Pendant que ça s'étripe sur le créole en Martinique...

   Dans la République des Seychelles (seulement 455Km2 contre 1.100 pour la Martinique), cette question a été résolue depuis quatre décennies déjà. 

   Quand on voit sur une télé-poubelle, un donneur de leçon nègre, mais aliéné jusqu'à la moëlle des os, dénigrer des chercheurs et créolistes martiniquais internationalement reconnus, on se demande si on ne rêve pas. Si on n'est pas dans un mauvais rêve... Par contre, aux Seychelles, pays aux trois langues officielles (anglais, français et créole), l'enseignement du créole commence dès l'école maternelle et est obligatoire. Le parlement lui-même affiche la couleur sur sa façade comme on peut le voir sur la photo qui illustre cet article.

   Martinique ? "Pays où il y a plus de pantalons que d'hommes", disait Fanon. "Mendiants arrogants", dénonçait Césaire.

   Bref...

   Dans la vidéo de la 1è chaîne de télé des Seychelles, regardez le reportage ci-après...

Commentaires

Encore une vidéo Facebook…

certes

07/06/2023 - 17:53

Encore une vidéo Facebook. Décidément, le blog fait la promotion de réseau social.
En matière d'enseignement, les Seychelles font une chose, Sainte-Lucie et la Dominique en font une autre.
Seul une analyse dépassionnée avantages/inconvénients permet de se définir.
Mais quand ce blog qualifie de "génocide" ce qui ne correspond pas à son choix, on voit qu'on est d'emblée dans l'outrance.

C'EST LOIN D'ETRE SIMPLE SAUF EN MARTINIQUE

Karl

26/06/2023 - 19:53

Les Seychelles sont indépendantes depuis 1976.
Je vous propose deux extraits de texte sur le trilinguisme seychellois (créole, anglais, français), inscrit dans la constitution depuis 1979 soit depuis plus de 40 ans. Les trois langues sont enseignées.
Mais Après trente ans, les trois langues nationales de la Constitution seychelloise (officialité) ne sont cependant pas, dans les usages institutionnels, également réparties. En effet, presque tous les textes officiels sont écrits en anglais, qui s’est imposé de lui-même, étant la langue du dernier colonisateur et des élites actuelles formées dans les universités anglophones (4 % d’entre eux seulement étudient en universités francophones grâce à des bourses).

Si les Seychelles ne constituent pas un modèle, ces textes montrent qu'il n'y a qu'en Martinique, adepte de "il n'y a qu'à" et "il faut qu'on" que l'on fait semblant de croire que les problèmes peuvent, à coup sur, être réglés par des textes juridiques, oubliant au passage de "le fait précède le droit".

I - PROBLEMATIQUE DE LA RECONNAISSANCE DU STATUT OFFICIEL DU CREOLE SESELWA EN CONTEXTE TRILINGUE
texte paru dans Montray Kreol 31 juillet 2007
Le créole, première langue maternelle, est reconnue comme une langue à part entière en tant que langue d’identité culturelle. Elle est bien définie comme la langue qui rassemble et unit le peuple seychellois. Elle répond non seulement à presque tous les besoins en expression personnelle mais joue un rôle prédominant dans la communication quotidienne orale surtout en situation informelle. Cependant, il est évident aux yeux de ces élèves, que le créole ne remplit pas les mêmes fonctions et n’a pas la même utilité internationale que l’anglais et le français. Pour maintenir la place du créole en tant que première langue des Seychelles, il est nécessaire de s’interroger sur l’utilité sociale du créole.

Quel nouveau rôle pouvons-nous lui donner ? Un rôle qui soit fonction de son statut et de sa place. Comment renforcer son importance à l’écrit quand les besoins sont déjà largement pris en compte par l’anglais. Est-il nécessaire de lui attribuer une nouvelle finalité. Peut-être, est-il déjà trop tard, alors que son absence se fait fortement sentir dans certains domaines comme la littérature et les textes document aires. Comment vivre en complémentarité avec les deux autres langues ?

PROBLEMATIQUE DE LA RECONNAISSANCE DU STATUT OFFICIEL DU CREOLE SESELWA EN CONTEXTE TRILINGUE
Pour que le créole ait le même pouvoir, la même notoriété que l’anglais et le français, il est nécessaire de continuer à faire des recherches sur son développement dans toutes ses composantes en vue de renforcer son utilité et d’obtenir une meilleure perception représentation et attitude.

Mot de la fin…
Comment assurer un bon voisinage des langues

En situation plurilingue, toutes les langues sont importantes, égales en statut mais avec des fonctions ponctuelles en réponse aux besoins de communication des locuteurs.
J’aime utiliser le terme « bon voisinage » à la place de co-existence comme il traduit mieux cette idée de cohabitation. C’est ainsi que dans la même communauté, on partage les mêmes langues, pas avec la même maîtrise, pas pour les mêmes fonctions. Les trois langues se partagent tous les besoins de communication dans un esprit de complémentarité ;

L’avenir du créole, en tant que première langue des Seychelles dépendra essentiellement de son développement scientifique et son outillage pour mieux remplir certaines fonctions Une fois la langue outillée pour répondre aux principaux besoins de la communication orale et écrite, elle sera mieux perçue, mieux reconnue et donc mieux respectée par ses usagers.

II - SITUATION LINGUISTIQUE SEYCHELLOISE : ENTRE TRILINGUISME CONSTITUTIONNEL ET USAGES INDIVIDUELS (Dr Fabrice Barthélémy)

Des représentations ambivalentes circulent dans toutes les sociétés concernées
par le bilinguisme ou le plurilinguisme ; les Seychelles ne font pas exception à
la règle. La société seychelloise présente un système trilingue créole-anglais français dans lequel le premier ne jouit pas d’un statut prestigieux, mais est
majoritairement employé en communications informelles. Le second occupe
une place non seulement liée à l’histoire du pays, sa place dans le système
éducatif, mais aussi aux représentations qu’il véhicule : langue de promotion
sociale, utilitaire, dans ces conditions, la place du français, qui jouit toutefois
d’un statut que la colonisation britannique (1810 à 1976) n’a pas réussi à ternir
complètement, est plus ambiguë. Plongeant à la fois les locuteurs seychellois
dans une insécurité linguistique mal vécue, notre langue, autrefois celle des
« grands Blancs » bénéficie encore d’un solide potentiel lié à son utilité dans
un contexte régional francophone porteur, mais aussi au niveau local dans
des entreprises françaises implantées. Il n’en demeure pas moins qu’elle est
constamment menacée sur le marché linguistique seychellois et que l’effort doit être absolument maintenu afin qu’elle ne disparaisse pas des us et usages.
Dans un semblable contexte, il conviendrait d’insister sur la responsabilité
des enseignants, illustrée par une attitude de décentration, d’ouverture, de
tolérance face aux langues enseignées auprès des jeunes enfants, qui doivent
apprendre à prendre place dans un environnement culturo-linguistique
complexe, afin que la construction de leur identité, prenant positivement en
compte leur héritage linguistique spécifique, puisse pleinement s’épanouir.
S’intéresser, comprendre les mécanismes en jeu dans l’apprentissage des langues de scolarisation dans ce contexte trilingue devient un axe de travail prioritaire dans cette perspective. Les capacités, les compétences communicatives, les habiletés acquises en langue première peuvent alors offrent des avantages indéniables pour l’acquisition de la ou des autres langues étrangères. « Je ne vois pas se dessiner une concurrence négative (sauf peut-être dans les peurs des uns et des autres, les rumeurs enclenchées par l’inflation des discours semi-savants), l’ensemble des partenaires ayant à bénéficier de l’urgence, de la diversification, de la massification des besoins socioprofessionnels de pratiquer les langues étrangères », écrivait Louis Porcher. On entend souvent dire que l’alphabétisation en créole constituerait un obstacle à l’acquisition du français. C’est, au contraire, en s’appuyant sur une didactique convergente française – créole (projet actuellement mené par la COI), en considérant les langues partenaires, que se joue l’avenir du français aux Seychelles.

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