Il existe de nos jours une véritable coupure générationnelle au niveau linguistique chez les Antillais : les plus de 50-55 ans continuent à pratiquer la langue de leurs parents ; les moins de 50-55 ans ne la connaissent plus vraiment tout en étant persuadés de la connaitre et de la parler.
Si, par exemple, vous demandez à quelqu'un de 60 ans comment on dit "zigzag" en créole, il va réfléchir quelques instants, parfois plus longuement, mais finira par vous répondre : siyak. Il saura aussi que "zigzaguer" se dit : fè siyak. Posez la même question à quelqu'un de 30 ans, il se grattera la tête, farfouillera dans sa mémoire, avant de répondre, un peu gêné : "zigzag". Or, il n'y a vraiment pas de quoi être gêné. Bien au contraire ! Pourquoi ? Parce qu'il suffit simplement de prendre conscience, non pas que "le créole n'a pas de vocabulaire" comme aiment à répéter les ignares, mais au contraire qu'il a 2 fois plus de vocabulaire que le français. Comment cela, vous demanderez-vous ?
Très simple : tout mot français peu devenir un mot créole soit en subissant une modification phonique ("malheureux" devient maléré) soit une coupure au début ou à la fin ("étrangler" devient tranglé ; "adventiste" devient alvantis) soit en demeurant tel quel comme "zigzag". Le locuteur antillais possède par conséquent TOUT LE LEXIQUE du français + le lexique spécifique au créole et peut utiliser l'un ou l'autre lorsqu'il parle créole. Exemples :
. TEMPE : tanp/kan-tet.
. JEANS : djin/djenndo.
. TAUREAU : towo/bouva.
. PLONGEON : plonjon/létjet.
. GUEPE : djep/mouch-wouj.
. ESPIEGLE : espieg/katjopin.
. HAMECON : amson/zen.
. VANTARD : vanta/bavadè.
Etc...Etc...
Il n'y a que dans le domaine des Sciences où le créole ne dispose pas (pas encore !) de mots spécifiques."Carré de l'hypoténuse" ou "Relativité générale", par exemple, demeurent encore hors de sa portée même si quelques efforts sont faits depuis quelque temps pour essayer de combler ce vide :
. Aéronautique/Météorologie
Serge RESTOG : https://fondaskreyol.org/article/solar-impulse-vole-lantoun-late-a-epi-fos-limie-soley
. Astrophysique
Raphaël CONFIANT : https://fondaskreyol.org/article/lawonn-bel-zanno-se-ki-sa
. Vulcanologie
Nathalie MICHALON : https://fondaskreyol.org/article/lavalas-labou-volkan
Pour en venir au mot qui nous intéresse dans cet article à savoir "zigzag" qui se dit siyak, on peut se demander d'où il provient. Mais pour ceux qui connaissent notre musique natif-natal, celle née au fin fond des campagnes, ils savent qu'un siyak désigne selon le site de l'Association AM4 :
"Un morceau de bambou strié plus ou moins profondément et sur lequel on fait aller et venir deux petites baguettes de bois (l'une tenue à la main gauche, l'autre à la main droite) pour obtenir la musique désirée."
Nous avons souligné le mot "strié" parce que la forme qu'il désigne ressemble à celle d'un... zigzag. Y aurait-il donc un rapport entre le mot siyak désignant cet instrument de musique et celui désignant un zigzag ? Et ce rapport serait-il d'antériorité ou de postériorité ? Il n'est guère facile de trancher. En tout cas, ce mot a tout l'air de provenir d'une anomatopée ou d'en être carrément une.
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Les propos de Crusol sont gravissimes .C'est néanmoins une analyse originale qui mérite qu'on s'y Lire la suite
Rien de plus facile que de modifier la constitution. Lire la suite
En droit français actuel PERSONNE ,même pas Macron ne peut "octroyer" l'indépendance à un territo Lire la suite
Commentaires
"GRIF AN TÈ" était...
Frédéric C.
04/11/2024 - 20:51
...à cet égard un journal idéologiquement révolutionnaire. Je ne dis pas ça parce que "sé adan viyé kannari yo ka fè bon soup", ni par nostalgie. MAIS : 1)GAT rappelait des fondamentaux sémantiques, syntaxiques et autres, avec des dessins pour illustrer; c’était très pédagogiquement élaboré, car les gens ont été alphabétisés en français. ; 2)Il définissait (après les Haïtiens et Seychellois, entre autres, qui avaient déjà travaillé là-dessus) une graphie distincte, pour les mots issus étymologiquement du français. Ce que ne faisait pas Gilbert Gratiant ou L.Boislaville... Aujourd'hui, tout cela semble s’être vulgarisé dans la société. Mais en y regardant de plus près, c’est parfois du n’importe quoi, tant à l’oral (gallicisme) qu’à l’écrit (où règne parfois le "i bon kon sa"). On peut se demander si, avec les moyens modernes de communication, une "Nouvelle Série" de GRIF AN TÈ ne serait pas nécessaire, aussi bien pour les Mquais "de l’intérieur" que pour la diaspora en France et ailleurs. D’autant que le pari en 1978 était extrêmement audacieux, un des contributeurs de GAT me disait récemment que c’était à diffusion "confidentielle". Pas sûr, sinon ça n’aurait eu aucun impact... Mais aujourd'hui il y aurait une vraie demande. Car ce n’est pas tout le monde qui peut suivre des "stages" en présenciel... QUESTION : y aurait il comme à l’époque des créolistes acharnés sur un tel projet ?