D’Amérique Latine, d’Allemagne, de Bretagne, du Nord : ça va causer breton à Douarnenez !

La formation intensive de six mois en langue bretonne avec Roudour débarque, ce lundi 6 janvier 2025, à Douarnenez (Finistère). Grâce à un groupe très enthousiaste de treize personnes qui a demandé l’ouverture de cet enseignement de 35 heures par semaine.

Une formation intensive pour apprendre à parler le breton en six mois débute ce lundi 6 janvier 2025, à Douarnenez (Finistère). « Nous avons déjà proposé des formations intensives à Douarnenez entre 2009 et 2013 avant de nous déplacer à Quimper », introduit Sedrig Laur, gérant de la société coopérative et participative Roudour (SCOP), l’un des organismes spécialisés dans l’apprentissage du breton qui s’apprête à fêter ses trente ans cette année.

« C’est très enthousiasmant »

« Ce groupe nous a contactés. Nous avons répondu, pourquoi pas ? À la condition que se forme un groupe de six personnes », poursuit Sedrig Laur. En fait, de six personnes, ce sont treize élèves qui vont se consacrer à l’apprentissage de la langue pour les six prochains mois, à partir de ce lundi 6 janvier 2025 et jusqu’au mois de juillet.

Un collectif ultra-motivé qui s’est formé par affinités, mu par le désir d’apprendre. Des personnes qui entretiennent des rapports différents avec le breton, certaines d’une autre région d’origine, installées de longue date ou depuis peu, certaines qui ont déjà suivi des cours du soir, d’autres originaires d’Allemagne ou d’Amérique Latine. « C’est très enthousiasmant, la composition de ce groupe », souligne Sedrig Laur.

« J’ai découvert la musique, le théâtre en breton »

Dorothée Betz, 31 ans, originaire de Cologne, a vécu en Allemagne jusqu’à l’âge de 20 ans. Dès sa deuxième année à Douarnenez, elle suit les cours du soir à la MJC.

Faut-il développer l’enseignement des langues régionales ?

« Je connaissais l’existence du breton avant d’arriver il y a deux ans et demi et ici comme ailleurs, je crois qu’il est important de saisir que la langue officielle n’est pas la seule langue parlée, développe Dorothée Betz, qui a commencé à apprendre le français au collège, a vécu au Portugal où elle a également appris le portugais. J’ai un lien fort avec les langues, que j’aime apprendre. Ici, j’ai découvert la musique bretonne, le théâtre en langue bretonne et je me suis intéressée à la question des langues minorées, à travers mon travail à Strollad la Obra, compagnie de théâtre et association d’éducation populaire. »

Pour se lancer dans ce grand bain d’une demi-année, Mad a lâché son CDI. « Je m’engage pleinement ! », rit l’intéressée qui vit en Bretagne depuis neuf ans.

« Dialoguer joyeusement »

« J’étais intermittente. En arrivant, j’ai fait une reconversion professionnelle dans le social pour m’intégrer dans le tissu local. Apprendre la langue, c’est l’étape au-dessus », raconte Mad, qui, au contact des anciennes et des anciens, voit là une occasion d’échanger avec les personnes âgées dans leur langue maternelle et se réjouit de rejoindre un groupe qui la séduit, composé de personnes qui aime chanter.

« Je me vois bien travailler dans les Ehpad pour aller confronter joyeusement le breton qu’on va apprendre à la langue de leur enfance, de leur pays. Et à Douarnenez, il y a plein de jeunes, trentenaires, qui parlent breton. C’est motivant, c’est vivant », ajoute Mad.

Manon Hamart, qui anime la chorale Kanit’Ta, et, plus récemment, la foule chantante à Douarnenez, avance, parmi ses multiples motivations, la transmission des chants et leur juste prononciation.

Elle vient du pays gallo, langue que parlent ses grands-parents et son père, un peu. « Ce n’est pas si simple à la chorale de transmettre les chants avec les différences dans la langue, entre les choristes. Là, je pourrai justifier de mes choix et expliquer pourquoi je transmets telle ou telle version. J’ai envie d’avoir les billes », anticipe la jeune femme.

« Des portes dont j’ignore la forme »

« Dans sa temporalité, son rythme, avec ce groupe, la formation intensive ça me va bien, commente Amandine Plougoulm, originaire d’Ergué Gabéric. Ça me plaît bien de retourner sur les bancs de l’école. Mes grands-parents parlent breton, beaucoup de leurs souvenirs passent par cette langue qui charrie beaucoup d’émotion. J’ai le sentiment que cela va m’ouvrir des portes dont j’ignore encore les formes. »

Trois formateurs, 35 heures/semaine

Trois formateurs, Cherm ar Bloaz, Andrev Sezneg et Ludmilla Mary Martin, toute nouvelle formatrice, vont assurer cet enseignement de 35 heures semaine, cinq jours sur sept, de 9 h à 17 h, à la MJC de Douarnenez, avec la journée du jeudi en formation à distance, « une journée où chacune et chacun va à son rythme », résume Sedrig Laur. « À l’issue des six mois, on est capables de parler breton, d’être autonome. »

Le diplôme de compétence en langues, décerné par l’Éducation nationale, est là pour le certifier.

photo : Une formation intensive en breton pour adulte débute ce lundi 6 janvier 2025 à la MJC de Douarnenez, avec Roudour. Un groupe de plus de dix personnes qui s’est créé en amont et a sollicité les organismes pour ouvrir une formation ici. | OUEST-FRANCE

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