En Finlande, la Commission pour la vérité et la réconciliation avec le peuple sami remet jeudi 4 décembre son rapport sur les discriminations subies par le dernier peuple autochtone d’Europe. Opprimés durant des siècles, les Samis seraient environ 100 000, principalement installés en Norvège, Suède et Finlande.
Ils sont considérés comme le dernier peuple autochtone d’Europe. Les Samis, descendants d’éleveurs de Rennes du nord de la Scandinavie, attendent ce jeudi 4 décembre qu’un nouveau pan de voile soit levé sur leur histoire. En Finlande, la Commission pour la vérité et la réconciliation avec le peuple sami doit remettre son rapport final sur les discriminations historiques subies par ces populations.
Selon le rapport sur le monde autochtone de 2024 (1), environ 100 000 Samis vivent encore au nord du continent européen, sur un territoire nommé « Sapmi », une vaste région couvrant le nord de la Norvège, de la Suède et de la Finlande et une grande partie de la péninsule russe de Kola. Entre 50 000 et 65 000 Samis vivent en Norvège (sur 5,5 millions d’habitants), 20 000 en Suède (sur 10,5 millions d’habitants), 8 000 vivent en Finlande (5,5 millions d’habitants) et 2 000 en Russie.
Bien que séparés par des frontières, les Samis forment un seul peuple, uni par une histoire commune et des siècles d’injustices et de discriminations subies.
Les Samis étaient autrefois appelés les Lapons, un terme péjoratif qui n’est plus utilisé aujourd’hui (signifiant « porteur de haillons » en suédois). Leur présence en territoire Sapmi est attestée par des traces archéologiques révélant des activités de chasse et de pêches, remontant jusqu’à 8 000 avant notre ère.
Vers 900, les Vikings commencèrent à remonter vers la Laponie et à établir des premiers contacts avec les Samis. Ces derniers furent alors soumis à divers impôts en nature et commencèrent à être exploités pour fournir les nouveaux arrivants en peaux de bêtes, dont ils faisaient commerce. À partir du Moyen Âge, les royaumes de Norvège, Suède et Novgorod revendiquèrent leur souveraineté sur le Sapmi et continuèrent de taxer les Samis.
Les premières églises furent bâties dès le XIe siècle dans cette région et les missions chrétiennes s’intensifièrent dès le XIIIe siècle pour convertir le peuple Sami. La christianisation passe notamment par l’interdiction et la répression des pratiques chamaniques et des anciens rites. Cela conduit à une chasse aux sorcières meurtrière, comme en témoigne le mémorial de Steilneset, ouvert en 2011 en Norvège, en souvenir de ces massacres. Au XVIIIe siècle, la majorité de la population samie était devenue chrétienne de gré ou de force.
Les Samis deviennent un maillon du système d’exploitation des territoires du nord, riches en forêts, lacs, rivières et minerais. En Suède et Norvège, ils jouent un rôle crucial dans le commerce des fourrures. Ils sont également exploités par l’industrie minière, forcés de transporter des minerais sur leurs traîneaux. Autant d’activités qui portent atteinte à leur mode de vie traditionnel de nomades, éleveurs de rennes, pêcheurs et chasseurs. En 1903, un chemin de fer est construit jusqu’au territoire sami en Suède, qui contribue à le désenclaver mais l’expose également d’avantage.
Aux XIX et XXe siècles, ils sont victimes de politique d’assimilation à grande échelle. Les langues et les prénoms samis sont interdits, les enfants sont placés de force dans des internats, leur accès à la terre est restreint, ainsi que leur droit d’élever des rennes.
Dans les années 1930, de nombreuses études raciales sont menées sur les Samis, considérés comme un peuple primitif et inférieur. Des lois eugénistes, reposant sur ces théories racistes, sont mises en place, conduisant notamment à des campagnes de stérilisation.
La Suède est le cas le mieux documenté et le plus massif : les chercheurs estiment qu’entre 1934 et 1976, les Samis étaient surreprésentés au sein des 63 000 personnes stérilisées dans le pays. Les politiques d’assimilation se sont poursuivies jusque dans les années 1960, avec des enfants obligés à fréquenter des écoles de langue finnoise et battus s’ils parlaient leur propre langue.
Depuis quelques décennies, les États suédois, finlandais et norvégiens multiplient les initiatives pour reconnaître les droits des Samis et réparer ces injustices subies. En 1989, la Suède leur reconnaît le statut de peuple autochtone. Cette même année, la Norvège créée le premier Parlement sami, suivis par la Suède (1993) et la Finlande (1996). Ils visent à faire remonter les revendications de ces communautés auprès des gouvernements nationaux. En 2000, les trois parlements créent un conseil conjoint appelé Conseil parlementaire sami.
En 1999, le gouvernement norvégien présente des excuses officielles au peuple sami mais il faudra attendre près de vingt ans pour qu’une Commission vérité et réconciliation de douze membres soit lancée (2018). La Finlande fait de même en 2021 et la Suède en 2022 pour enquêter sur les discriminations passées.
En 2022, l’évêque luthérien du diocèse d’Oulu, dans le nord ouest de la Finlande, indiquait au pape François son intention de présenter bientôt des excuses aux Samis : « Nous arriverons bientôt à ce moment où l’ensemble de l’Église évangélique luthérienne de Finlande devra présenter des excuses au peuple sami » pour « les méfaits passés et les péchés structurels qui continuent d’avoir un impact sur la vie des gens ».
Peu après, l’archevêque Antje Jackelen, primat de l’Église luthérienne de Suède, avait présenté ses excuses au peuple sami pour le rôle de l’Église de Suède dans de « graves violations de la dignité humaine ».
(1) The Indigenous World 2024 (IWGIA)
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