Une nouvelle étude (1) confirme la persistance de la chlordécone dans le sol. Lancée dans le cadre du quatrième plan contre la chlordécone (2021-2027), elle a été menée par des chercheurs du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE), du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et du Centre de coopération internationale en recherche agronomique (Cirad), et a été publiée le 10 décembre dans la revue Environmental Pollution.
Si la contamination à la chlordécone a déjà été démontrée dans les nappes souterraines, jusque dans les rivières et le littoral antillais, elle n'avait pas encore été certifiée au niveau particulaire, à savoir dans les sédiments. Les scientifiques en ont ainsi prélevé dans une retenue agricole à Saint-Esprit, en Martinique, où s'écoule l'eau drainée de plusieurs champs situés plus haut, ainsi que dans le sol d'une bananeraie voisine. Ils ont mesuré la concentration des résidus de chlordécone et ont daté les couches sédimentaires en fonction du taux de radiocésium, un isotope radioactif émis par les essais nucléaires français des années 1960. Et ils ont confronté leurs sédiments en bas de pente avec des échantillons de sol en haut de pente, au niveau des champs.
Persistance favorisée par l'agriculture
Résultat ? En bas de pente (dans la retenue ou au niveau de la bananeraie), la concentration en chlordécone était en moyenne cinq fois supérieure à celle calculée en haut de pente. Et celle du chlordécol, le principal métabolite de l'insecticide organochloré visant le charançon du bananier (Cosmopolites sordidus) : quatre à dix fois supérieure. Et ce, dans des couches sédimentaires allant jusqu'à 80 centimètres de profondeur. De plus, d'après la datation des échantillons (qui vont de 1980 à 2023), les chercheurs ont observé une « augmentation drastique » de la concentration depuis 2006, soit bien après l'interdiction du produit en 1993. La conséquence, selon eux, de la dispersion (ou dissipation) de la substance à la faveur d'une remobilisation des sols pour renouveler les cultures sur les parcelles contaminés.
« Le transfert de sols contaminés a considérablement augmenté, conséquence de l'érosion accrue qui serait liée aux changements de pratiques agricoles opérés comme le désherbage et le labour intensif, expliquent les chercheurs. Ces transferts érosifs, couplés à de la chlordécone adsorbée aux particules de sol et présente en stocks importants, conduisent à une dissipation sur le long-terme de la contamination dans l'environnement. » Par ailleurs, Remi Bizeul, principal auteur de l'étude à laquelle il a consacré sa thèse de doctorat, estime que les sédiments contaminés de la retenue d'eau – et contenant environ 0,3 % de toute la chlordécone utilisée dans les champs au-dessus dans les années 1970 à 1990 – y resteront encore pour les 4 000 à 11 000 prochaines années.
Félix Gouty, journaliste. Rédacteur spécialisé
1. Consulter l'étude
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749124021298?via%3Dihub
Man abo li ek rili artik-la man pa ka wè ki koté i ka pwan pep-la pou timanmay. Lire la suite
Man ka konprann sa ou lé di a, men si ou gadé wè sé chif-la, sé loto nef-la ka vann anpil an péyi Lire la suite
...kay espitjé Neg sa pou yo fè épi lajan-yo ! Lire la suite
T'as pas trouvé d'autres sites où déverser ta bile ? Lire la suite
Quand la Mque sera indépendante ,chose qui ne me gênerait personnellement absolument pas ,qu'est Lire la suite