Naissance de la Turquafrique ?

     C'est ce que diront certains, biberonnés qu'ils sont nuit et jour par les médias hégémoniques (occidentaux).

     En fait, non seulement l'actuelle Turquie entretient des liens économiques forts avec l'Afrique noire depuis bientôt une trentaine d'annés mais en outre, sur le temps long, l'Empire ottoman qui l'a précédé s'étendait jusqu'à l'Algérie actuelle vers l'ouest et jusqu'au Soudan actuel vers le sud dès le 14è siècle avec des incursions jusqu'en Ethiopie et en Somalie.

    Les contacts entre le Monde turc et le Monde noir ne datent donc pas du 21è siècle. 

    L'Empire ottoman fut esclavagiste mais avec une différence importante avec les Empires européens : les Ottomans réduisaient en esclavage aussi bien les Arabes, les Noirs que les...Blancs. Jetez à nouveau un oeil à la carte et vous verrez que la Grèce, la Serbie, la Macédoine, l'Albanie, la Bosnie etc...ont longtemps vécu sous le joug ottoman. A tel point qu'aujourd'hui l'Albanie et la Bosnie sont pour la première totalement musulmane et pour la seconde à moitié. Sinon, en Afrique du Nord, il y avait des marchés d'esclaves chrétiens à Alger, par exemple, et Cervantès, l'auteur de Don Quichote, fut esclave dans cette ville pendant 3 ans. Les Barbaresques (corsaires ottomans) firent pas moins de 2 millions d'esclaves européens (espagnols, corses, siciliens, sardes etc....), entre le 16è et le 19è siècle, qu'ils raflaient sur les côtes nord de la Méditteranée. Les Ottomans en firent de même en Afrique noire et cela jusqu'au Mozambique, en Tanzanie et aux Comores. Aujourd'hui encore, il existe des dizaines de milliers d'Afro-Turcs qui descendent des populations africaines capturées et ramenées dans l'Empire ottoman pour servir, s'agissant des femmes, de servantes et d'objets sexuels et s'agissant des hommes de soldats et...d'eunuques (gardiens de harem que l'on castrait). Au sujet de ces derniers, l'histoire nous enseigne un fait pour le moins gênant : alors que la loi islamique interdit l’émasculation d’un homme, les Éthiopiens, qui n’avaient pas ces scrupules, réduisaient en esclavage des membres des territoires au sud de leur pays pour les émasculer et les vendre comme eunuques à la Porte ottomane.

   Mais, autre particularité étonnante, la majorité des esclaves étaient des...femmes : Circassiennes (Slaves), Syriennes (Arabes) et Nubiennes (Africaines). Elles remplisaient les harems des sultans et tout au long des XVIIIe et XIXe
 siècles, l’esclavage sexuel ne fut pas seulement au cœur de la pratique ottomane, mais une composante essentielle de la gouvernance impériale et la reproduction de l’élite sociale. Aucun rapport, comme on le voit, avec l'esclavage pratiqué par les Européens lorsqu'ils déportèrent des millions d'Africains vers les Antilles et les Amériques. 

   Est-ce que le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, et le président turc, Recip Erdogan, avait toute cette histoire en tête lorsque ce dernier avait reçu le premier en visite officielle (cf. vidéo ci-après)  à Ankara ? 

   Peut-être que oui. Peut-être que non...

   https://lepetitjournal.com/istanbul/comprendre-turquie/la-communaute-afro-turque-dizmir-et-sa-15eme-traditionnelle-fete-du-veau-368630

   En fait, lorsqu'on est un chef d'état, on s'intéresse surtout au présent. On se pose la question de savoir si nouer des relations économiques avec tel ou tel pays sera bénéfique pour son peuple. Après tout, l'Empire ottoman ne s'est jamais étendu au Sénégal...