Février 74 et la police, par Kolo Barst

Yves-Léopold Monthieux

Rubrique

     FONDAS KREYOL est un site-web (journal en ligne) qui ne vit pas de la publicité capitaliste comme la totalité de ses confrères antillais ni de subventions publiques, mais uniquement de l'aide émanant de ses rédacteurs (trices) et surtout amis (es). Celles et ceux qui souhaiteraient nous aider peuvent prendre contact avec nous à l'adresse-mail ci-après : montraykreyol@gmail.com

   La seule "ligne" qui est la nôtre est celle de la libre expression de nos collaborateurs et collaboratrices, sachant que nous publions toutes les opinions (de la droite assimilationniste à l'extrême-gauche "indépendantiste") et cela depuis le prédécesseur de FONDAS KREYOL à savoir MONTRAY KREYOL lequel a duré 15 ans et redémarrera un jour ou l'autre. FONDAS KREYOL, lui, a 4 ans d'existence.

    Tout cela pour dire à nos lecteurs et lectrices que les articles publiés sur notre site n'engagent que leurs rédacteurs et rédactrices, pas le site-web en tant que tel...

Après la tragédie de Chalvet, la complainte de Kolo Barst Février 74 rejoint en même temps qu’elle renforce le sentiment de gravité exprimé par les Martiniquais. Mais son texte est trop souvent reçu comme la relation historique de faits avérés, même s’il s’inspire de l’essentiel de ces faits. Il ne faudrait donc pas souligner outre mesure le caractère romanesque de la chanson, même si le caractère de l’œuvre et la liberté artistique de l’auteur peuvent autoriser un écart entre la matérialité des faits et leur interprétation musicale. C’est le cas pour l’extrait suivant, repris dans un récent article[1] :

 

« Vérité pété tèt kolon ki préféré rété séré / épi olié yo négosié, yo criyé polisié / Polisié ki fèt épi nèg, katjilé avan alé… (Face à cela les colons ont préféré se cacher / Et loin de négocier, ils ont fait appel aux policiers / Les policiers, frères des Nègres, ont hésité.) « Alo pou ranplasé yo yo vwéyé mitrayèt / Mitrayèt ki pa ni tjè, aksèpté mision-a » (Ils ont alors été remplacés par des gendarmes / Les gendarmes, sans cœur, ont accepté la mission).

Il est de bon écho historique de préciser que la police n’a été à aucun moment présente lors des événements de Chalvet, simplement parce qu’elle ne pouvait pas l’être. En effet, depuis la départementalisation, en 1946, la compétence entre la police nationale et la gendarmerie a été strictement définie : la police dans les agglomérations urbaines de Fort-de-France et du Lamentin, la gendarmerie dans tout le reste du territoire. Ce n’est que récemment que la compétence a été étendue sur la totalité des surfaces des deux villes. De sorte que la région où se sont déroulés les évènements de Février 1974 n’était pas du ressort territorial de la police. En conséquence, toutes les opérations de Chalvet étaient naturellement confiées à la gendarmerie. Il sera très prochainement republié un article paru le 23 juin 1982 dans France-Antilles à l’occasion de la première « Journée portes ouvertes » de la Police nationale, en Martinique. Il a trait à l’évolution de la Police nationale depuis la loi de 1946.

Certes, les policiers martiniquais n’ont pu qu’apprécier le clin d’œil que leur a adressé Kolo Barst dans sa chanson-culte, les inscrivant dans une posture de connivence - « Frères des nègres - contraire à celle allouée aux « gendarmes sans cœur ». La présente intervention n’a pas pour objectif d’opposer les forces de l’ordre ni de diminuer la gravité des faits. Cependant la bonne manière de l’artiste à l’égard des policiers ne doit pas être érigée en fait historique, sous peine de l’intégrer dans ce que j’appelle « l’histoire à côté de l’histoire ».  La mélancolie de Kolo Barst - " pou ranplasé yo yo vwéyé mitrayèt" - rappelle le romantisme de Georges Gratiant : "Ils ont demandé du pain on leur a donné du plomb". La déclamation du maire du Lamentin actait la fin de la dernière grande grève de la canne en Martinique, tandis que Kolo Barst allait graver dans la chanson le plus important conflit de la banane du pays.

Fort-de-France, le 14 février 2024

Yves-Léopold Monthieux

 

[1] Guadeloupe, Martinique jours de mort les 14 février 1952 et 1974 – L’Humanité .fr.

 

Connexion utilisateur

Commentaires récents

  • Islamophobie et racisme ordinaires en Côtes-du-Rhône

    FOK RI...

    Albè

    20/01/2025 - 10:04

    ...adan kalté lavi-tala. Il est vrai que le mot "humour" n'existe toujours pas en créole. Lire la suite

  • Islamophobie et racisme ordinaires en Côtes-du-Rhône

    Albè, si sé ban mwen ou matjé dèniyé...

    Frédéric C.

    20/01/2025 - 09:27

    ....komantè-w la, déja pou yonn: man pa "friqué". Men mwen bizwen li pou apwann épi konpwann. Lire la suite

  • Les 98 otages du Hamas et les 46.000 morts causés par l'armée d'Israël  

    Parfaitement d'accord !!!!

    Nuit noire

    20/01/2025 - 09:08

    Cet écoeurant deux-poids-deux mesures est resté abject jusqu'au bout .Sans parler des 700 morts d Lire la suite

  • Islamophobie et racisme ordinaires en Côtes-du-Rhône

    AIDER LES GENS...

    Albè

    19/01/2025 - 18:39

    ...ki ka li Fondas ? Ha-ha-ha ! Ou fè mwen pété ri, Albè. Lire la suite

  • Islamophobie et racisme ordinaires en Côtes-du-Rhône

    Gendarmes et voleurs.

    Nuit noire

    19/01/2025 - 17:14

    Frédéric C: si paté ni soutirè ,pa téké'y ni volè ....

    Lire la suite