Ce week-end, l’Habitation Clément accueille la première édition du Salon littéraire Tous Créoles, un événement imaginé pour célébrer et faire rayonner la diversité des littératures martiniquaises. Parmi les figures clés de cette initiative, Emmanuel de Reynal, vice-président de l’association Tous Créoles, était présent pour présenter ses ouvrages. Il partage avec nous sa vision de ce rendez-vous et de la place du livre sur l’île d'Aimé Césaire.
Martiniquais, chef d’entreprise à la tête d’un réseau d’agences de publicité aux Antilles et auteur d’une dizaine d’ouvrages publiés depuis 2018, il conjugue engagement professionnel et vie associative. « Je considère qu’une vie bien équilibrée tourne autour de trois piliers : le pilier familial, le pilier professionnel et le pilier associatif », confie-t-il, en introduction.
Il appartient à la communauté que l’on désigne aux Antilles françaises sous le terme de « béké », qui fait référence aux Blancs créoles, descendants des premiers colons européens installés dans la région.
Pour Emmanuel de Reynal, l’idée de ce premier salon est née d’un constat : la Martinique regorge d’écrivains, mais ces derniers évoluent souvent isolés. « La Martinique est un terrain très prolifique en matière de production littéraire, mais les auteurs ne savaient pas s’organiser en communauté », observe-t-il. Face à ce constat, l’association Tous Créoles a voulu « réunir cette diversité pour en faire une force commune ».
Le pari a été relevé : « Nous avions quelques interrogations au départ, mais l’accueil a été extrêmement chaleureux. Quarante auteurs, de tous styles, de toutes appartenances idéologiques, politiques ou littéraires, se sont retrouvés pendant tout un week-end autour de l’idée que la littérature peut être un point d’union. » Une vision qui rejoint l’ADN de Tous Créoles : « Réunir les différentes communautés et, comme le dit notre slogan, faire de nos différences une œuvre collective. »
En plus de son rôle dans l’organisation du salon, Emmanuel de Reynal est venu présenter, entre autres, son dernier ouvrage, Les chemins de Gabriel, publié chez L’Harmattan en mai dernier. Réécriture d’un premier texte paru en 2020, le livre est « entièrement repensé » et s’articule autour de quinze lettres énigmatiques reçues par le héros, retraçant l’histoire de l’humanité « depuis les premiers temps jusqu’aux défis posés par l’intelligence artificielle ».
Son ambition avec cet ouvrage : « Inscrire la Martinique dans le concert du monde, rappeler la place que ce petit pays occupe sur la planète, et éviter de la réduire aux limites dans lesquelles on la range trop souvent. »
Emmanuel de Reynal défend l’idée que l’exceptionnelle vitalité littéraire martiniquaise s’explique par son histoire et son environnement. « Le taux d’auteurs par habitant est sans doute l’un des plus élevés au monde », estime-t-il, à l'instar de son camarade de Tous Créoles, Gérard Dorwling-Carter. Une réalité qu’il relie à un « terrain de friction » : « Ici, de nombreuses cultures se sont entrechoquées, notre histoire est complexe, et nous vivons dans un environnement parfois hostile sur les plans géographique et climatique. Tout cela provoque des réactions créatives d’un nouveau genre. »
Il est formel : cette créativité ne se limite pas aux figures majeures comme Aimé Césaire, Édouard Glissant, Patrick Chamoiseau ou Raphaël Confiant. Le salon révèle un vivier d’auteurs moins connus, souvent autoédités. « Il y a énormément de gens qui veulent écrire, qui publient par leurs propres moyens, parfois sans réseau suffisant pour faire connaître leurs œuvres. Mais parmi ces livres, il y a des pépites, vraiment beaucoup de pépites », observe-t-il.
L'auteur de pas moins de dix ouvrages les cinq dernières années, analyse : « Je vois dans certains textes des douleurs, des fractures. C’est peut-être ce qui motive l’écriture de certains auteurs. Ce que j’apprécie dans ce salon, c’est que ces douleurs se retrouvent, se discutent, se débattent. Je suis convaincu que de ces échanges pourra émerger autre chose. »
Face à ce vivier créatif, Emmanuel de Reynal plaide pour un soutien accru de l’ensemble de la chaîne du livre. Les éditeurs, selon lui, doivent « prendre davantage en compte la littérature créole, qui n’est pas toujours regardée à sa juste valeur ». Il appelle également à soutenir les libraires : « Ils font un travail formidable, mais sont en difficulté. Il faut continuer de pousser la porte du libraire et lui faire confiance. »
En 2025, deux ans après la fermeture du Papillon Bleu, l’île ne compte plus que deux librairies indépendantes généralistes - Kazabul (Fort-de-France) et Anolivres (Ducos) - aux côtés d’une Fnac et d’un Cultura. Le CESECEM - équivalent martiniquais du CESE - avait déjà alerté sur la pression concurrentielle exercée par ces grandes enseignes et par la vente en ligne, notamment via Amazon.
Pour lui, ce premier Salon littéraire Tous Créoles n’est « qu'une étape vers un maillage plus solide entre auteurs, éditeurs, libraires et lecteurs, au service d’une littérature martiniquaise reconnue dans toute sa diversité ».
Crédits photo : ActuaLitté (CC BY-SA 2.0)
De même que les Mqs adoptent de plus en plus un parler ,un comportement et des pratiques culturel Lire la suite
...nous adapter à cette nouvelle réalité. Lire la suite
...à l’histoire au moins un peu (à travers qqs personnages cités, c’est de l’histoire que nous pa Lire la suite
Comme aimait à dire feu-mon paternel : "Dans cette fichue Martinique, y'a des coups de pied au cu Lire la suite
...sont gratuites. COMMENT ? C’est payant, et plutôt cher?? Ah bon? ... Lire la suite