Phrase en "créole" entendue récemment sur une radio martiniquaise et terrible exemple de décréolisation. Le locuteur voulait dire : "Il a fondu en larmes" et c'est ce charabia qui lui est immédiatement venu à l'esprit.
A qui la faute ?
Avant de répondre à cette question, il est bon de noter (surtout à l'attention des créolophobes qui prétendent que notre langue est pauvre) qu'il existe pas moins de 5 expressions idiomatiques permettant d'exprimer l'idée de fondre en larmes. Les voici :
1. Pléré gwo pléré
2. Mété pléré atè
3. Pléré bon pléré
4. Pléré kon laviej Man Loulout
5. Pléré kité pléré ka alé
Pourquoi aucune de ces expressions n'est venue à l'esprit du locuteur ? D'abord, parce que nous sommes bombardés de français toute la journée : radio, télé, cinéma, Internet etc...et surtout école et université. Or, c'est le rôle de l'école que d'enseigner la langue d'un peuple sachant que l'école n'est pas là pour apprendre à parler mais à écrire. C'est grâce à l'écrit que nous connaissons des choses que nous n'avons jamais vues (donjon, iceberg, chameau, kimono etc.), mais surtout que nous apprenons les richesses lexicales, syntaxiques et rhétoriques de notre propre langue. Or, non seulement le créole n'est pas obligatoire à l'école en Martinique, mais il est enseigné à la portion congrue et par des gens qui ne possèdent même pas une licence de créole laquelle existe pourtant depuis 17 ans au sein de notre université.
L'Etat français, par le biais du rectorat, organise un véritable écran de fumée visant à faire croire que notre langue est prise en compte dans le système scolaire, ce qui est complètement faux. Jacobin dans l'âme, cet état qui se refuse à signer la Charte Européenne des Langues Régionales ne cède du terrain (très peu de terrain) que contraint et forcé. Ce qu'il a dû céder depuis trois décennies en Martinique, ce fut sous la pression du GEREC (Groupe de Recherches et d'Etudes en Espace Créole) qu'a fondé et dirigé feu Jean Bernabé au sein de notre université.
Mais, il ne serait pas honnête intellectuellement parlant de faire reposer l'état catastrophique dans lequel se trouve le créole (car I mété kò'y ka fonn an larm n'est rien d'autre qu'une catastrophe !) sur les épaules du seul état français. Nos élus de tous bords portent eux aussi une très lourde responsabilité dans la situation actuelle car ils ne se sont jamais préoccupés de définir une politique linguistique comme en Corse, au Québec, à Tahiti etc... Dans le programme du GRAN SANBLE, en décembre 2015, il était inscrit noir sur blanc qu'un Office de la Langue Créole serait créé, chose qui n'avait rien de révolutionnaire puisqu'il en existe un peu partout et cela depuis des décennies (Réunion, Bretagne, Corse, Québec etc...). Or, pour d'obscures raisons ledit Office n'a jamais vu le jour en 5 ans !
Ne nous reste plus alors qu'à fonn an larm...
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
Commentaires
Encore le double langage.
Tokyo
21/11/2021 - 20:07
Ce genre d'horreur linguistique est malheureusement de plus en plus fréquente ,y compris dans la bouche de ceux qui prétendent pourtant "défendre notre culture".