L'Indonésie dans le «chaudron» de la guerre à Gaza

Manifestations massives, risque d'attentats, boycott des produits israéliens, la société indonésienne bouillonne depuis l’attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre et accorde sans surprise un large soutien à la cause palestinienne.

Il n'y a pas de débat. L'Indonésie a choisi son camp et ça n'a pas changé depuis les années 1950 : quoi qu'il advienne, quoi qu'il en coûte, c'est celui de la Palestine. Il y avait des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Jakarta le week-end dernier, avec des drapeaux palestiniens. Il n'y a pas eu de débordements mais des pancartes plus ou moins virulentes à l'égard d'Israël. Et pour la petite histoire, on a pu voir des pastèques un peu partout dans les rassemblements, sous forme de ballons, de dessins, ou d’une simple part de fruit frais brandie à bout de bras.

Avec sa chair rouge et blanche, ses pépins noirs et sa peau verte, la pastèque épouse les couleurs du drapeau palestinien, noir, blanc, vert et rouge. À tel point qu’elle est devenue au fil du temps, et dans le monde entier, l'un des emblèmes de la résistance palestinienne, repris depuis le début de la guerre par une tonne de célébrités et d'influenceurs indonésiens sur les réseaux sociaux.

Buzz

Anecdotique ? Pas tant que ça. Il faut prendre la mesure du buzz qui entoure cette imagerie pro-palestinienne en Indonésie, un pays de 280 millions d'habitants, musulman à 90%, jeune – un tiers de la population a moins de 30 ans – et ne pas négliger ce que ce phénomène viral révèle du sentiment de proximité culturelle, idéologique et religieuse avec les Palestiniens de la bande de Gaza

Bien sûr, la classe politique en joue et l’une des premières sur scène ce week-end s’appelait Retno Marsudui, la ministre des Affaires étrangères, venue clamer que l’Indonésie soutient la lutte du peuple palestinien. Il y avait aussi le patron de la Chambre des représentants, le ministre des Affaires religieuses, celui de la Culture, et tant d’autres qui ne vont pas, à l’image de la Malaisie, autre pays musulman de la région, jusqu'à maintenir des liens publics avec le Hamas. Mais il y a bien consensus à tous les étages sur une question ultra-sensible, celle des relations diplomatiques entre Israël et l'Indonésie.

À ce jour, elles n’existent pas : l'Indonésie ne reconnaît pas officiellement l'existence d'Israël. À l'origine pour des raisons politiques, on se souvient de la conférence de Bandung en 1955, du mouvement des non-alignés, du droit à l'autodétermination des peuples, qui forment encore aujourd’hui la matrice de la diplomatie indonésienne. Jakarta, au nom de l'anti-impérialisme et de l'anticolonialisme, a toujours soutenu les pays arabes contre l'État hébreu.

Il y a bien eu des tentatives, timides, de normaliser les relations avec Israël. Le président Abdurrahman Wahid, un modéré, a tenté le coup au tournant des années 2000. Il s'y est cassé les dents, sa popularité s’est effondrée et il a fini par démissionner sous la pression de la rue qui ne voulait pas entendre parler de normalisation. L’Histoire se répète et l'actuel conflit à Gaza, quelles que soient les horreurs commises par le Hamas, enterre encore un peu plus le mince espoir d’un rapprochement avec les autorités israéliennes.

Connexion utilisateur

Commentaires récents

  • Jean Crusol : "Première tentative d'un gang du narcotrafic de s'imposer dans le paysage politique et social de la Martinique"

    FARCEURS

    Albè

    24/11/2024 - 08:31

    Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite

  • Jean Crusol : "Première tentative d'un gang du narcotrafic de s'imposer dans le paysage politique et social de la Martinique"

    Albè , mon cher, peut-on mettre...

    Frédéric C.

    23/11/2024 - 23:38

    ...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite

  • Kréyolad 1052: Polo chanté

    Jid, sa vré! Sé lè on mizisiyen ka mò...

    Frédéric C.

    23/11/2024 - 20:10

    ...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite

  • "Local", "Traditionnel", "Typique", "D'Antan" "Territoire" et autres euphémismes

    Il y a pire que ça...

    Frédéric C.

    23/11/2024 - 15:38

    ...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite

  • La religion chrétienne serait-elle une religion afro-caribéenne ?

    Avec des ritournelles de vie chère ...

    Veyative

    21/11/2024 - 05:55

    ce sera très drôle! Lire la suite