Il est temps !

Félix Ozonne

Le temps de la science n’est pas le temps politique et malheureusement en cette période politique, la politique a pris la main et impose son calendrier d’intérêts. De nombreux scientifiques ont choisi la voie politique pour s’exprimer et donc de dévoyer leur science à des fins électorales.

Dans l’histoire des soins, des périodes d’incertitude jalonnent son évolution et ont démontré qu’il était possible, en restant serein et pragmatique de construire ensemble une prise en charge des situations compliquées pour aboutir à un résultat.

L’avènement du SIDA dans les années 80 (En tout cas en Martinique) avait replacé tous les soignants, tous corps de métiers confondus dans une logique d’apprentissage commun qui a permis de :

  • Rassurer les soignants dans leurs exercices
  • D’adapter ses pratiques et de s’adapter aux patients
  • D’établir un dialogue formateur entre soignants et soignés….

D’autres situations sanitaires ont émergé et chaque fois la fonction soignante a appliqué les mêmes principes pour s’adapter et apporter une réponse à la société.

Des controverses et des affrontements, il y en a eu puisque c’est ainsi que la société évolue. Cela permettait d’explorer d’autres voies, d’autres moyens mais l’objectif de la prise en charge optimale demeurait l’axe fondamental.

Dans cette démarche, le corps médical était décideur en concertation avec les équipes paramédicales et les administratifs. Ainsi, nous avons pu faire face ensemble à bien des situations difficiles….

L’avènement du COVID a tout bouleversé :

  • Les politiques prescrivent
  • Les médecins exécutent
  • Il n’y a pas de place pour le doute légitime

Le schéma de soin devient obligation et les expérimentations d’initiatives sont réprimées. La confrontation devient opposition et la coercition s’infiltre jusqu’à dominer la gestion des ressources humaines. Ceux qui s’interrogent, réfléchissent, hésitent ou réclament des explications sont catalogués et sanctionnés.

C’est violent !

Le climat dans les services en pâtit. Les relations entre professionnels dégénèrent en affrontement avec comme référence une règlementation établie… à la hâte. Dans ce milieu où l’on devait rechercher une cohérence objective on se retrouve avec une co-errance où la science fondamentale a disparu au profit des convictions et des croyances. Et on parle de « Violences à l’hôpital » !

Est-ce nouveau ?

L’expression de la violence n’est pas toujours explicite, c’est souvent la perception de l’autre qui la définit. Il est vrai que dans le cas d’espèce, le niveau atteint par le battage médiatique et les mobilisations jamais vues jusqu’alors ébranlent la société.

Chacun s’estime victime dans son exercice alors que les seules victimes sont les malades, tous les malades qui voient leurs prises en charge hypothéquées par les dysfonctionnements hospitaliers mais aussi sociaux.

La gestion du COVID a fait plus de mal que le COVID lui-même.

Contrairement à ce que pensent certains, l’hôpital a toujours été un lieu rugueux, difficile, éreintant et parfois cassant où les équipes réussissent tout de même de belles avancées malgré l’omniprésence d’une certaine forme de violence à tous les niveaux. Ce thème avait d’ailleurs fait l’objet d’une communication lors d’une rencontre de la Conférence des Unions Hospitalières des Antilles-Guyane les 1ers et 02 février 2001 à Tartane…

Après plus d’un an de conflit, il est temps pour chacun de reprendre le chemin vers l’apaisement. La violence d’où qu’elle vienne (ni des autorités par leurs décisions, ni des agents par leurs réactions) ne saurait constituer la voie.

Seule la concertation et la liberté de choix peuvent se révéler être le préalable acceptable. L’exploration de nouveaux chemins ne saurait être interdite.

C’est aussi l’occasion d’avoir une réflexion plus poussée sur l’organisation des soins et la gestion des soignants en période de crise car l’hôpital en Martinique « survit » en crise depuis bien des années.

 

Félix OZONNE

Directeur des Soins Honoraire

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Commentaires récents

  • Jean Crusol : "Première tentative d'un gang du narcotrafic de s'imposer dans le paysage politique et social de la Martinique"

    FARCEURS

    Albè

    24/11/2024 - 08:31

    Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite

  • Jean Crusol : "Première tentative d'un gang du narcotrafic de s'imposer dans le paysage politique et social de la Martinique"

    Albè , mon cher, peut-on mettre...

    Frédéric C.

    23/11/2024 - 23:38

    ...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite

  • Kréyolad 1052: Polo chanté

    Jid, sa vré! Sé lè on mizisiyen ka mò...

    Frédéric C.

    23/11/2024 - 20:10

    ...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite

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