"Des hommes qui s'exprimaient en créole"...

   C'est ce qu'on peut lire dans l'​édition du jour de notre seul et unique quotidien de l'île aux fleurs (contre 2 à Barbade qui a pourtant... 100.000 habitants de moins que la Martinique) à propos d'un meurtre qui s'est produit dans la commune de Grand-Rivière. 

   On a l'impression de lire un journal de l'Amère-patrie dans lesquels on peut souvent lire ceci : "L'agresseur s'exprimait en arabe". Sauf que "Là-bas", comme nous disons, cela est plus compréhensible puisque les Arabes vivant dans l'Hexagone ne sont que 3 millions dans un pays qui compte 67 millions d'habitants. Or, chez nous, en Martinique, et jusqu'à preuve du contraire, le créole est la langue principale du quotidien, surtout dans les communes. Seuls ceux qui vivent dans le confort de la conurbation "Lamentin-Foyal-Schoelcher" usent souvent de la langue de Molière et encore, pas dans les (nombreux) quartiers populaires : Trénelle, Texaco, Volga-Plage, Terres-Sainville et autres. 

   Lire dans un journal local que des agresseurs "s'exprimait en créole" est par conséquent tout ce qu'il y a de plus bizarre. Cela aurait-il pour but de disculper d'avance quelque assassin "Métro" ? Impossible car il est rare qu'un "Métro" ou un "Hexagonal" commette un crime de sang en Martinique. Rarissime même ! Ou alors est-ce une manière subliminale de faire comprendre au lecteur que l'agresseur serait un Dominicain", un "Anglé", puisque la commune de Grand-Rivière est la plus proche de l'île-Nature avec laquelle elle entretient des liens séculaires depuis des lustres ? Sauf que lorsque nos voisins dominicains et saint-luciens viennent en visite ou s'installent en Martinique, ils préfèrent pour beaucoup, sans doute par réflexe communautaire dans un pays qui leur est souvent, trop souvent hostile, utiliser l'idiome de Sa Très Gracieuse Majesté Britannique. Enfin dans sa version caribéenne bien évidemment.

    Ou alors, toujours subliminalement, veut-on nous faire comprendre qu'il s'agirait d' Haïtiens puisque les immigrés de l'île de Toussaint-Louverture sont nombreux dans le Nord de la Martinique où sans eux les plantations bananières seraient à l'abandon ? Certains d'entre eux vivant d'ailleurs dans des conditions "aussi pires" que celles que subissent leurs compatriotes dans les bateys de Saint-Domingue (si souvent dénoncés par MARTINIQUE la 1è laquelle, apparemment, préfère faire 3h30 d'avion pour se rendre dans la grande île hispanophone au lieu de faire 40 minutes de voiture pour aller enquêter dans notre prétendu "Grand Nord"). Haïtiens qui travaillent dur, partout, dans tous les secteurs d'activités, et dont très peu échouent au Centre pénitentiaire de Ducos.

   On a beau se gratter la tête, lire et relire l'article en question, on ne parvient pas à comprendre ce que signifie la notation de ce journal : "Des hommes qui s'exprimaient en créole". Car quatrième hypothèse, si les agresseurs n'étaient ni Métros ni Dominicains ni Haïtiens, si jamais il s'agissait de Martiniquais, à quoi sert-il de préciser qu'ils utilisaient la langue très majoritairement utilisée par eux au quotidien ?

   Bizarroïde, non ?

Commentaires

Fleurs ?

Rose

13/05/2022 - 18:01

Ah bon !!!!!!, y'a des fleurs en Martinique ????? Où ça ?????

Kra kra!

Frédéric C.

13/05/2022 - 21:35

En effet, ça "sonne" bizarre, voire bizarroïde... Autre hypothèse subliminale: le rédacteur aurait voulu inconsciemment faire un amalgame entre la langue créole et le faits-divers sanglant relaté, de la même manière qu'en France on lit souvent "le présumé suspect a pris la fuite et serait de type maghrébin": pan! On vise une communauté. Eh bien ici, en une période de crise généralisée et d'énormes souffranced sociales, dans un esprit "Tout Sauf Macron", alors qu'une majorité de suffrages exprimés se sont portés sur la néofasciste face à Macron, le rédacteur de l'article cité taperait sur tous les créolophones, y compris les Mquais. Dénigrement ou autodénigrement, comme sous Herr Sant. Tout bougeant si vite, rien n'est impossible ! Encore une hypothèse : le rédacteur avait besoin de mettre une phrase nulle qu'il estimait dépourvue de sens et ne s'est pas bien relu, donc sa petite kouyonnad n'a pas sauté au marbre.../Sinon, petit point de détail : les quelque "3 millions d'Arabes" qui vivent en France sont en fait des "Maghrébins", donc Arabes, mais aussi kabyles, métis Arabes-Kabyles-et-autres-"races" (notez les guillemets !); ils parlent souvent arabe pour des raisons historiques, mais ne sont pas forcément"Arabes". La plupart des Français les qualifient d'"Arabes", mais évitons leurs confusions sémantiques.//Enfin, "ROSE" n'oubliez que la Mque est surnommée "l'île aux fleurs" dans certains secteurs. Or ceci est un article à la fois humoristique (relisez le bien, notez le ton, l'ironie qui perce quasi non-stop ! quand le l'auteur parle de "l'amere-patrie", ça ne vous saute pas aux yeux ? ) et dénonciatoire. Donc votre question est sans objet, ou en tout cas "à côté de la plaque". Si vous lisez plus souvent les articles "Rigoladri" vous comprendrez mieux.

1,2,3.

Oui

15/05/2022 - 10:52

1.- La précision que les agresseurs parlaient créole signifie qu'ils ne s'exprimaient ni en français, ni en anglais, ni en espagnol, ni en arabe, ni en chinois, autres idiomes utilisés dans l'île. Ceci étant, le créole étant largement majoritaire, ça ne fait pas beaucoup avancer le Schmilblick, on est d'accord.
2.- En Martinique, il est habituel de caractériser les gens par leur couleur de peau, ou leur origine. Quand on recherche une personne atteinte d'Alzheimer, on entend dire souvent qu'elle est de "type antillais". Ça ne veut rien dire en soi mais tout le monde comprend. Quand un Métro se prend à insulter des gens, on met en exergue qu'il est Métro. Quand un Béké marchande un bout de terrain pour qu'on y fasse passer des tuyaux, on indique sans cesse qu'il est Béké.
En France, de telles caractérisations sont désormais mal vues. Quand une personne d'ascendance maghrébine défraie la chronique, les médias ne se risquent plus à dire qu'elle est de "type maghrébin", comme ils le faisaient jadis. Même, si son nom est connoté, il est zappé.
3.- Les Français prennent pour Arabes tous les arabophones, ce qui est une erreur. Mais il faut quand même se souvenir que pendant longtemps, souligner qu'il y avait plusieurs ethnies en Algérie (au premier chef, les Kabyles) était considéré comme une manœuvre colonialiste, destinée à briser l'unité du peuple algérien. Aujourd'hui que l'Algérie n'est plus dans le déni, le mot "kabyle" est réhabilité. Mais "chat échaudé craint l'eau froide", dit un proverbe français.

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