Y'a pas que le cochon créole qui soit menacé de disparition

   D'importants efforts de recherches sont développés depuis des années en Martinique afin de tenter de sauver le "cochon créole", variété porcine qui a une spécificité génétique et dont la viande est d'une qualité exceptionnelle. 

   Travail remarquable s'il en est mais qui ne doit pas faire oublier que :  

 

      . le cheval créole est devenu aussi rare qu'une licorne.

 

      . la canne créole, ô "Cristalline" qui enchantait nos palais d'enfants !, a disparu avec l'introduction d'espèces plus mécanisables ! 

 

      . l'architecture créole (et bio-climatique) est ignorée de la bourgeoisie qui affectionne les villas en béton qui nécessitent d'être climatisées.

 

       . le costume créole, majoritaire jusqu'au milieu des années 60, n'est plus porté que lors des concours de Miss ou pendant le carnaval, quoique des courageuses tentent de le sauver.

 

       . les contes créoles ont disparu avec la fin des veillées mortuaires au domicile des défunts qui étaient leur écosystème. Les décès se produisent désormais à l'hôpital et les veillées qui y sont organisées ne permettent pas de lancer de "Yéé-Krik ! Yéé-Krak !". 

 

       . les jeux et jouets créoles ne sont plus de ce bas-monde depuis des lustres. O kalibantjo, descente vertigineuse sur le dos d'un morne assis sur une branche sèche de cocotier !

 

       . le magico-religieux créole ou "quimbois" s'est volatilisé devant les boules de cristal des voyantes européennes et les gris-gris des marabouts africains, tout ce beau monde n'hésitant pas à se faire de la pub sur "France-Antilles" et les chaines de télé privées. Notre dernier quimboiseur fut Grand-Z'Ongle, décédé en...1965. 

 

       . la langue créole bat de l'aile comme un kayali qui a reçu un kout-labalet et ça, en dépit des efforts monstres déployés depuis une quarantaine d'années par des linguistes, des écrivains et des militants culturels. Et ausi une tentative de co-officialissation impulsée par notre collectivité dite "majeure".

 

    De tout ça, la plupart des Martiniquais n'en ont rien à foutre, partagés qu'ils sont entre un assimilationnisme qui cherche à nous faire croire que nous sommes des "Français à part entière" et un panafricanisme qui tente de nous convaincre que nous sommes les descendants directs de Toutankhamon. Entre makakri dans le premier cas et manjakri dans le second, nous sommes mal barrés...

   NB. Bon, nous avons un peu exagéré. Les jurons créoles sont plus vivants que jamais : Patat manman'w ! Bonda marenn-ou ! Landjet sa pito !...

Connexion utilisateur

Commentaires récents