Mettant en pratique la décision de l'Assemblée de Martinique de co-officialiser le créole et le français, le Président de la CTM, Serge Letchimy, a adressé un courrier au Préfet de la Martinique dénonçant l'injonction de ce dernier visant à supprimer ladite décision. Ce courrier a été écrit en double : en français et en créole.
Pour ceux qui s'en étonneraient, il y a beaucoup plus bizarre : il suffit de se rendre à l'entrée du bâtiment de la Préfecture à Fort-de-France pour constater que, depuis une bonne vingtaine d'années, le descriptif des lieux est rédigé en français et en créole. Et cette bilingualité (co-officialisation ?) n'a pas émané des élus martiniquais mais de l'autorité de tutelle française !!! Mieux : les textes en créole figurant sur l'enceinte de la Préfecture sont écrits sans aucune faute alors qu'aucune instance locale, émanant de l'Université par exemple, n'avait été sollicitée. Par contre, la lettre de S. Letchimy, que l'on découvrira plus bas, en comporte un certain nombre, tant au plan de la graphie que de la syntaxe, qui sont les suivantes :
. lang mwen : il faut un tiret entre le possesseur et le possessif ce qui donne lang-mwen.
. manniè man ni di wè lavi-a : le "di", calque du français "de", n'a rien à faire là. C'est manniè man ni wè lavi-a.
. sé mandé mwen pasé pa anba : expression totalement inconnue tant en créole qu'en français et bizarre.
. listwa : c'est listwè comme pour totwè (trottoir) ou larmwè (armoire).
. sé méprizé dwa mwen : l'expression "tiré méprizasion " est pourtant courante à Terres-Sainvllles et à Volga-plage.
. nou bon épi tousa : il n'y a aucune raison de coller "tou" et "sa". C'est donc "tou sa".
. riprésantan : le "s" doit être remplacé par "z".
. aksepté ritiré : c'est du créole de la rue Victor Hugo ou de la rue Lamartine (enfin, à l'époque, où elles n'étaient pas en décrépitude). Aksepté tiré convient parfaitement.
. vroudré : bizarre pour "voudré".
. mofwazé an bien péyi-a : le "an bien" démolit le joli "mofwazé" (transformer). Il aurait mieux valu écrire "mofwazé péyi-a an manniè obidjoul".
. menm si mwen sav lajistis : calque du français. Il aurait mieux valu écrire "mwen plis ki sav".
Etc...etc...etc...
La liste des fautes de graphie, de syntaxe et de rhétorique (expressions idiomatiques notamment) serait beaucoup trop longue à établir et a de quoi susciter l'inquiétude s'agissant de celles et ceux qui seront chargés par la CTM de prendre en charge de développement du créole.
Mais nous n'allons quand même pas faire la fine bouche car depuis l'abolition de l'esclavage, en 1848, c'est la première fois qu'un président de collectivité écrit au représentant de la puissance de tutelle, à savoir le préfet, en langue créole. Alors que des indépendantistes ont été au pouvoir tant à l'ex-Conseil régional qu'à l'actuelle CTM, ils ne l'ont jamais fait !
C'est donc un pas, un tout petit pas, mais c'est à petit pas, selon toute évidence, que le peuple martiniquais avancera en direction de la souveraineté optimale.
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Commentaires
Écrire en kréole
Marshall
01/10/2023 - 11:02
Letchimy écrit comme il parle le créole.