L’érudit martiniquais Paul-Henri Ramin, vient d’éditer un ouvrage bilingue tamoul/français et un enregistrement de chants sacrés hindous à l’origine de certains chants tamouls de Martinique et de Guadeloupe.
Lors de l’immigration indienne en Martinique et en Guadeloupe au XIXe siècle, les arrivants hindous débarquèrent avec des livres sacrés : les Postengon[[Postengon, du tamoul standard Puttagam : livre.]]. Il s’agissait d’ouvrages en langue tamoule : recueils de chants, de prières, d’incantations, récits épiques pan-indiens ou régionaux qui contribuèrent à implanter l’hindouisme populaire tamoul en terre créole.
Au fil des générations, ces livres perdirent leur fonction d’outils de transmission du religieux, quand la maîtrise de la lecture du tamoul échappa aux descendants d’immigrants. Ces ouvrages finirent par disparaître, en raison de l’inconscience de leur valeur patrimoniale et du fait de la détérioration du papier dont l’acidité ne résista pas à l’usure des ans. Il en reste cependant quelques-uns, posés pieusement sur les autels de leurs rares propriétaires, objets fragiles à demi effrités, reliques d’un autre temps, quand les anciens savaient lire la langue.
Et vint Paul-Henri Ramin. Martiniquais d’ascendance indienne, Paul-Henri Ramin a voué sa vie au recueil et à l’illustration de l’hindouisme populaire tamoul en pays créole. Pour maîtriser le tamoul, il s’est établi en France et a appris la langue au contact de la communauté sri-lankaise tamoule de Paris. Il s’est parallèlement constitué une remarquable bibliothèque, dépensant sans compter pour faire venir d’Inde des manuscrits et des livres religieux tamouls contemporains de l’immigration indienne en Martinique et en Guadeloupe, collectant aussi des ouvrages sacrés et analytiques en tamoul, anglais et français du XIXe à nos jours, sur l’hindouisme en Inde, aux Antilles, aux Mascareignes. Sa bibliothèque est peut-être le fonds privé le plus riche sur les origines et les mutations de l’hindouisme en société créole. Dans le même temps, Paul Henri Ramin a effectué une série d’enquêtes en Martinique et en Guadeloupe, à la recherche de fragments de textes tamouls reproduits oralement de génération en génération dans les pratiques cultuelles de ces pays.
Il tira de ses enquêtes le constat que certains de ces énoncés toujours vivaces provenaient du corpus du Mariyamman Talattu (Berceuse de Mariyamman), recueil de chants à la déesse tutélaire de l’hindouisme des villages tamouls mais aussi des hindouismes de Martinique, Guadeloupe, Réunion. Paul Henri Ramin confia alors la traduction française de cet ouvrage à Mme S. Madanacalliany, traductrice tamoule de Pondichéry. Il fit en outre procéder en Inde à l’enregistrement intégral des chants du Mariyamman Talattu par le chanteur pondichérien P. Gnanaraj et son orchestre.
Cet ouvrage bilingue et son enregistrement en triple CD sont aujourd’hui disponibles. Fruit de l’érudition de Paul Henri Ramin, de sa quête des traces laissées par l’Inde dans nos sociétés et de leurs origines, ce livre est de fait un nouveau postengon. L’édition bilingue, l’écriture du texte tamoul en alphabet tamoul mais aussi en alphabet latin, les annotations, le support acoustique qui l’accompagne, en font un outil accessible, intelligible, dont l’objet est de contribuer au renouveau de l’hindouisme dans les milieux concernés. Diffusé au sein des groupes hindous de Martinique, Guadeloupe et Réunion, ce livre et son CD s’adressent aussi à tous ceux que les marques de l’Inde dans ces pays intéressent.
Berceuse de Mariyamman, de Shanmuganandan Madanacalliany et Paul-Henri Ramin, ouvrage bilingue tamoul/français et enregistrement en tamoul (triple CD). Livre : imprimerie Mother’s Grace Offset, Pondichéry, 182 p., 2006. CD : orchestre de P. Gnanaraj, St-Xavier’s Communication studio, Pondichéry, 2006. Livre et CD disponibles à : Association GRPI, Paul-Henri Ramin, 10 rue des Pinsons, 77360 Vaires-sur-Marne, France.
Voir article sur Paul-Henri Ramin Ici : https://www.montraykreyol.org/article/expert-martiniquais-du-tamoul-paul-henry-ramin-nous-a-quitte
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Les propos de Crusol sont gravissimes .C'est néanmoins une analyse originale qui mérite qu'on s'y Lire la suite