé pour faire avancer "la souveraineté de la Martinique". Sert-il à conscientiser "le peuple" ? Si c'était le cas où sont le journal, le site-web, la chaine Youtube ou les live Tik Tok de PEYI-A ? Bref, ce sont toutes ces questions que devraient se poser et surtout poser nos journalistes professionnels à nos deux députés au lieu de se contenter de relater leur pitoyable cinéma de visiteurs de prison.
NB. La même exigence d'honnêteté journalistique devrait s'appliquer bien entendu à TOUS les partis politiques martiniquais, pas seulement à PEYI-A. Un pays où les médias sont composé des porteurs de micro et de simples rapporteurs de propos d'élus (es), un pays où règne le béni-oui-ouisme journalistique, est condamné à faire du sur-place...
Vous mettez le doigt sur nos contradictions.
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Ce propos que j'ai entendu prononcer par Michel LOUIS, un enseignant-chercheur remarquable et une Lire la suite
Il paraitrait que "neg pa ka li!!!
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1)Si c'est le vulgaire "Tarpempion" comme vous dites avec mépris qui réagit dans ces commentaire Lire la suite
Je n'apporte "rien au débat", dites-vous ? Laissez-moi rire ! Lire la suite
Commentaires
tout jé sé jé mé véglaj pa jé
Karl
23/01/2025 - 19:27
Il paraitrait que "neg pa ka li!!!
Peut être que nous savons tous de quoi il s'agit sans avoir besoin de lire quoi que ce soit. Nous sommes tous docteur, ingénieur, historien, économiste....etc. alors que ces termes devraient être réservés aux enseignants-chercheurs qui publient des articles dans de publication spécialisées. Bref!!!
Cela m'amuse personnellement beaucoup de noter ce type de signature, à la fin de papiers écrits par d'ardents défenseurs de la classe ouvrière. Sans doute imaginent ils que cela leur donnent plus de poids.
A propos de la visite de 3 députés accompagnés de l'ex Bâtonnier, ambassadeur de la diaspora antillaise du Bénin, je voudrais appeler l'attention des lecteurs sur le contenu de la notice d'information de deux pages, publiée en février 2017, par le ministère français (pas béninois!) de la justice, à l’attention des honorables députés, sénateurs et membres du Parlement européen sur les visites des établissements pénitentiaires.
Le 4ème paragraphe du point 1 concernant le champ d'application du droit de visite indique : VOUS NE POUVEZ, en revanche, être accompagné de personnes non titulaires d’un mandat parlementaire (avocats, représentants associatifs, relations familiales ou amicales,…).
Cela vous paraît-il confus?
Profitant de leur droit parlementaire, cette visite organisée le 22 décembre dernier, avait pour but principal de rencontrer cinq détenus, recensés mais non nommés, que les élus jugent incarcérés pour des motifs liés à leurs expressions politiques.
Le compte rendu qui a été fait par la presse est le suivant : Les députés martiniquais Marcellin Nadeau et Jean-Philippe Nilor, accompagnés du député de Guyane Jean-Victor Castor et de l’avocat Georges-Emmanuel Germany, se sont rendus, ce dimanche 22 décembre, au centre pénitentiaire de Ducos.
Que faisait donc Maitre Georges-Emmanuel GERMANY dans cette galère?
Notre ex Bâtonnier, ignorait il ce point de droit?
Non seulement il est avocat, mais il est probablement l'avocat d'un des détenus recensés MAIS NON NOMMES (ce qui est une obligation légale).
Comment se fait-il que sa présence ait été autorisée?
Qu'en disent les autorités judiciaires en Martinique?
Comment expliquer que ceux qui ont pour mission d'informer le public, Média TV et presse écrite, n'aient pas tenté d'accéder à la notice du ministère de la Justice (si, si, par Internet, c'est très facile!!!) et n'aient pas pipé mot?
Est-ce par ignorance, par lâcheté ou par peur? Peur de qui?
Est-il possible de transmettre à nos honorables parlementaires la notice qui a été réalisée à leur intention par le ministère de la Justice?