Dans n'importe quel pays, une altercation entre l'élu le plus haut placé et un simple subordonné, fut-il représentant syndical, aurait plongé le peuple dans une profonde consternation.
Pas en Martinique vu qu'elle n'est pas un pays mais un "territoire" et ceux qui y habitent davantage une "population" qu'un peuple au sens plein du terme. Or, un territoire n'a pas de président mais simplement un chef indigène dénué de réel pouvoir, hormis ceux (réfections d'écoles et de routes, attribution de subventions etc.) que la puissance de tutelle ou l'Etat colonial ou quel que soit le nom qu'on lui donne a bien voulu attribuer au premier nommé. Cependant, en dépit de la relative facticité du pouvoir dont dispose ce chef indigène, il y a une chose que la population se doit de respecter ou plus exactement apprendre à respecter : la fonction. C'est parce que pendant l'époque coloniale en Afrique les peuples ont respecté la fonction de chef qu'après l'indépendance et après avoir renversé ces derniers, ils ont tout naturellement respecté la fonction de président des états nouvellement créés.
Il n'y a pas de territoire ou de pays sans chef. Quel que soit le système politique choisi ou imposé, capitaliste ou communiste, il y a toujours un Numéro 1, une figure représentative à laquelle on doit le respect. Ici, il y a un point très important à souligner : nous parlons du respect de LA FONCTION, pas celle de l'individu qui occupe ladite fonction. Et dans le cas de l'altercation évoquée plus haut, quel qu'ait été le président de la CTM__Marie-Jeanne, Letchimy ou Tartempion__sa fonction se doit ou se devrait d'être respectée. Et c'est là que dans notre territoire ubuesque, l'observateur impartial relève trois formes hypocrisie laquelle reflète, hélas, l'infantilisme grandissant dans lequel la Martinique s'est enfoncée :
__celle de l'opposition GRAN SANBLE qui, dans un communiqué, condamne le comportement du "Président" de la CTM, oubliant ou feignant d'oublier que c'est sous la mandature de Marie-Jeanne que le syndicaliste, qui a traité la Collectivité Territoriale d'Habitation (plantation esclavagiste) et logiquement Letchimy d'esclavagiste, avait été frustré dans l'évolution de sa carrière. En effet, il aurait normalement dû succéder à son supérieur hiérarchique au départ à la retraite de ce dernier, or, on lui a refusé ce poste. D'où son obstination, à partir de ce moment-là, à n'accepter aucune affectation ! QUESTION : pour quelle raison ce poste lui-a-t-il été refusé ? Ne pas répondre à cette question relève de l'hypocrisie pure et simple et condamner aujourd'hui l'altercation relève de la démagogie, voire de la malhonnêteté la plus crasse.
__celle du "Président" de la CTM qui s'indigne de voir l'institution qu'il dirige être traitée d'"Habitation" alors qu'il a été maire de Fort-de-France et qu'il connait mieux que quiconque le fonctionnement interne de cette municipalité depuis toujours et donc bien avant lui : népotisme, clientélisme, favoritisme, macoutisme etc... C'est ce qui avait conduit Guy Cabort-Masson, dans un opuscule datant des années 80, à qualifier les maires martiniquais et au premier chef ceux qui se sont succédés à Fort-de-France, de "géreurs d'Habitation", donnant l'exemple du droit de cuissage qui gangrenait certains services. A l'époque, le PPM n'avait rien dit, sachant pertinemment que Cabort était dans le vrai ! Donc quand S. Letchimy s'offusque aujourd'hui, il y a de quoi sourire.
__celle de personnels (féminins surtout) de la CTM qui s'indignent également de l'altercation mais dont chacun sait pertinemment que certaines sont en attente de promotion, de directrices de ceci ou de cela, attente qui s'éternise à leur goût, ce qui fait qu'elles tiennent le "président" pour responsable du piétinement de leurs carrières. Quand on entend l'une d'elle, sur l'audio de l'altercation qui circule, s'écrier "Moi, j'ai du sang kalinago !", on ne sait pas s'il faut éclater de rire ou pleurer. On ne voit vraiment pas le rapport avec le cas de Letchimy traité de "Nègre d'Habitation" et de "Kouli d'Habitation" avec un quelconque chromosome kalinago. Les Kalinagos ont été génocidés à la fin du 17è siècle (ou se sont enfuis à l'ile de la Dominique). C'était il y a... 4 siècles désormais. Dans ce territoire qu'est la Martinique, la démagogie n'a vraiment pas de limites.
Trois hypocrisies donc qui se font face et s'affrontent sous le regard ironique du Papa Blanc et qui illustrent à la perfection l'état dans lequel la Martinique a sombré. Quand la principale insulte n'y est plus "Bonda manman'w !" mais "Espèce de Bac + 12", on comprend que le processus d'hawaïsation que redoutait et dénonçait Edouard Glissant dès 1981 est sur le point de se réaliser.
Triste Martinique...
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Les propos de Crusol sont gravissimes .C'est néanmoins une analyse originale qui mérite qu'on s'y Lire la suite
Rien de plus facile que de modifier la constitution. Lire la suite
Commentaires
Règlement des conflits
Popotte
26/09/2024 - 07:35
Selon moi, le problème n'est pas le conflit mais son mode de règlement.
Il y aura TOUJOURS des conflits mais il faudrait savoir quels sont les moyens de les régler en toute dignité.
La violence verbale est difficile à éviter quand les esprits s'échauffent et de surcroît, cette violence est relative. Ce qui est offense pour l'un peut ne pas être offense pour l'autre, car nous sommes tous différents par nature, avant même que notre culture ne soit prise en compte.
La violence physique, elle, est tangible. Les coups, en tout lieu et en tout temps, ne prêtent pas à interprétation. C'est un langage universel d'agressivité. Nulle part dans le monde, une gifle ou coup de poing ne sont perçus comme des caresses ou des gestes anecdotiques.
Quand un responsable politique se met à taper ses adversaires, qu'on le veuille ou pas, IL Y A UN PROBLEME . Et ce n'est pas en cherchant dans la passé ou en d'autres circonstances d'autres exemples pour justifier ou minimiser cette réalité qui changera les choses.
UN SYNDICALISTE
Albè
26/09/2024 - 08:10
... n'est pas "un adversaire" d'un dirigeant de collectivité mais un subordonné, un employé qui comme tel n'a pas le droit de diffuser des tracts accusant ce dirigeant d'être un Béké esclavagiste. Surtout quand ce dirigeant est descendant à la fois d'esclaves noirs et de déportés indiens et quand ce subordonné est un Caucasien. Sinon c'est le monde à l'envers !
Caucasien
Popotte
26/09/2024 - 09:21
Cet homme syndicaliste est un représentant d'autres employés de la CTM, pour la plupart non Caucasiens. Il ne s'est pas autoproclamé à ce poste. Donc, il a eu l'accord de ses colistiers pour diffuser ces tracts. Aussi, c'est le syndicat tout entier qui est à blâmer.
Je ne crois pas que les mots "Béké" et "esclavagiste" aient été prononcés dans ces publications. Je me renseignerai plus amplement.
Opposant, adversaire, subordonné : en quoi la qualité de celui qui vous fait face participe au fait que vous le considériez comme votre "ennemi provocateur " qui justifie tout acte de répression?
Les violences faites aux femmes par leurs compagnons (ou compagnes) ou aux enfants par leurs éducateurs sont-elles qualifiées différemment selon les origines ethniques des plaignants ? Donc alors, plus graves dans certains cas et moins graves dans d'autres pour les mêmes actes?
Dans quelles situations de violence physique unilatérale, l'excuse de provocation verbale, manuscrite, picturale, gestuelle ou d'ethnicité historiquement belligérante exonère de TOUTE CULPABILITE? Alors en étant présents physiquement dans certains quartiers de Martinique , les Caucasiens devraient s'attendre à prendre des coups et pareillement pour les Noirs en Europe, sans qu'aucun coupable ne puisse être valablement reconnu comme tel?
C'EST TOUS LES JOURS...
Albè
26/09/2024 - 09:44
...qu'en France et en Europe, les Antillais sont agressés. Cela va du simple regard méprisant au tabassage en passant par l'insulte. L'existence d'un Antillais en France n'a rien à voir avec celle d'un Métro aux Antilles ! C'est que leur carte d'identité française n'est pas inscrite sur leur visage : Noirs, ils sont pris pour des Africains, Chabins ou Mulâtres, ils sont pris pour des Arabes. Allez demander, par exemple, à Michel Zecler, ce producteur de musique martiniquais qui était sorti de son studio de musique pour fumer tranquillement une cigarette sur le trottoir et qui s'est fait massacrer la gueule par des policiers ! Sinon, pour en revenir à la "bagarre" entre le président de la CTM et un syndicaliste métro, quand ce dernier se permet d'accuser le premier d'être un Béké esclavagiste, c'est exactement comme si un Allemand accusait un Juif d'être un nazi ! C'est carrément le monde à l'envers.
Pour information
Moucha KA-KA
26/09/2024 - 13:28
La sacoche de M. Zecler contenait une faible quantité de cannabis, 0,5 grammes, selon le procureur. M. Zecler dit qu’il ne fume pas et que la marijuana avait été oubliée dans son studio par un de ses artistes. ( Source new york times)
Néanmoins il ne méritait pas se passage à tabac. Pour moi le caractère raciste étiait bine présent.
J'aimerai voir aussi la même émotion quand les antillais ou les noirs se font tabasser voire tuer par les Arabes. Ce qui arrive très très souvent.
1-Mort de Mamoudou Barry à Rouen
jeune et brillant enseignant-chercheur en droit, Franco-Guinéen âgé de 31 ans, avait été roué de coups sous les yeux de sa femme, à Canteleu, près de Rouen (Seine-Maritime). Plongé dans un coma artificiel et transporté au CHU de Rouen, il était mort le lendemain...le caractère raciste de l’agression retenu comme circonstance aggravante, Damien Aktas, 30 ans, Français d’origine turque
2-L'agresseur d’un livreur Africain à Cergy, « impulsif » et « qui ne se maîtrise pas », condamné à deux ans de prison ferme
Mourad D., qui avait frappé un livreur et proféré des injures racistes à l’encontre d’une voisine filmant la scène, a été condamné par le tribunal de Pontoise, jeudi.
Rappelle des propos de ce monsieur Arabe :« Espèce de n*gr*ss*, s*l* Noire, personne te touche, grosse chi*nne, tu pues la pisse, pendant huit cents ans on vous a vendus comme du bétail, comme du maïs, nous, les Algériens. »
Quand il s'agit des agressions perpétrées par des arabes je ne vois jamais les membres de ma communauté s'indigner. Jamais.
Complément d'information
sidibe
26/09/2024 - 15:07
Et n'oubliez pas le meurtre de Lilyan Déjean .Ce jeune Guadeloupéen noir qui s'est fait tuer par le dénommé Abdul D dernièrement à Grenoble.Au delà du crime crapuleux, la motivation raciste était manifeste. Plus personne d'ailleurs ,d'équilibré ne peut plus nier la négrophobie haineuse de la plupart des Arabes.
Le Pt de la CTM pris au piège
GIRARD G
30/09/2024 - 20:23
Difficile de comprendre que le président de la CTM se soit laissé aller à une telle extrémité. Il a manifestement pété une durite ! On peut tout admettre, mais pas ça président. Le président de la CTM n’a donc rien d’autre à faire qu’à s’exposer lors de telles réunions, alors que la CTM dispose d’un directeur général des services, d’un DRH, de juristes.
Pitoyable ! Tout le monde sait pourtant que les réunions du personnel sont des guets-apens permanents. Âmes sensibles, vous devez éviter ces scènes de théâtre où les rôles caricaturaux sont distribués d’avance : patrons = békés ; salariés = esclaves etc … si le président s’est senti insulté : il n’avait qu’à porter plainte, ou tout en maitrise prononcer la suspension ou le report de la réunion à une date ultérieure.
Le pôôôvre présidé, le voilà maintenant entrainé dans les draps de la justice, avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête !