Le 06 décembre 1961, une semaine avant la sortie en librairie de son ouvrage majeur, "Les Damnés de la terre" aux éditions François Maspero (Paris), le Martinico-Algérien Frantz Omar Ibrahim FANON, décédait d'une leucémie dans un hôpital du Maryland (Etats-Unis).
Il n'avait que 36 ans..
Seulement 36 ans qui ont marqué à jamais, grâce à ses livres et a son action militante aux côtés du FLN (Front de Libération Nationale) algérien, ce que l'on appelait à l'époque le Tiers-Monde et qui est désormais désigné sous le vocable de "Pays du sud". Il en est devenu l'une des icônes à l'égal d'un Che GUEVARA ou d'un Nelson MANDELA et son corps repose au cimetières des martyres dans un village de l'Est algérien aux côté d'autres éminents combattants.
Mais qu'en est-il de son héritage dans son pays natal, la Martinique ?
Il existe le "Cercle Frantz FANON" qui fait un travail extraordinaire de perpétuation de sa mémoire depuis des années, mais en dehors de cela, s'il existe des rues FANON ou des établissements et bibliothèques FANON, son impact reste du domaine du symbolique ou de l'invocation rituelle. A la vérité, lorsque le jeune médecin FANON quitté (définitivement) la Martinique en 1953, il lâche cette phrase terrible :
"Dans ce pays, il y a plus de pantalons que d'hommes !"
Qu'est-ce qui a changé depuis ? RIEN ! Presque rien. Hormis que, loi, sur la parité oblige, on pourrait ajouter que "dans ce pays, il y a plus de soutiens-gorge que de femmes" puisque désormais l'ancien sexe dit faible accède aux responsabilités de toutes sortes, notamment politiques. Le mythe ancestral de la "femme poteau-mitan" a volé en éclats depuis belle lurette. Hommes comme femmes, tout le monde baigne dans un arrivisme forcené, une soif de pouvoir et une médiocrité intellectuelle sans nom. Sauf une petite minorité qui est ostracisée par ces "Neg ki wè lajan ta" comme dit férocement la langue créole.
Heureusement que FANON n'est pas là pour voir cette déchéance dix fois pire qu'à son époque, en 1953 !
Allah ya-rahmou ! comme ont dit en arabe...
Man dakò épi artik-la, men man fout dakò épi grenn-sèl la tou.
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Pour s'en tenir au cas guadeloupéen évoqué dans l'article ,je me pose les mêmes questions que le Lire la suite
...de savoir pourquoi Fanon a quitté DEFINITIVEMENT la Mque, au lieu d'y revenir, alors que, de s Lire la suite
...quand le FN-RN et Reconquête seront directement aux manettes du pouvoir à Paris. Lire la suite
...l'article dit ne pas vouloir donner le nom de l'échoppe pour qu'elle ne risque pas d'être à no Lire la suite
Commentaires
Serait-ce possible...
Frédéric C.
21/06/2025 - 08:49
...de savoir pourquoi Fanon a quitté DEFINITIVEMENT la Mque, au lieu d'y revenir, alors que, de son propre aveu implicite (cf PNMB) il y avait tant à faire au plan mental et culturel?.... J'ai lu ou entendu qu'il envisageait d'y revenir après l'indépendance algérienne, à laquelle il contribua (mais il mourut un an avant)... Or il devait bien savoir qu'alors il aurait été une cible privilégiée de la DST, du SDECE, des réseaux Foccart (qui "trempa" dans le massacre de mai 67 en Guadeloupe) et de l'OAS. Il aurait pu se prendre une balle "perdue" ou finir comme Félix Moumié.... Bien sûr, CE QUE FANON A FAIT EN SI PEU DE TEMPS, C’EST ENORME! Et on peut se demander si « le bois existe toujours » en Mque ou dans son Emigration-Diaspora.. MAIS CELA INTERDIT-IL DE SE POSER DES QUESTIONS SUR CE NON-RETOUR EN MARTINIQUE (alors que manifestement il y avait tant à faire dans sa spécialité, comme il l’illustre de façon novatrice dans « PNMB », où il rejette b de dogmes)? Est-ce un délit de "non-fanonolâtrie" (pour paraphraser Confiant à propos de la "césairolâtrie")? Si on n’a pas le droit de se poser des questions c'est bien triste (et cette question-ci, je ne suis pas seul à me la poser)... Dans PNMB (1952), FF avait sérieusement mis ses compétences et son expériences personnelle de colonisé martiniquais pour analyser en profondeur les questions (pour aller vite) d’aliénation profonde, individuelle et collective, des Mquais en général. Le pays est alors « départementalisée » depuis 6 ans. Des questions avaient déjà été soulevées avant guerre (« Légitime Défense » en 1932, piloté par Ménil, et que FF cite dans PNMB ; « L’Etudiant Noir » piloté par Césaire ; la Négritude, puis le « Cahier... »). Puis il y eut « Tropiques » (1941-1945), où Césaire, Ménil, Suzanne Roussi entre autres examinaient la situation culturelle de la Mque, et faisaient de très fines observations sur l’ »Identité mquaise », sans encore aller vers la « question nationale mquaise »... ON NE REECRIT EVIDEMMENT PAS L'HISTOIRE, MAIS il semble y avoir comme un "ANGLE MORT" pas si ridicule que çà. A la fin des 1940's et dans les 1950’s, certains commencèrent à poser la « question nationale mquaise », surtout à partir de 56-57. Si FF était revenu en Mque, il est probable que des synergies intellectuelles et militantes auraient eu lieu entre lui et des gens comme Césaire, Ménil, Camille Sylvestre, C.Marie-Joseph, etc., sur les questions d'aliénation culturelle mais aussi des questions politiques. Dans les 1970’s, Glissant nous parlait de « délire verbal coutumier » concernant les Mquais, mais il n’était pas psychiâtre. Fanon, si : Il serait sûrement allé plus vite et plus loin dans ce domaine comme dans d’autres. Les échanges auraient été frictionnels, mais productifs... Alors...pourquoi est-il parti?