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L’auteur, inspecteur d’Académie honoraire, agrégé de sciences physiques, diplômé de sciences de l’éducation, dédie cet ouvrage « à la jeunesse pour qu’elle ne reproduise pas nos errements ». Puisse-t-elle s’en tenir informée.
Nous sommes à la Martinique, et « le débat sur l’esclavage colonial, ses ravages dans la société et son enseignement est tabou. En société « On lui préfère d’interminables développements sur l’identité et le colonialisme dans ces discours répétitifs et faussement rassembleurs. » L’injustice sociale est flagrante.
Tout au long de son ouvrage Sylvère Farraudière nous fera une analyse, de la société martiniquaise de la période post esclavagiste à nos jours. Cette analyse s’appuie sur un travail minutieux d’historien qui prend en compte dans toute sa complexité la réalité des faits et la grande ligne directrice : « Les droits et devoirs des individus qui s’égalisent sous la bannière républicaine ». Les mots Liberté Égalité Fraternité, commencent à prendre sens et s’étendent désormais à « l’esclavagé » qui a maintenant des droits tels le droit à l’instruction et à l’alphabétisation puisqu’il fait lui aussi partie des gens libres.
Dorénavant, il devra apprendre à lire, écrire, compter comme le conçoit l’objectif premier de sa nouvelle société qui reconnait d’utilité publique, les écoles. Cependant la pauvreté fait résistance car ces nouveaux libres sont certes libérés mais sans indemnité et sans terre, contrairement à l’autre frange de la société, les békés propriétaires instruits, non marginalisés, eux, et qui ont des biens, et surtout une bonne indemnisation pour la perte de leur capital humain qui a été « désesclavagé ».
Il fallait maintenant :
Lutter contre l’analphabétisme et l’illettrisme.
Donner plus à ceux qui ont le moins.
Faire de l’instruction le symbole du pouvoir
Reconnaitre le pouvoir du savoir.
À travers cet ouvrage nous apprenons l’École dès son origine, ses fragilités, ses démons à combattre. Cette École où parler un bon langage excluait la langue-matricielle pour l’obtention d’une parfaite langue cible : le français. Petit à petit, avec l’apprentissage du créole à l’université, la langue française ne sera pas seule en usage à l’école pour combattre l’échec dû au milieu.
Mais comment parler de pauvreté sociale sans tenir compte de l’ambiance linguistique qui règne dans l’environnement ? L’ayant compris Sylvère Farraudière ne laissera pas la langue dominée dans son tiroir, puisqu’en accord avec le recteur de l’époque, monsieur Bertène Juminer, ils la sortiront petit à petit du carcan mesquin et trop étroit où on voulait l’assigner. Introduit d’abord comme une béquille nécessaire à l’apprentissage de la langue française, Sylvère Farraudière va aider le créole à prendre part à l’instruction en le laissant entrer dans l’enseignement avec les médiateurs culturels, faisant en même temps un grand pied de nez à l’apprentissage archaïque qui sévissait jusque-là.
Nommée médiateur culturel en 1989, comment ne pourrais-je ici penser au courrier que m’a adressé personnellement monsieur Bertène JUMINER, recteur de l’époque pour me féliciter de mon premier ouvrage An ti ziédou kozé recueil de poésies tout en créole paru en 1986 ?
Nous avons ici avec l’ouvrage de Sylvère Farraudière un témoignage, un historique documenté avec des statistiques fiables vues à la loupe et commentées avec des arguments pointus. On pourrait conclure que l’échec scolaire est sans aucun doute dû à tous ces archaïsmes qui persistent encore.
S’approprier sa culture et honorer ses pratiques culturelles, convenir d’un lieu de références, un musée par exemple où les générations pourraient venir s’enrichir, tel demeure l’objectif de Sylvère Farraudière dans l’ouvrage Histoire de l’école en Martinique Échec scolaire ou archaïsmes coloniaux, Éditions L’Harmattan, 352 pages. Un témoignage à garder.
Térèz Léotin
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